Incruste et PPV (1/2)

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— Les filles sont trop débordées en affaires, apparemment.

Il hausse les épaules, puis repart en cabine armé d'une bouteille d'eau et de gobelets.

— Bon courage, me nargue Oli avec un sourire sadique tandis qu'il disparaît par la porte dérobée conduisant aux couchettes.

— Tu riras moins quand ça sera mon tour de t'abandonner...

En me faufilant en cabine, j'essaye de me faire discrète. Les lumières sont tamisées à présent. Certains passagers dorment, même si la plupart regardent des films. J'évite d'avoir le pas lourd afin de ne réveiller personne, j'esquive quelques pieds qui dépassent dans l'allée, et j'arrive enfin dans le galley avant.

Sophie et Karine en sont encore à servir les digestifs, et Myriam est en train de dresser les assiettes sur deux plateaux.

— Ah, super, t'es là !

La voyant s'agiter dans tous les sens, je lui demande :

— Je peux te filer un coup de main ?

— Oui, j'ai besoin que tu apportes leurs repas aux pilotes si ça ne te gêne pas. Je dois absolument remplir un rapport, explique-t-elle dans un souffle. Un client a oublié de spécifier son allergie au gluten lors de la réservation, et comme tu t'en doutes, aucun repas spécial n'a été prévu... Il est très énervé. C'est un Américain et... (Elle agite les mains en l'air.) Oh, tu les connais...

Non, je ne les connais pas encore, mais je la crois sur parole.

— Bien sûr, aucun problème !

— Tu me sauves !

Sa gratitude me fait chaud au cœur. Elle me cale un plateau dans chaque main, ferme le rideau pour nous cacher à la vue des PAX et m'escorte jusqu'à la porte close du cockpit.

— En sortant, fais attention à bien regarder qu'aucun passager n'est dans les parages.

Je hoche le menton tandis qu'elle appuie sur le bouton pour déverrouiller la porte. Puis je lève la tête vers la caméra au-dessus. La raison est simple : les pilotes doivent vérifier qui essaye d'entrer avant de la déverrouiller.

— Et demande-leur s'ils veulent la PPV ! ajoute soudain Myriam.

— La quoi ?

— La PPV.

Un clic se fait entendre en même temps que la diode électroluminescente du digicode passe au vert.

— Entre ! m'intime-t-elle comme je ne bouge pas.

Je n'ai que cinq secondes avant qu'elle ne se reverrouille automatiquement, et j'ai déjà trop attendu. Du pied, je pousse la porte et me précipite à l'intérieur en essayant de ne rien faire tomber. Derrière moi, j'entends Myriam refermer ; le silence me saisit alors.

Je n'avais pas remarqué à quel point la cabine était bruyante. Ici, le ronflement des réacteurs est assourdi. On entend que le faible écho des conversations radio. Tous les boutons sont illuminés dans les tons jaune orangé, et derrière le parebrise, c'est le noir absolu.

Leurs casques Bose sur les oreilles, les deux pilotes se retournent vers moi.

— Le diner est servi, annoncé-je avec un sourire gnangnan, mal à l'aise de me retrouver en tête à tête avec eux.

Avec l'un d'entre eux, en particulier. Le commandant se frotte les mains et m'adresse un sourire chaleureux.

— Oh, je te remercie infiniment, euh...

Ciel, Amour et TurbulencesWhere stories live. Discover now