Métro

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Cet endroit insalubre où s'échouent café et nourriture, c'est mon domaine. Ce tunnel mouvant, cette chenille électrique. Le doux roulis des rails métalliques. Les faibles Led imitant piteusement les rayons du soleil. C'est ici que je vis. Dans l'aquarium où les gens se noient chacun sur leur rectangle blanc. Certains possèdent d'étranges objets, faits de pâte de végétaux écrasés, applatie sur un tamis. Ces produits manufacturés désuets, sur lesquels on a encré de mystérieux symboles, ont en effet été remplacés par de fines et petites surfaces blanches et lumineuses, gravées des mêmes signes incompréhensibles.
Que le monde est bigarré ici !
Les couleurs et les hommes se mêlent et s'entremêlent dans un brouhaha ténu.On se regroupe autour des arbres de l'équilibre, on s'avachit sur des canapés de  velours rouges et inconfortables, on se bouscule, on s'épie, on sort, on rentre ; c'est la routine... Chacun est isolé, pourtant chacun se touche. C'est le lieu de réunion de l'ensemble et de la personne, de la foule et de l'unique, de la cohésion et de l'individualisme. Tout y est inconnu en étant familier.
C'est aussi un endroit rythmé, qui selon une cadence précise, minutée, rigoureuse, avance et s'arrête, s'élance puis regrette. Une boîte à musique aux mélodies sourdes et monotones à donner la migraine. Un objet fin, allongé, rapide, fonçant sans cesse vers une proie invisible, encore et encore. Et le petit animal souterrain reste dans son terrier, sans besoin de lumière, pour toujours.

Expériences - prose et vers libresWhere stories live. Discover now