Prologue

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Cachée derrière un mur en briques, j'observais discrètement les élèves entrer dans le grand établissement. Vêtus de leur uniforme gris et noir, ils semblaient si heureux, si parfaits ! Je rêvais de leur ressembler. 

L'Académie élémentaire de Phénizia était la plus réputée de toutes les écoles du pays. Elle regroupait les élèves les plus talentueux dotés de pouvoirs magiques. Ces gens-là étaient appelés les Elémentaires. 

Il existait plusieurs types de magie. Les Elémentaires des Flammes pouvaient contrôler la chaleur mais aussi la lumière et avaient la capacité de provoquer d'immenses incendies. Les Élémentaires de l'eau étaient les plus discrets, capables de contrôler l'océan, les créatures marines et de créer des tsunamis. Les Elémentaires de la terre étaient très puissants, ils pouvaient créer des passages souterrains, et même provoquer des séismes. Les Elémentaires de l'air étaient assez solitaires mais pouvaient contrôler le vent et déclencher des tornades extrêmement fortes. Et enfin les Ténèbres, la magie interdite dans les Académies Elémentaires, était la magie la plus dangereuse et la plus dévastatrice de toutes. Les Elémentaires des Ténèbres étaient bannis de Phénizia pour toujours. 

Soudain, j'entendis un bruit qui me fit sortir de ma rêverie. Je me retournai et aperçus une fille vêtue d'une longue cape noire dont la capuche cachait son visage. Nous avions la même taille et elle semblait avoir le même âge que moi. Je sursautai en la voyant. Alors elle se mit à rire d'une voix si enjouée que je la reconnus immédiatement. Elle ôta sa capuche et je vis enfin son visage auquel je m'attendais. Elle continuait de rire et ses grands yeux bruns se plissaient. Ses longues boucles blondes retombaient sur ses épaules et ses pommettes rougirent. Je fis comme si je savais que c'était elle.

- Ah, Paulina, je savais que c'était toi !

- Tu es vraiment sûre ? Si tu avais vu ta tête, on aurait cru que tu faisais face à un Elémentaire des Ténèbres ! dit-elle en ne quittant pas son sourire. 

- N'importe quoi ! dis-je en riant avec elle.

Paulina était ma meilleure amie depuis toujours. Nous nous étions rencontrées lorsque j'avais déménagé ici et nous nous entendions très bien. 

J'entendis alors une voix qui m'étais familière.

- Syra, que fais-tu ici ? Tu étais censée rester à la maison ! 

Je me retournai en entendant mon prénom. Je vis alors une femme, son sac de courses à la main. Elle ne semblait pas bien réveillée, ses cernes creusaient ses yeux bleus et ses mèches brunes couvraient son front. Elle était très chargée. 

- Ah ! Tante Lucia, désolée j'avais besoin de prendre l'air. 

- Rentrons à la maison, dit-elle. 

Je fis un signe de la main à Paulina avant de m'éclipser avec ma tante. Nous marchions dans la rue, en nous faufilant entre les passants. C'était le Grand Marché qui était réputé pour ses prix bas et beaucoup de gens en profitaient pour faire leurs courses. Lucia me tenait fermement le poignet, gardant la tête haute et me tournant le dos. Ce n'était pas vraiment ma tante, elle voulait simplement que je l'appelle comme ça. Mes parents sont morts dans un accident quand j'avais trois ans. Je ne m'en souviens plus beaucoup alors je ne sais plus ce qu'est une famille. Lucia était une amie à eux. Je n'avais pas de grands-parents ou oncles et tantes alors elle est devenue ma tutrice. Nous n'avions pourtant aucun lien proche. Je la considérais comme une personne de mon entourage et je savais qu'elle pensait la même chose. Nous ne nous voyions pas beaucoup à cause de son travail à plein temps et elle rentrait très tard le soir. Tout cela pour dire que je suis orpheline et que j'ai une tutrice dont je ne suis pas très proche. 

Après quelques minutes de marche, la foule se dissipa et l'atmosphère sembla plus calme. Lucia poussa la poignée de la porte de notre maison. Elle entra la première et me laissa passer avant de fermer la porte avec son pied. Elle posa son sac sur la table de la salle à manger et s'affala sur le canapé en soupirant. Lucia saisit la télécommande qui était posée juste à côté d'elle et appuya sur un bouton. L'écran s'alluma et elle changa de chaîne. Soudain, un gargouillis bruyant s'échappa de mon ventre. Génée, je rougis et baissai les yeux.

- Il y a des restes dans le réfrigérateur, dit Lucia.

Je la remerciai rapidement avant de m'emparer d'un plat de pâtes froides qui datait de la veille. Je marchai jusqu'à ma chambre, posai mon assiette sur mon bureau et m'allongeai sur mon lit, les bras derrière la tête. 

Je repensais à Lucia. J'avais vraiment essayé de me rapprocher d'elle et j'avais fait beaucoup d'efforts pour être patiente et respectueuse envers elle. Mais elle jouait trop la maman et je ne supportais pas ça. Ce n'était pas ma mère et elle le savait. Elle avait compris que je trouvais insupportable cette manière de faire et elle est alors devenue la «tutrice déprimée ». Après tout, chacun son caractère. Je trouvais ma vie ennuyeuse et chaque jour était semblable. 

Le lendemain matin

J'entrouvris les yeux. Les rayons du soleil m'éblouissaient. Je me relevai et ouvrit la porte de ma chambre. Je descendis les escaliers qui grinçaient sous mes pieds nus avant d'arriver dans la cuisine. Lucia dormait encore, je pouvais entendre ses ronflements provenant du canapé. Je n'avais pas très faim, alors je pris un petit morceau de pain et un verre de lait frais que j'engloutis en quelques minutes. J'enfilai des vêtements et je sortis dehors. 

Le soleil ornait le beau ciel bleu et la légère brise était plutôt agréable. Je mis mes mains dans mes poches et marchai le long de la rue. J'entendais le bruit de mes pas sur les dalles texturées et les oiseaux qui se perchaient sur les arbres. J'aimais bien sortir le matin, il n'y avait presque personne dans les parages et je pouvais vivre ma vie tranquillement. Je me rendais chez Paulina, comme toutes les semaines. 

Quand je suis arrivée devant sa grande maison, je frappai quelques petits coups à la porte. Personne ne répondit. Je réessayai, en vain. Je me rendis alors compte que la porte n'était pas fermée à clé. Je la poussai lentement. J'y laissais apparaître un œil, tout était noir. Il n'y avait aucune trace de lumière ou de vie. J'avançai sur la pointe des pieds dans le hall sombre. La maison était vide. Les chaises étaient renversées, des morceaux de vases étaient éparpillés sur le carrelage, des tas de paperasses étaient étalés par terre. Mon cœur battait la chamade et j'étais terrifiée. 

Que s'était-il passé ici ?

L'Académie ÉlémentaireWhere stories live. Discover now