Que voulez-vous ? C'était ma vie à présent. Ainsi, j'avais précisé aux garçons, que je cornerais chaque lettre en bas à droite. S'ils en recevait une non-cornée : l'Hibou aurait été intercepté, la lettre lue, et remis dans un parfait état pour atteindre son véritable destinataire.

"Lesquels n'étaient pas cornés ?" Demandai-je en me mordant distraitement la lèvre.
"Toutes. Sans exception."
Trente-cinq. C'était le nombre de missives que j'avais envoyé à Ominis. J'en avais reçu tout autant. "Pas étonnant." Soupirai-je.

Ma main trouvait mes cheveux pour jouer nerveusement avec eux.  Je savais que le Ministère serait mis au courant tôt ou tard durant l'été. Mais dès le début ? Heureusement que nous n'avions jamais parlé des sujets épineux, fâcheux. Ceux qui devaient être oubliés. Ceux qui devaient rester secrets.
"Puisque les professeurs ont été mis au courant, ce n'est pas étonnant effectivement." Lachait Ominis confirmant mes pensées.

Les professeurs de Poudlard, savaient effectivement, que j'avais un don particulier depuis la bataille qui avait eut lieu dans les sous-sols de Poudlard. Une bataille qui avait coûté la vie au professeur Fig. Quel homme sage et fougueux toujours prêt à l'aventure. Les cours ne seront plus les mêmes sans lui.

"Cette année, nous devrions n'en parler que dans la crypte à l'avenir. C'est le seul endroit où nous sommes sûrs d'être en sécurité et à l'abri d'oreilles indiscrètes." Déclarait Ominis pour mettre fin à cette conversation qui pourrait s'avérer dangereuse.

Un silence s'installa alors entre nous tandis que nous réfléchissions. Perdue dans mes propres pensées, je me laissais vagabonder sur les résolutions que j'avais prise pour l'année à venir.
Premièrement, ne jamais, et sous aucun prétexte, utiliser la magie ancienne. À présent que j'en connaissais la dangerosité, son pouvoir dévastateur et surtout mon lien avec cette dernière... Les conséquences pourraient être tragique si je l'utilisais. En tant que gardienne, je n'étais que détentrice du secret. Ça doit en rester là.
Deuxièmement, surveiller notre ami commun avec Ominis, et l'éloigner de la magie noire. Le plus possible. Moi-même, je m'en étais trop approcher en apprenant les sortilèges impardonnable sans même les avoirs utilisés. Une fois qu'on les connaissait, une fois qu'il y avait la volonté nécessaire derrière le sort, pencher du mauvais côté étaient tentant.
Dernièrement, vivre enfin la vie d'une élève de Poudlard. Hors de question de me laisser embarquer dans la recherche d'un nifleur égaré par sa propriétaire ni même de résoudre les énigmes d'un vieux sorcier, désolé Merlin, et encore moins de m'aventurer dans la forêt interdite.
Si elle était interdite, c'était pour une raison. Trop de fois j'ai manqué d'y laisser ma peau.

"Ton parfum." La voix d'Ominis résonna, brisant le fil de mes pensées. Je relevai les yeux pour rencontrer son visage, scrutant chaque détail dans la pénombre du compartiment. Un faible sourire narquois étira ses lèvres, laissant entrevoir une malice familière. Sa présence était comme un rappel que, même au cœur de cette magie et d'une aventure nouvelle, le mystère l'entourant persistait, accentué par ce sourire qui semblait porter les secrets d'un monde auquel je m'intégrais à peine."Tu m'a demandé comment, sans baguette, j'ai su que c'était toi. Je te réponds que c'est grâce à ton parfum."

Mon parfum ? Je clignait des yeux, hébété mais soulagée qu'il ne puisse pas voir le rouge qui me montait aux joues. Tasha ressaisit toi.

"Tu es plein de ressources, Gaunt." Un sourire plus charmant s'étirait sur ses lèvres dès la fin de ma phrase.
"Je sais." Finit-il par dire dans un soupir et s'adossant plus profondément dans son siège, croisant les bras sur son torse.

J'observais alors Ominis, qui fermait les yeux comme prêt à s'endormir. Il n'avait pas son uniforme de Serpentard, et la vérité me frappait. C'était la première fois que je le voyais habillé autrement. Tout, dans ses vêtements, respirait l'aisance financière et la position de sa famille au sang-pur. Une chemise à jabot, un nœud papillon, une veste en tweed et des boutons de manchettes en laiton. C'était un autre milieu.
Un milieu puissant auquel la pauvre orpheline que j'étais n'était pas habituée. Je n'étais pas non plus habillé de haillons mais faisais pâle figure avec ma longue jupe bleue et ma chemise beige estampillée sur le col et la poitrine du blason du pensionnat.

"Je te sens m'observer, Momo." Ce surnom lié à mon deuxième prénom, Morgana, me faisait grincer des dents. "Profite du trajet pour dormir un peu, et non je n'arrêterais jamais de te donner ce sunom, j'aime t'entendre grincer des dents. Pauvre Pouffsouffle impuissante que tu es." Les mots sifflèrent avec une perfidie amicale, Ominis se révélant comme le Prince des Serpentard qu'il était.

Choquée par tant de violence, à peine dissimulée dans un rire taquin, je restais béate un instant avant de lui lancer un oreiller qu'il écartait d'un geste vif de la main. Pas fou l'aveugle : Tous ses autres sens, étaient accrus, en éveil constant. L'ouïe, l'odorat, le toucher et cette maudite hypersensibilité aux flux magiques et autres vibrations. Heureusement qu'il était incapable de lire dans les pensées. Une consolation dans cette proximité étonnante avec quelqu'un dont la perception du monde différait autant de la mienne.

Parce que si c'était le cas, il saurait qu'avant de sombrer dans le sommeil, mes pensées s'attardaient sur un visage qui me manquait. Celui de Sebastian qui n'était pas avec nous, puisqu'il vivait à seulement quatre kilomètres à pied de Poudlard. Nous le verrions durant la cérémonie de répartition. Cependant, même à ce moment, je le verrais de loin, car une Pouffsouffle ne pouvait pas s'asseoir à la table des Serpentard lors des dîners. Il me faudra patienter jusqu'à demain matin avant de le voir et surtout de lui parler.

J'anticipais déjà la conversation, me demandant comment il allait. J'imaginais assez qu'il ne soit pas au mieux de sa forme, vivant désormais seul depuis le départ de sa sœur et la mort de son oncle. Il n'avait répondu qu'à très peu de mes lettres, quatre sur trente-cinq,  au contraire d'Ominis qui avait pris soin de répondre à chacune d'entre elles. Ominis qui devait utiliser sa magie pour lire et écrire, qui faisait plus d'efforts que n'importe qui pour tenter de vivre une vie normale. Répondre à une amie pendant les vacances estivales, n'est-ce pas ce qu'il y a de plus normal ? Mes interrogations persistaient tandis que je sombrais dans le sommeil, accentué par les contrastes de leurs vies. Comment deux hommes aussi différents, pouvaient-ils être si inséparables ?

Les épreuves forgent les plus salvateurs et destructeurs liens d'amitiés.

Lequel serait sauvé, et lequel serait détruit ?

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