Chapitre XI : Le chant de la résilience

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Lyra se prépara à partir en ville, revêtant la robe qu'elle portait le jour de son arrivée et qu'elle venait tout juste de récupérer. Avec minutie, elle veilla à ce qu'il ne reste aucune trace de boue.

Cette robe lui fit penser au domaine et à Nalira. Toujours sans nouvelles de son amie Alis depuis son arrivée, elle se consacrait entièrement à la situation de la famille Prerya, tout en gardant une pensée tendre pour la petite fille. Plus tard dans la matinée, Elwynn vint la chercher, il fit préparer son cheval qu'on amena devant la porte principale. Il monta en premier puis aida la jeune femme à monter derrière lui.

Lyra, en grandissant avec les enfants Prerya avait appris beaucoup de choses, mais jamais à monter à cheval, chose qu'il lui arrivait souvent de regretter. Dans un monde aussi vaste, un moyen de locomotion comme un cheval offre une porte sur le monde.

Comme ils en avaient convenu, Lyra descendit à proximité de la librairie. Elwynn lui adressa quelques indications avant de reprendre la route.

« Je serai sûrement de retour en fin de matinée. Salue Monsieur Paginaut pour moi s'il te plaît.

- Je le ferai, à tout à l'heure, Elwynn. »

Elle lui adressa un sourire encourageant, elle savait que son ami s'apprêtait à expliquer le malheur qui s'abattait sur sa famille aux Hermely, à ce moment précis, elle fut assaillie par des remords : aurait-elle dû l'accompagner pour lui offrir son soutien ?

Lyra entra dans la boutique de Monsieur Paginaut en faisant sonner le petit carillon. Comme cela m'avait manqué ! pensa-t-elle.

Le vieil homme releva la tête et, d'un geste, remit ses lunettes correctement. Un sourire illumina son visage.

« Lyra ! Elwynn m'a prévenu que tu étais de retour à Parnassie, je n'espérais pas te voir si tôt !

- Bonjour, Monsieur Paginaut, je viens récupérer les livres pour Joran et j'étais également impatiente de vous rendre visite.

- Oui, les livres, tiens ils sont juste là, posés sur le meuble derrière toi, il indiqua d'un geste un petit sac contenant les ouvrages soigneusement emballés. Quelle bonne surprise de te voir ici.

- C'est appréciable de voir que rien n'a changé ici, tout est comme avant mon départ, dit-elle en regardant autour d'elle.

Le libraire laissa échapper un petit rire.

- Viens donc t'asseoir. Je viens de préparer du thé à la lavandia.

Lyra prit place sur l'un des petits fauteuils en cuir réservés habituellement aux clients. Monsieur Paginaut revint de l'arrière-boutique avec un petit plateau en bois sur lequel étaient déposées une théière et deux tasses blanches.

- Le temps est doux, mais rien ne saurait rivaliser avec le réconfort d'une tasse de thé, n'est-ce pas ? dit-il, un sourire triste flottant sur son visage.

- Oui, vous avez raison.

- J'étais surpris de voir Elwynn l'autre jour. Il n'était pas revenu depuis ton départ. Cela m'a un peu contrarié d'ailleurs. Ce sont les gens du voisinage qui m'ont appris pour la maladie du jeune Joran.

Lyra ignorait qu'Elwynn avait évité la librairie tout ce temps. Monsieur Paginaut poursuivit :

- Le pauvre garçon, il semblait dissimuler une profonde tristesse lorsque je l'ai vu. Je n'ai pas osé l'interroger. Toi qui es installée chez eux, peux-tu me dire si la situation est aussi grave qu'on le dit ?

- J'ai bien peur que oui, malheureusement...

- C'est bien triste, si jeune... Comment vont le baron et la baronne ? On dit que c'est désormais Elwynn qui s'occupe de toutes les affaires familiales, le baron en étant incapable en ces temps troublés...

Le Chant De La PluieWhere stories live. Discover now