Chapitre 2

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6 septembre

              Depuis combien de temps suis-je enfermée dans cette chambre, dans ce château qui paraît absorber chaque parcelle de lumière, chaque souffle de vie ? Trop longtemps, me dis-je en frissonnant. Ce soir, je ne peux plus supporter cette captivité. Avec une détermination fragile, je glisse mes bras dans un pull trouvé au beau milieu d'un immense dressing qui ferait pâlir n'importe quelle fashionista. Vêtements griffés à ma taille, sacs, bijoux, diamants, il y a tant de choix que j'en reste bouche bée un instant. Puis, je retrouve mes esprits. J'enfile un jean et des baskets que je trouve au milieu d'une centaine de paires d'escarpins. Je saisis une veste sur un portant et je suis prête à quitter les lieux.

Fouillant dans les commodes et la table de chevet, je me munis d'une lampe de poche.

Je m'avance silencieusement. Les couloirs sont plongés dans une obscurité presque totale, seulement troublée par la lueur vacillante de quelques bougies disséminées comme des phares solitaires dans une mer de ténèbres. Les pièces ouvertes devant lesquelles je passe, sont constituées de doux éclairages. Elles sont ornées de meubles élégants, où des canapés en velours côtoient des œuvres d'art contemporaines audacieuses. Le contraste est fascinant. Les plafonds hauts avec leurs moulures sont illuminés par des lustres en cristal qui ajoutent une touche de luxe. Les grandes fenêtres cintrées sont traversées par l'éclairage des lampadaires extérieurs accentuant la beauté des parquets en bois noble et des tapis aux motifs audacieux.

Mon cœur bat la chamade, résonnant presque aussi fort que mes pas sur les dalles anciennes. J'ai peur. Une peur viscérale, mais la nécessité de fuir est plus forte que tout.

La nuit enveloppe le château d'un voile impénétrable. Dès que je franchis la porte arrière, un frisson glacial me parcourt. La forêt alentour est une masse sombre et menaçante. Ses arbres comme des spectres veillent sur le domaine. Je m'aventure dans le jardin en m'efforçant de distinguer les ombres de la nature des silhouettes qui pourraient surgir à n'importe quel moment. Je suis à l'affût du moindre bruit, du moindre mouvement. La lune, partiellement cachée par des nuages, est ma seule alliée dans cette échappée.

Je me sens presque à portée de la liberté, mon esprit déjà en train de tracer des plans brumeux pour l'après, quand le sol se dérobe sous mes pieds. Un cri file de ma gorge alors que je chute dans un trou. Mon corps heurte les parois d'un cercueil, dissimulé par l'ombre et la végétation. La douleur explose dans mon épaule. Je ne peux retenir une longue plainte. S'ensuit un terrible moment durant lequel je serre les dents pour ne pas être repérée.

Le silence de la nuit est brisé par des pas, lourds et mesurés.

— Non, non, non, me lamenté-je.

Mon cœur s'arrête un instant quand Nathaniel apparaît au bord du trou, flanqué d'un de ses hommes à la silhouette massive et inquiétante.

Le visage de Nathaniel est un masque d'amusement et de mépris.

— Vous pensiez vraiment pouvoir me fausser compagnie, Catherine ? 

Le ton moqueur qu'il emploie me met face à mon échec.

Avant que je puisse trouver la force de répondre, le type à ses côtés disparaît. Il revient et balance le corps encore chaud d'un homme à mes pieds. Le cadavre atterrit avec un bruit sourd, ses yeux grands ouverts fixant les étoiles invisibles à travers le couvert des arbres.

C'est un message clair, une démonstration terrifiante de pouvoir !

Je hurle en m'enfonçant dans un coin du trou qui est en réalité une tombe.

— Arrêtez votre cinéma. Vous en avez vu d'autres. N'est-ce pas ?

Nathaniel se penche légèrement, son regard plongeant dans le mien. Il murmure :

— Cessons de nous vouvoyer maintenant que nos existences sont liées, ma belle Kate. Ça ne te dérange pas que je t'appelle ainsi ?

— Allez au diable ! grogné-je en maintenant mon bras douloureux contre ma poitrine.

Nathaniel ricane en s'accroupissant. Il pointe sur moi la lampe torche qui m'a échappé des mains en tombant.

— Si tu es obéissante et que tu te plies aux règles que je t'exposerai demain, tu auras la vie sauve. Une vie merveilleuse.

— Et si je refuse ? demandé-je prise de haut-le-cœur en posant mon regard sur le cadavre.

Nathaniel se fige un instant avant d'éclairer son visage. Son expression se durcit. Son regard s'assombrit.

— Dans le cas contraire, je ferai de ton existence un enfer, annonce-t-il sèchement. D'aucuns disent que je suis un démon dans le corps d'un ange. As-tu réellement envie de me contrarier, Kate ?

La menace est claire, incontestable. Mon esprit s'embrouille. La tempête de peur, de confusion et de désespoir qui l'assaille me vole un sanglot. Je ne comprends pas comment ma vie a basculé dans ce cauchemar.

— Je ne vous connais pas ? Que me voulez-vous ?! m'époumoné-je.

— Moi, je te connais, Kate, souligne-t-il énigmatique. Nous reparlerons de tout cela plus tard. Deacon te sortira de la fosse d'ici une dizaine de minutes. Le temps pour toi de réfléchir.

— Libérez-moi, immédiatement !

Nathaniel et son homme n'ont que faire de mes exclamations. Ils s'éloignent, me laissant là, perdue et terrifiée dans l'obscurité et le froid avec le cadavre pour seule compagnie.


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Que de mystère qui entoure Nathaniel et Catherine, la pauvre captive.

A très vite pour le prochain chapitre !

XOXO

CAGE DORÉE - PrisonnièreNơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ