Clair de lune

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Les étoiles se dévoilent au clair de lune, en tâches colorées de synesthètes, en étincelles immobiles.
Le filtre du soleil s'en va comme un rideau de théâtre et le spectacle s'ouvre sur un manteau noir et chaud ; rassurant.
La lune surgit doucement, lentement, très doucement...pour ne pas effrayer ses enfants les hommes. Chut ! Ils s'endorment. Leurs esprits ont déjà rejoint les lointaines contrées des songes. Ils n'ont pas à s'inquiéter ce soir : les âmes des défunts veillent sur eux, milliers de lanternes rondes et pleines scintillant avec espièglerie.
Mais n'oublions pas leur sagesse –oui, leur sagesse– car ils sont la mémoire des temps anciens (ceux justement dont rêvent les hommes en ce moment, tentant d'oublier les affres de leur propre époque) et les observateurs permanents du monde : ils éclaireront notre chemin mieux que quiconque.
Écoutons les ; voyons les donc ! Qu'ont-ils à dire dans nos songes ?
La blancheur de la lune est faite uniquement de pureté. Une pureté gracieuse, fragile, malade. C'est un triste reflet du monde. Mais il est certainement beau, car c'est un reflet de tes yeux. Tes yeux si doux, qui regardent sans cesse si loin vers l'horizon, qui déchiffrent la mer.
Comment fais tu pour voir si loin ?
Comment ? Est ce la lune qui t'apprend les marées ? Les sages étoiles qui sont tes phares ?
La lune maintenant t'a entouré d'un halo blanc, un halo faible de lueur blafarde, un halo de brume.
Il danse, s'élève et descend, tourne autour de ton corps figé. Seuls tes yeux, les étincelles à l'intérieur, cabriolent joyeusement devant la mer : la mer bleue, la mer noire, le ciel bleu, le ciel noir. Tout se confond.
Et je t'entrevois seulement lorsque tu es emporté par le brouillard, aspiré par la lune elle même, pour rejoindre les tiens : les astres immortels et immobiles. Les sages.
Va, petite étincelle, va ;
Je sens que le sommeil m'emporte.

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