15. Départ

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Le sol se déroba sous les pieds de Maelle et elle dû se retenir au bureau. Les vitres vibraient sous l'impact d'énormes gouttes de pluie qui les martelaient.

- Un orage ? s'étonna la jeune fille.

Les gouttes de pluie étaient si sombres qu'elles obscurcissaient la vue sur les toits de Paris. Elles se collaient à la paroi des fenêtres et se mirent à créer un mouvement circulaire formant une spirale noire au centre de laquelle apparut un rond opaque. Le plancher continuait à trembler, les livres tombaient des étagères, empêchant Maelle et sa tante de se déplacer sans risque.

Le tremblement du sol se réverbérait dans tout son corps. Katya arriva, paniquée. Bidule se tenait sur le haut de sa tête et poussait de petits « bi » affolés.

- C'est une attaque ! son index se tendit vers la ténébreuse spirale.

Lyne se tourna vers sa nièce :

- Je crains que ton départ ne doive être imminent, elle la serra dans ses bras.

Une étreinte chaleureuse et bienvenue qui calma un tant soit peu le cœur battant de Maëlle.

- Je t'aimerai toujours, Maëlle, ne l'oublie jamais !

- Moi aussi, ne l'oublie pas ! répondit-elle alors que les larmes lui montaient aux yeux.

- Quoiqu'il arrive, je viendrai te chercher sue Eterae. Ta mère sait se défendre, nous sommes destinées à la retrouver, sois en certaine. Ne doute jamais ni de notre amour ni de notre famille, jure-le.

- Pourquoi dis-tu cela ?

- Quoique te disent les gens de Eterae, quoique tu entendes sur Anissa et moi-même, nous sommes heureuses des choix que nous avons fait et de la vie que nous menons avec toi. Tu es notre trésor le plus précieux. N'oublie jamais !

- Promis ! elle serra sa tante jusqu'à en oublier de respirer.

- Je te la confie, Katya. Jure de veiller sur elle et de la conduire au Sage Rouge.

La guerrière leva sa main, paume vers Lyne et tira sur la manche du pull coloré, dévoilant son poignet sur lequel un tatouage d'étoile dorée au centre d'un croissant de lune azur était tatoué.

- Parole de Limiteuse ! dit-elle avant d'agripper l'encadrement de la porte pour ne pas tomber.

- Une Limiteuse... Tout s'explique ! mumura Lyne pour elle-même.

Soudain, le rond noir au centre de la spirale dessina un œil gigantesque sur la fenêtre et sa prunelle se posa sur les trois femmes en se déplaçant de droite à gauche pour scanner l'intérieur de la petite chambre. Un bruit sourd vrilla leurs tympans.

- Je ne peux pas ouvrir de portail ici, cria Katya tandis que Maelle toujours en équilibre instable essayait de ne pas tomber. Nous devons sortir !

Les gouttes d'eau aussi sombres que l'onyx se mirent à suinter des fenêtres et pénétraient à l'intérieur de l'appartement comme l'eau à travers un tissu. L'onde se fit aiguë et insupportable, l'œil qui les fixait devenait rouge et orangé.

- Prenez les escaliers de secours de l'immeuble vers le toit ! cria Lyne en poussa Maelle vers le couloir. Je m'occupe de l'œil !

- Mais Tante Lyne, protesta Maelle.

- Je peux m'en sortir, mais pas si tu restes ici. Pars ! elle l'embrassa une dernière fois avant de se retourner vers l'œil et de faire apparaître un arc blanc dans sa main et une flèche de l'autre. Elle visa l'œil.

Katya attrapa la main de Maëlle et elles se précipitèrent dans le couloir. Maelle eut juste le temps de prendre au passage son sac de cours qu'elle avait laissé près de la porte d'entrée. Elles sortir de l'appartement et foncèrent vers la cage d'escalier. Le tremblement de terre avait cesser, mais Maelle soupçonnait qu'il était produit par l'œil et ne faisait effet que dans leur appartement. Lyne était seule ! Un goût amer tapissa la bouche de Maelle alors qu'elle suivait Katya dans les escaliers de secours, montant rapidement les marches jusqu'au dernier étage. Une porte coupe-feu les bloqua pour sortir sur le toit. Katya donna un coup de pied dedans et elle se retrouvèrent en haut de cette tour moderne. La capitale s'étendait à leur pied. La silhouette de Tour Eiffel au loin se découpait sur un fond doré de lune pleine.

- Où allons-nous trouver un portail, ici ? sinquiéta Katya.

Maelle n'en avait aucune idée. Elle ne savait pas ce qu'elle devait chercher, jusqu'à ce son regard se pose sur le sol.

Une immense fresque avait été peinte sur le béton brut. Un décor de forêt sauvage dans des teintes rouges et ocre s'étendait comme un tapis sous leurs pieds. La jeune fille reconnu aussitôt le style coloré et éthéré des tableaux de sa mère. Elle avait peint une toile gigantesque sur le toit de leur propre immeuble. Pourquoi ?

- Et si, Maelle tendit son index vers la cime des arbres écarlates, c'était notre indice ?

Katya sourit en sortant une pièce ovale de sa poche.

- Ce n'est pas un simple indice, elle lança la pièce d'argent a dessus de la fresque. C'est un portail !

La pièce se mit à léviter puis fila comme le vent et délimita les bords de la forêt peinte. Des murs de lumières roses en jaillirent. A travers eux, la forêt se matérialisa à la verticale comme un mirage. Les troncs sombres cachaient la vue des toits et de la tour Eiffel. Les arbres étaient si hauts que Maelle n'en voyait plus la fin.

La pièce finit de faire le tour du tableau et revint vers les filles. Elle se tourna à la verticale. Un trou en forme de serrure apparu en son centre. Elle se mit à scintiller et une porte apparut sur le mur de lumière.

- Allons-y ! Katya tendit sa main vers Maëlle. Es-tu prête ?

- Non, avoua Maëlle. Mais je ne peux pas attendre de l'être. Je sais que c'est la seule solution.

- Lyne s'en sortira, dit doucement Katya. Elle est forte.

- Oui, le cœur de Maelle battait à tout rompre de peur pour sa tante, de crainte quant à l'état de sa mère disparue, d'anxiété quant à ce qui l'attendait derrière cette porte. Nous le sommes aussi !

Elle prit la main de Katya et, ensemble, elles traversèrent la porte de lumière.

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La suite bientôt !
J'espère que ça vous plaît toujours 😉

La cité miroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant