STALKER. 24

113 8 0
                                    

- Je t'aime, également.

Du mouvement.
C'est ce qui me sortit de ma rêverie.

Un rêve étant auparavant quelque chose de vécu.
Un rêve, aujourd'hui, dure à revivre.

En ré-ouvrant les yeux, c'est la lumière qui m'accueillit.
Et c'était loin d'être ton visage, comme j'aurais pu me l'imaginer.

Ma tête me tournait.
Je la prenais entre mes mains, comme si quelque chose allait changer.

Je n'en pouvais plus, je ne savais plus quoi penser de cette situation.
De toi, Emma.

Pourquoi étais-tu comme ça avec moi ?
Si rebelle, si désobligeante.
Cela en était agaçant.

Je pouvais concevoir que ce changement, des plus radical, pouvait être dur et te perturber.
Toutefois, il l'était également pour moi.
Auteur de ces actes ?

Avoir une nouvelle présence, ta présence auprès de la mienne.
Devoir m'occuper de ta santé, de ton corps, de ta sécurité même si d'une certaine manière, je m'occupais déjà de toi, Emma, auparavant en te surveillant.

Cette manière de m'occuper de toi me plaisait nettement moins, je ne pouvais pas avoir ce contact.

Tout cela était nouveau pour moi.

Je ne voulais être que là pour toi, et à tes côtés.
Pour ton bien.
C'est ce qui m'importait le plus.

Je reste persuadé qu'il s'agit de ce dur changement qui fait que tu ne te sens pas bien, pour le moment.

Il ne pouvait s'agir que de ça.

À moins que le manque de tes proches pouvaient y contribuer ?
Comme celle de cet Antoine Klein, par exemple ?

Stop.
Il ne fallait pas que je me fasse plus d'idées, surtout en lien avec ce garçon.
En ce moment même, je pouvais l'imaginer peiné, tenant dans l'une de ses mains ton gilet, Emma. Puis dans l'autre, son téléphone dans l'espoir d'avoir de tes nouvelles.

Il pouvait toujours rêver.
Rêver jusqu'à mourir.

Jamais il n'aura l'occasion de te revoir, de te parler, de te toucher, de te sourire, de sentir ta présence.
Plus rien de tout cela, ne lui sera possible.

De me dire cela et de savoir qu'Antoine puisse ressentir ce mal intérieur suite à ton manque Emma, me faisais jubiler.

Jubiler si fort, que je me mis à rigoler.

Rigoler comme un fou ?
Peut-être bien.
Et alors.

Rigoler à en pleurer.
Pleurer de tristesse, de désespoir.
Certainement.
Et alors.

Pleurer à vouloir tout casser, à vouloir ne plus penser, à vouloir tout oublier de moi, de ma vie et de ma possible volonté de futur, à vouloir disparaître.

En ce moment, c'est ce que j'aimerai tellement.
Ne plus être ici.
Dans mon mal ?

Et à propager mon mal-être jusqu'à l'incruster en toi Emma.
Je ne voulais pas ça.

Ce n'était pas ce que je voulais.
Vraiment, je voudrais simplement que tu sois heureuse.
Heureuse avec moi.

Je sortis cette fois-ci de mes pensées, et non de ma rêverie.
Je te fixais, et il en était de même pour toi qui te trouvais quelques peu éloignée de moi, qui me fixait.
Ton regard semblait si lointain, ailleurs.
Tu me regardais sans réellement me regarder, comme si j'étais là, sans être là.

- Emma ?

Tu te re-concentrais vers moi, c'est comme si tes yeux revenaient à la vie.

- Si je te laisse revenir chez toi, comme à ta vie d'avant. Que ferais-tu ?

Vraiment, je veux ton bonheur.

Je t'aime.

Je t'aime pas.  STALKERWhere stories live. Discover now