Chapitre I

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"Par la barbe de Merlin, Ominis où es-tu ?"

Un souffle de frustration traversait mes lèvres tandis que mon regard s'attardait sur chaque visage qui emplissait la gare de King's Cross.
Londres était une ville foisonnante de moldu imbus d'eux-même, qui ne prenaient même pas la peine de répondre à vos questions. Pourtant si vous réussissiez à obtenir l'attention de l'un d'eux, il vous riait au nez, s'esclaffait et déclarait d'une voix forte "La voix 9 3/4 ? Ça n'existe pas."

Je comprenais pourquoi Ominis m'avait enjoint de le rejoindre directement m'évitant la recherche hasardeuse du Poudlard Express. Mais par Merlin, chercher un aveugle dans cette foule grouillante n'était pas aussi simple qu'on pourrait le croire. S'il y a deux ans, on m'avait prédit que je me retrouverais là, le 1er Septembre 1892, en quête d'un train magique et d'un ami sorcier au milieu d'une gare, j'aurais balayé cette idée d'un haussement d'épaule incrédule.

Sur le quai numéro neuf, je me perdai dans la contemplation des pancartes censées être indicatives lorsqu'une voix bien familière sortit mes pensées de ce labyrinthe de l'enfer.

"Ah ! Te voilà enfin Tasha. Même un troll est plus ponctuel." Je me tournai surprise, mon regard se posant sur cet ami adossé à un mur de pierre.

"Bonjour à toi aussi, quelle amabilité. Sans vouloir t'offenser Ominis, tu n'as même pas ta baguette pour t'aider, comment tu as..." Commencai-je avant d'être coupé par un sifflement traversant ses dents.
"Les questions plus tard. Nous sommes en retard. Par ta faute."

Un sourcil réprobateur se haussait sur mon visage tandis que je m'approchais de lui. Avant même que je puisse exprimer ma confusion quant à ses instructions ambiguës, sa main saisit fermement mon bras. Sans laisser place à la réflexion, il m'attirait contre lui, et le mur derrière lui se dissipait, ne devenant qu'un vague souvenir.

Mon corps, le sien et nos valises traversaient le mur sans aucune résistance. Peut-être que c'était la surprise, mais ma respiration semblait s'être coupé un instant avant que je ne lâche un soupire d'émerveillement, captivée par l'effervescence magique autour d'un immense train rouge et noir.

Des sorciers. Enfin. Pendant deux mois au pensionnat pour jeunes filles, je n'en avais vu aucun, jusqu'à me demander si je n'avais pas entièrement rêvé les évènements de l'année passée.
Je n'étais pas folle. Je venais de traverser un mur. J'etais bien une sorcière qui entrait en sixième année d'étude à Poudlard.

"Ne perdons pas de temps, il part à onze heures précise." Ordonna-t-il d'un ton sans appel pour me tirer de mes rêveries.

Un coup d'œil à l'horloge au-dessus de ma tête, et je compris pourquoi Ominis était de mauvaise humeur. Nous étions effectivement très en retard.

Pouvant enfin sortir sa baguette, qui lui permettait de ressentir les subtiles variations de flux magique, des lieux et des individus, Ominis nous guidait, malgré sa cécité, à travers la foule jusqu'au dernier wagon où nous montions à présent.
Toujours derrière lui, je le laissais choisir un compartiment vide dans lequel nous installions nos valises.

Sous mes pieds, le train commença sa lente avancée en direction de Poudlard. En m'installant confortablement sur l'une des banquettes, mes yeux suivirent attentivement Ominis qui tirait les rideaux du compartiment, obscurcissant la vue vers le reste du wagon. Il verrouillait même la porte avec précaution. Une question inquiète flottait dans mon esprit :  Par Merlin, pourquoi tant de précautions ? La perplexité se lisait sur mon visage, et Ominis, le percevant malgré sa cécité, esquissa enfin un sourire en coin, tentant de me rassurer.

"Tu avais raison. Tes lettres étaient interceptées Tasha."

Je m'affaissai douloureusement sur le dossier du canapé. Rien de rassurant d'autant que je m'en étais douté. Des doutes que j'ai partagé avec les garçons à la fin de l'année lorsque nous étions sur le départ début Juillet.
Avec tous les événements de l'année dernière, je m'étais persuadé qu'une enfant de quinze ans, moi en l'occurrence, ne serait pas laisser sans surveillance. Étant donné tous le remue-ménage que j'avais créé entre mes combats avec Rannrock, ses fidèles gobelins et ses alliés Rockwood et Harlow, sans compter les aptitudes magique et le secret dont j'étais à présent la gardienne : Le Ministère m'aurait à l'œil.

Imperfect LegacyWhere stories live. Discover now