Mal masquées

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Devant ton visage impassible, devant ton sourire invisible, je bute.
Devant tes appels indicibles, devant tes paroles irascibles, je bute.
Au delà, loin, loin de nos esprits de chagrin, les corps dansent et se serrent, les corps dansent et s'enserrent.
Repond moi répond moi répond moi répond moi s'il te plait.
Je sais que tu es triste.
Que cherches tu dans la foule ?
Qui ?
Je sais pourquoi tu es si triste, je l'ai vue aussi.
Et à côté dans mon désespoir, je scrute le moindre mouvement, le moindre visage connu, le moindre regard : je cherche avec toi. Nous sommes des chercheuses de noms, des chercheuses de mots, des chercheuses de bouches et d'yeux doux.
Tout ce(ux) que je trouve sont des lettres éparpillées qui ne veulent rien dire.

Parfois, on plonge. On se noie dans la masse, avalées par le silence trop bruyant qui nous entoure, les vagues nous heurtent, on y résiste, mais nous sommes trop faibles, elles nous frappent, nous rouent de coups, je ne peux plus respirer, l'eau pénètre mes poumons, et la détresse, et la détresse et la détresse...
De l'air !
Ne pas vouloir viser trop loin. Rester à la surface. Nager sagement. Sois sage. Pourtant, je le sens au fond de moi, cet empressement, cet appel de rage.
Rage : mordre, griffer, frapper, hurler, bouger, torturer,  vivre. Faut il que j'enrage pour vivre ?
Sois sage.
Dois je me battre avec la vie ? Me battre pour la vie ?

Après, bien après (et même si nos évitements le suggeraient alors)
Tu me dis simplement : "merci".
Quand tu me dis "merci", j'ai l'impression que je gâche ta vie.

Expériences - prose et vers libresWhere stories live. Discover now