Chapitre 14

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Une heure plus tard, nous étions presque arrivés au camp. La route était moins difficile et nous marchions tous au même rythme. J'entendis des voix bruyantes et je vis un regroupement d'élèves. Je m'approchai. Un magnifique lac se trouvait juste à côté, l'eau était translucide. Une petite cascade placée en haut d'un rocher s'écoulait dans le lac. 

J'avais chaud et je transpirais, j'avais tellement envie de me baigner dedans ! Mais Mlle Duval intervint :

- Non, n'y pensez pas. L'eau doit être gelée, vous allez attraper frois.

On percevait la grande déception à travers le regard des élèves. Nous fîmes demi-tour. 

Le camp était très grand. Un arbre immense se trouvait au centre et quelques tables de pique nique l'entouraient. Le paysage était magnifique : les montagnes s'élevaient dans le ciel lumineux, les feuilles voltigeaient dans l'air. 

On nous distribua des tentes que l'on monta ensemble. Il y avait de la place pour trois personnes. Je me tournai vers Eryn :

- On se met ens...

Je n'eus pas le temps de finir ma phrase :

- Désolée, je suis déjà avec Adelys et Naomi. Va trouver quelqu'un d'autre.

Elle s'en alla et moi, je restai là, comme ça, au bord des larmes. J'avais raison, elle m'évitait. Kali et Yumi arrivèrent et me virent dans cet état désespéré.

- Que se passe-t-il, Syra ? demanda Kali. 

Je ris, elles avaient enfin retenu mon prénom ! 

- Tout va bien, répondis-je avec un sourire. Allons nous installer !

Je posai mes affaires dans la tente. Le soleil commençait à se coucher, l'atmosphère devenait sombre. On nous appela à table. Au menu, des sandwiches au jambon et des carottes rapées accompagnés d'un grand verre d'eau. Je mangeai mon repas sur une table près du grand arbre, apercevant Eryn qui se trouvait de l'autre côté. Je baissai les yeux sur mon plat en l'ignorant. Je l'oublierai juste pour ce soir, ensuite j'irai lui parler.

 Après de longues discussions avec cheveux verts et violets, je me rendis comptes qu'elles n'étaient pas méchantes, elles étaient même très gentilles et je les appréciais beaucoup.  Nous avons discuté et rit ensemble le reste de la soirée. 

A la nuit tombée, on alla chercher des bûches et des branches qu'on empila pour faire un immense feu de camp. J'eus l'honneur de l'allumer avec mon élément et je créai un jet de flammes vers la masse de branches. Mes cheveux à présent devenus rouges impressionnèrent les élèves. Le feu crépitait fort et consumait peu à peu le bois. Il dansait dans l'air joyeusement, créant une farandole lumineuse et chaleureuse. 

Malgré le feu, je tremblais de froid et je n'avais pas pris de manteau. Assise sur une pierre, je grelottais en claquant des dents. Kaylan s'assit à côté de moi.

- Tu as l'air d'avoir froid.

Je hochai la tête en silence. Il me tendit son manteau sans rien dire et sans même me regarder. J'ai même cru voir qu'il rougissait. Surprise, je le saisis et l'enfilai.

- Merci.

Adelys commença a crier avec un paquet de guimauves dans la main.

- Qui veut faire griller ses guimauves ? Il y en a pour tout le monde, mais un par personne !

Tout le monde vint autour d'elle pour réclamer la gourmandise. Elle en distribuait un à chacun en se frayant un chemin parmi la foule. Elle s'approcha de moi, enfin sortie de cette masse d'élèves. Elle me tendit deux guimauves en me faisant un clin d'oeil.

- Tiens, ne le dis à personne, chuchota-t-elle. 

Elle fit de même pour Kaylan, Yowan et Eryn. Nous avons grillé et mangé ensemble nos guimauves en nous réchauffant près du feu. 

Vers vingt-trois heures, nous étions tous fatigués. Je me suis installé avec Kali et Yumi dans notre tente. Je n'arrivais pas à dormir. Je pouvais entendre mes amies ronfler bruyamment.

Sans réfléchir, je sortis de la tente pour prendre l'air. Une vague d'air froid me glaça le visage. Je commençai à me promener à travers le camp, en observant la pleine lune qui étincellait dans le ciel. Je fis plusieurs fois le tour du camp en essayant de trouver une personne qui, comme moi, ne dormait pas. 

Je m'approchai de la cascade que l'on avait vue précédemment et aperçut une silhouette. Je plissai les yeux pour mieux voir. Kaylan était assis sur une pierre, à regarder l'eau qui s'écoulait. Il se leva en m'apercevant. 

- Toi non plus, tu ne dors pas ? 

Je hochai la tête en soupirant. Je m'assis avec lui. Le silence était assourdissant. Aucun bruit, pas même un frémissement. Ces quelques secondes semblaient durer des heures. C'était particulièrement gênant, je ne trouvais rien d'intéressant à dire. Je me sentais mal et embarrassée. Soudain, ma voix prononça des mots sans que je ne la contrôle :

- Qu'est-ce que je suis, pour toi ?

Mon coeur battait à tout rompre. Que m'avait-il pris ? Pourquoi avais-je dit cela ? J'eus peur de sa réponse.

- Et bien, commença-t-il.

Je tendis l'oreille en fixant mes pieds, nerveuse. Mes joues devinrent chaudes et mon coeur commença à battre encore plus fort.

- Tu es... continua Kaylan.

Je frémis en fermant les yeux. J'avais tellement peur. Tout à coup, on me saisit le poignet et m'entraîna dans un buisson. C'était Kaylan. Je voulus parler mais il m'en empêcha en mettant sa main sur ma bouche et en me regardant dans les yeux. Après une minute ou deux, il ôta sa main. Je sortis du buisson.

- Que s'est-il passé ? demandai-je.

- C'était un professeur, j'avais peur qu'il nous voie. Maintenant nous ferions mieux de rentrer dans nos tentes avant de nous faire attraper. 

Je hochai la tête sans bruit puis suivit Kaylan jusqu'au camp. J'entrai dans la tente. Mes deux amies dormaient à poings fermés, leur salive coulait de leur bouche. Je me glissai entre elles puis rabattis la couverture sur moi.

Kaylan n'avait pas répondu à ma question. J'étais à la fois déçue et soulagée. J'avais peur que ce soit un amour à sens unique et que je perde mon amitié avec lui. 

Plein de pensée traversaient mon esprit comme des notifications. Cela était dérangeant, mais je finis par sombrer dans le sommeil.

L'Académie ÉlémentaireWhere stories live. Discover now