L'avent

1 1 0
                                    

    Enfin le premier décembre ! Le début de l'avent' des chocolats à gog et du calendrier de l'avent ! Une période où toute la famille est censée se réunir ! Un mois plein de joie !

    Mais ce n'était pas vraiment le cas dans ma famille... La tension remplaçait la joie, et aujourd'hui, mes parents se disputèrent un tas de fois, de toutes les manières possibles : des cris aigus, graves, en cassant des objets ou encore en brisant des cœurs. Ces disputes couvraient toute la palette de la discorde rouge à la tristesse grise. 

    Il me semblait que celle de début décembre portait sur le fait que Gabi n'aimait que les croquettes les plus chères et ne mangeait rien d'autre. Mais les cris étaient trop pour moi pour que je puisse me sentir à l'aise chez moi. Alors, je m'enfui dans les vignes. C'était mon refuge, loin de cette maison, loin de l'idée que mes parents allaient divorcer. Je ne pouvais pas, ne voulait pas imaginer qu'ils divorcent.  Comment ferais-je alors quand je devrais déménager ? Je devrais abandonner tous mes amis et même mon chauffeur de bus préféré ! Je devrais abandonner Opa, Regulus, et même Lili !  Et mon chien, où irait-il ?

    Je secouai ma tête, et remis de l'ordre dans mes pensées, mes parents ne se sépareraient pas, c'est impossible, non ?
    Lili arriva, et me vit, pleurant, à cours de mouchoirs.
    — Que se passe-t-il ?
    — Ce... ce sont mes parents...
    — Tu veux en parler ?
    — Mmmh, marmonnai-je.
    — D'accord. D'abord, commence par respirer profondément...
    Un, deux, trois, quatre, inspire. Expire, un deux, trois, quatre...
    L'exercice de respiration me permit d'arrêter mes pleurs.
— Super, alors dis-moi tout, qu'est-ce qui s'est passé ?

    Je lui racontai mon histoire en détails, et quand je me jetai dans ses bras pour lui faire un câlin, je sentis ses battements de cœur, forts mais réguliers. Malheureusement, son haut me servit de mouchoir géant, mais elle ne me repoussa pas, non. Elle m'acceuilla à bras ouverts.

    L'heure nous rattrapa, et on parti sur le chemin de l'école. Mais il n'y avait ni Esteban, ni mon chauffeur de bus préféré. Tout le reste de la matinée, Lili me consola et était là pour moi. Mais malgré ses efforts, je repensa à l'image de mon père biologique, que je n'avais jamais connu. Apparemment il était policier : il s'appelait David Ernier. Ma mère l'aurait délaissé pour un homme plus riche, mon père.

    Ce midi, mon plat détesté était au menu : champignons et bœuf. C'était comme si on était un jour maudit. Un vendredi 13. Le seul aliment qui me paraissait comestible était une pauvre miche de pain, toute mole. Mais Esteban continuait de m'éviter, encore et encore.
     Mais Lili, elle, elle était restée avec moi. Elle parvint presque à me faire sourire, mais ce sentiment restait accroché à mon corps.

    À la fin des cours...

    Lili m'attendait devant les portes. Elle semblait différente des autres jours, elle qui était si timide d'habitude.
    —Voilà, je voulais vraiment te dire quelque chose... Mais c'est un secret, d'accord ?
    — Je le dirai à personne, juré, craché !
    — Je... Je suis amoureuse de toi, chuchota-t-elle. Depuis que je t'ai vue, à ton anniversaire. Je ne savais pas vraiment comment te le dire, mais je devais le faire, je me sentais vraiment pas bien. J'allais pas bien quand je te voyais, avec ton amoureux, filer la romance parfaite.

    Une tempête de pensées s'abattit en moi, mais les mots sortirent comme une sentence, sans que je ne m'en rende compte :
— Je suis désolée, on peut rester amies ?

    Et le tourbillon repris. Pourquoi m'aimerait-elle ? Pourquoi Esteban ne me disait jamais ces trois petits mots ?Pourquoi ce n'était pas Esteban qui m'avait consolée ? Mais si Lili m'avait soutenue parce qu'elle m'aimait, cela voulait-il dire qu'Esteban ne m'aimait pas vraiment ? Alors Pourquoi avait-il voulu qu'on se mette en couple ? Pour s'amuser de moi ? Pour se moquer de moi ? Ou alors, parce qu'il avait confondu pitié et amour ?

    Pourquoi cela n'arrivait qu'à moi ? Et ça va la rendre triste ce que je lui ai dit, non ? Pourquoi je lui ai dit, pourquoi ? Tant, à cause de ce je lui ai dit, elle ne croira plus jamais en l'amour... Je ne veux pas que cela lui arrive ! Mais pourquoi moi ? Pourquoi elle m'aime, moi ?

Ces questions qui se répétaient dans ma tête, en boucle, me firent pleurer. Mes pieds marchèrent automatiquement vers l'endroit où j'habitais. Une fille de ma classe, Hind, me croisa au détour d'une rue. Elle m'offrit un chocolat et me donna des mouchoirs, les mouchoirs les plus réconfortants de la ville.

L'ancien professeur arriva, et je lui racontai. La dispute, Esteban et la déclaration de Lili. Et lui me raconta. Il me raconta ce qui s'était passé durant cet incendie. Que ce n'était pas lui qui avait mis le feu. Et mes parents l'avaient accusé à tort. Et cela expliquait beaucoup de choses : le comportement de ma mère, les disputes de mes parents... Mais cela ne les excusait en rien. Comment ont-ils pu me reléguer au second plan ? Pourquoi ont-ils voulu me le cacher ? Faisaient-ils parti d'un groupe de mafieux ? 

Mon désespoirWhere stories live. Discover now