Le Chant De La Pluie

Chapitre IV : Échos du Passé

Dès le lendemain, Lyra fit la connaissance des autres membres du personnel : les majordomes, les cuisiniers, les jardiniers et les autres femmes de chambre. Elle était impressionnée car, chez les Prerya, le personnel n'était constitué que d'une poignée de domestiques. On la dirigea rapidement auprès de Janel, la première femme de chambre et dame de chambre personnel de la mère du Comte. Elle lui attribua ses premières tâches.

Lyra se plongea dans son nouveau travail, s'efforçant de se familiariser avec les rouages de la maison. Elle fit rapidement la connaissance d'Alis, elle aussi venait d'être embauchée en tant que nouvelle femme de chambre. Leurs regards se croisèrent alors qu'elles étaient en train de s'occuper de leurs tâches respectives et un sourire timide passa entre elles, créant un lien instantané de compréhension mutuelle.

La première semaine fut ardue pour Lyra, car elle devait apprendre rapidement les attentes et les tâches qui lui incombaient en tant que femme de chambre. Elle observait attentivement les autres domestiques pour comprendre les règles non écrites et s'adapter au rythme soutenu de son nouveau travail.

Madame Ordonon était connue pour son strict sens de l'ordre et sa discipline rigoureuse. Chaque erreur, même la plus minime, n'échappait pas à son attention et elle n'hésitait pas à réprimander sévèrement celles et ceux qui ne répondaient pas à ses attentes. Alors qu'Alis semblait déjà avoir une connaissance intuitive des codes du métier de femme de chambre, Lyra était particulièrement sujette à l'œil vigilant de l'intendante. Chaque faux pas était relevé et commenté et elle était souvent rappelée à l'ordre devant les autres domestiques. Ainsi, les premiers jours furent épuisants, entre les tâches exigeantes et les remarques cinglantes.

Tous les soirs, une fois le travail terminé, Alis et Lyra se retrouvaient dans la chambre de cette dernière. Assises près de la fenêtre, à la lueur douce d'une bougie, elles partageaient les récits de leurs vies respectives, laissant les mots s'écouler librement. C'est ainsi que Lyra en apprit plus sur sa nouvelle amie :

« J'ai toujours vécu à Aédorval, dans un petit village à quelques kilomètres d'ici. Venir travailler dans ce domaine a toujours été un rêve pour moi. Cependant, je ne pensais pas que ça serait si difficile de quitter ma famille. Ils n'habitent pourtant pas si loin, mais j'ai l'impression de les avoir abandonné. Ma mère est malade et j'ai peur que mon père peine à s'occuper de la ferme et de mes deux sœurs.

Écoutant attentivement, Lyra ressentait les émotions qui se tissaient dans les mots d'Alis. Elle comprenait le dilemme qui étreignait la jeune femme.

- Je peux comprendre tes craintes, dit Lyra doucement, son regard empreint d'empathie. Il est difficile de laisser derrière nous les gens que nous aimons.

Après avoir achevé sa phrase, Lyra se rendit compte que ses mots faisaient écho à sa propre situation. Elle poursuivit :

- Tu as accompli ton rêve en venant ici, je suis persuadée que ta famille est fière de toi.

Un sourire triste traversa le visage d'Alis.

- Merci, Lyra. Tu sais, je suis heureuse d'avoir trouvé une amie, j'avais peur d'être seule en arrivant ici. C'est un soulagement de pouvoir partager mes sentiments avec toi... Chez moi, je confiais tout à ma sœur cadette. Elle ajouta la voix chargée d'émotions. C'est ma plus grande confidente...

Lyra pensa alors à Elwynn, c'était lui son confident à Parnassie, il semblait si loin désormais. Un vide douloureux se creusa dans son cœur, elle se rendit compte à quel point il lui manquait.

Un moment de silence paisible enveloppa la pièce alors que les flammes de la bougie dansaient doucement, projetant des ombres chaleureuses sur les murs. Finalement, Alis se tourna vers Lyra, un sourire timide éclairant son visage.