Maddie

Bonus 3 - Sainte-Venus

Sally acquiesça.

— C'est pour que chacune puisse ensuite vaquer à ses occupations, expliqua-t-elle. Pour que chacune puisse avoir tout le loisir de se rendre à un rendez-vous romantique, pour celles qui sont en couple. Ou de faire la fête avec d'autres personnes. Éventuellement du sexe opposé...

Sally lui adressa un clin d'œil. Rachel pouffa.

— Tu n'annules jamais d'entraînement, nota Cassie.

C'était totalement vrai. Sally ne l'avait jamais fait depuis la création de l'équipe. Mais pour ce jour-là, elle avait décidé de faire une exception. Elle avait besoin d'être entourée de personnes importantes pour elle. Et personne ne l'était plus à ses yeux que les membres de l'équipe des Venus avec qui elle passait le plus clair de son temps.

— Profite, répondit Sally avec un sourire. Ça ne se reproduira pas de sitôt !

Rachel se mit à racler le sol avec son pied, d'un geste machinal, Sally crut que Cassie allait se jeter sur leur amie. Elle retint un éclat de rire. En plus, Rachel ne cessait pas de mastiquer bruyamment, ce qui ne manqua pas d'exaspérer profondément Cassie. Sally voyait le moment où l'une se jetterait sur l'autre, se transformant en animaux sauvages comme dans le film Mean Girls. Sally lâcha un éclat de rire à cette pensée, suscitant la curiosité de ses deux amies. Elle fit un signe de la main que ce n'était rien, elle se gardait bien de leur expliquer la cause de son hilarité.

Pendant l'après-midi, Sally reçut les confirmations de ses coéquipières. Toutes acceptèrent. L'équipe serait donc au complet chez elle, pour la fête qu'elle avait intitulé « Sainte-Venus » en référence au nom de leur équipe.

À la fin des cours, Sally se hâta de rentrer chez elle. Elle voulait s'assurer que tout serait fin prêt pour l'arrivée de ses amies. Elle passa le portail de sa luxueuse propriété, roula au pas sur l'allée de gravier blanc avant de se garer devant le perron. Elle claqua la portière, gravit les marches et entra dans la vaste villa. Elle jeta un œil dans le grand salon, personne. Elle sourit en découvrant la décoration, ses employés de maison avaient fait du beau travail. D'énormes ballons rebondissants étaient dispersés partout, des cœurs en feutrine géants pendaient du plafond et des coussins en forme de cœur étaient disposés sur les canapés. Sally avait prévu d'en offrir un à chacune de ses coéquipières, en souvenir de ce moment passé toutes ensemble.

Elle gagna la cuisine et y retrouva la gouvernante, Marthe, s'affairant devant les fours. Une douce odeur de pâtisserie emplissait la pièce. Marthe leva la tête et aperçut Sally.

— J'ai presque fini, mademoiselle.

Sally hocha la tête en la regardant. Marthe était vêtue de son traditionnel uniforme blanc et noir, ses cheveux étaient relevés sur le haut de sa tête dans un chignon strict et son visage était pâle, ses yeux marqués de cernes, certainement causés par la forte charge de travail que Sally lui avait confiée pour préparer la réception de ses coéquipières.

— Très bien, fit Sally. Je monte me changer.

Elle fit volte-face, traversa le hall et grimpa l'escalier en marbre. Elle fit un crochet par sa salle de bain et prit une douche rapide. Entourée d'une serviette, elle atteignit sa chambre et se dirigea vers sa penderie. Elle s'attarda devant, hésitant entre deux robes avant de s'arrêter sur celle rouge vermillon qu'elle enfila devant sa grande glace.

Cette couleur mettait en valeur ses longs cheveux blonds qu'elle laissa libres autour de ses épaules. Elle se regarda un instant dans le miroir, satisfaite du résultat, avant de jeter un œil, par réflexe, sur son bureau, là où sa mère posait ses mots quand elle en laissait. C'était son mode de communication depuis quelque temps. Son père, c'était encore autre chose, il ne lui parlait carrément plus. Sally ne savait pas ce qu'elle avait fait pour que ses parents se détournent ainsi d'elle, mais elle préférait ne pas creuser. C'était plus simple, c'était son moyen de se protéger. Car ce que l'on ignorait ne pouvait blesser.