will the sun go out?( En Auto Édition Sur Amazon )

Chapitre 10 : Recrute faux copain, prince pas tourmenté svp

PDV Hélio

16 septembre, 22h38

Quand je suis rentré, une situation devenue habituelle m'attendait : Arianne et Alex, paisiblement endormis sur le lit d'Alex, leurs corps blottis l'un contre l'autre, la lueur de leur série préférée encore visible sur l'écran. C'était devenu une routine ces derniers jours, les retrouver ainsi déjà plongés dans le sommeil avant même mon retour. La distance semblait s'installer entre nous, mais c'était surtout le poids de l'approche de l'anniversaire de Nick, enfin l'anniversaire de sa mort qui pesait sur moi, me poussant à me réfugier dans le travail.

Le devoir que nous avaient confié nos professeurs de profilage criminel et d'étude de scènes de crimes était captivant. Plonger dans les méandres de l'esprit criminel, analyser les indices laissés sur les lieux de crime, c'était une échappatoire bienvenue pour penser à autre chose, même si les images ainsi que les sites fournis sont gores et malaisants. Je passais des heures au café du campus, absorbé par mes recherches, préférant laisser de côté les distractions de la maison.

Pourtant, malgré ma volonté de me concentrer sur mes études, chaque fois que je vois Alex ravivait en moi une pointe d'irritation. Son bonheur apparent, sa joie de vivre, tout cela me rappelait Nick de manière poignante, faisant ressurgir en moi le vide laissé par sa disparition. C'était comme si chaque éclat de rire devenait un écho de ce que nous avions perdu, rendant encore plus difficile pour moi de faire face à la réalité. Ce n'est pas de sa faute, je ne devrais pas l'éviter sans lui donner d'explication, je ne devrais même pas réagir comme ça mais c'est plus fort que moi.

Fuir pour éviter de souffrir.

Je pose mon sac et m'affale sur mon lit, j'ai besoin de dormir, mon corps est épuisé, mon cerveau aussi et pourtant je n'arrive pas à fermer l'œil depuis trois jours, l'obsession de pouvoir dormir devient un combat interne. Chaque nuit, trouver les bras de Morphée se transforme en une bataille contre l'épuisement. Mes pensées tourbillonnent dans mon esprit, refusant obstinément de se taire même lorsque mon corps crie pour se reposer. Chaque minute qui passe semble être un interminable combat contre le sommeil qui refuse de venir. La frustration grandit, exacerbant l'épuisement déjà présent. Et pourtant, malgré toutes les tentatives pour m'évader dans les bras de Morphée, mes paupières restent obstinément ouvertes, captives des tourments de l'insomnie. Lorsque la fatigue devient accablante et que mes paupières se ferment enfin, c'est le visage de Nick qui se manifeste, son sourire éclatant, ses yeux bleus brillent au soleil. Puis, l'image se fond en un corps enveloppé d'un drap blanc, un corps que l'on m'a interdit de voir. Je n'ai pas pu assister à son enterrement, mais chaque 19 du mois, je me recueille sur sa tombe, le jour de son départ, le jour de son suicide. Tout ce qu'il m'a laissé, c'est une lettre que je garde précieusement, comme s'il était encore là. Ironiquement, je me surprends à penser que je pourrais réciter cette lettre comme un poème, un poème qu'Arianne aurait pu écrire lors d'une de ses nombreuses insomnies. Je me mets à la réciter dans ma tête, espérant pouvoir trouver le sommeil

"Cher Hélio,

Si tu lis cette lettre, c'est que je ne suis plus de ce monde, j'ai sûrement rejoint mon utopie. Il y a quelque chose de réconfortant dans le fait de savoir que, même si nos corps ne sont plus sur la même terre, nos esprits peuvent toujours se connecter à travers les mots.

Te souviens-tu du monde dont je te parlais, lorsque tu venais me voir après les colères de ton oncle ? Un monde où la douleur et le chagrin n'existent pas, où la seule souffrance est un excès de bonheur utopique ? C'est là que je suis à présent, dans ce monde où les étoiles brillent sans se soucier des tourments terrestres, où la tranquillité règne en maître et où chaque instant est empreint de paix éternelle.