La Mélodie des Plumes - Tome 1

Chapitre 3 : Les interférences

Elune ouvrit les yeux. Le son qui s'échappait de sa flûte s'interrompit. Le ciel auparavant d'un bleu pur s'était couvert. De lourds nuages noirs d'amoncelaient dans le ciel. Des éclairs zébraient l'air. L'ambiance se chargea d'électricité. Des arcs électriques apparurent sur un pupitre. Les musiciens s'éparpillèrent en criant. Les membres du public sautèrent des gradins et fondirent en piqué vers le sol. La voisine d'Elune se redressa soudainement et s'enfuit en courant la heurtant au passage. Déstabilisée, elle se raccrocha à son pupitre pour ne pas tomber. Un arc électrique passa entre le métal et elle sans la blesser.

Elle fit un pas en arrière. Un éclair zébra le ciel. La foudre tomba sur une île toute proche. Le tonnerre gronda. La pluie commença à tomber. Le vent se mit à souffler. Les feuilles s'envolèrent. Des arcs électriques apparurent un peu partout. La plupart des ailés proches des bords de la plateforme continuaient de sauter pour se mettre à l'abri. Les autres s'accroupissaient et plaçaient leurs mains sur leurs têtes.

— Elune !

Le cri la ramena à la réalité. Eltio courait dans sa direction. Un frisson la parcourut. Ses oreilles bourdonnèrent.

— Non ! cria-t-elle.

Eltio pila net, déploya ses ailes et d'un battement recula de plusieurs yoltas. Un éclair tomba là où il se tenait un instant plus tôt. Une nouvelle bourrasque balaya les lieux et l'emporta loin de la plateforme.

— Elune !

L'intéressée tourna la tête en direction de la voix. Lucya lui fit signe de s'accroupir. Un coup de tonnerre retentit lui explosant les tympans. Le monde qui l'entourait se transforma en un son aigu. Elle plaqua ses mains sur ses oreilles. Un cri de douleur lui échappa. Un autre éclair traversa le ciel. Elle tomba à genoux en hurlant.

— Chut... ça va aller.

Une voix inconnue résonna en elle.

— Garde espoir ma petite plume.

Une plume enflammée dansa devant ses yeux.

— Garde espoir.

Le sifflement incessant de ses oreilles ne cessait pas.

— Garde espoir.

Un feu. De la chaleur. Une voix. La même voix qui lui répétait inlassablement des paroles de réconfort.

Elune s'agenouilla et plaqua ses bras sur sa tête incapable de chasser les images qui s'imposaient à elle : un brasier, de la douleur. Son dos se mit à la brûler. Elle hurla à nouveau. Son corps lui semblait en feu. Elle roula au sol pour se débarrasser des flammes invisibles qui la dévorait. Un éclair de douleur la traversa à nouveau. Elle venait de tomber. Le feu imaginaire disparut. Elle se retrouva allongée à plat ventre et la tête douloureuse. Un mal de crâne atroce lui vint. Sa vision se brouilla. Entre les gouttes de pluie et le brouillard qui l'enveloppait, elle sentit le pied d'une chaise. Elle s'y cramponna de toutes ses forces et releva la tête.

Là., à quelques yoltas d'elle, un homme se tenait. Une douce lueur violette l'entourait. Debout malgré l'orage, il se contentait de rester là à observer. Elune trembla. Sa tête la lança à nouveau. Elle ferma les yeux et sentit quelque chose d'inattendu. Au milieu de la douleur qui l'envahissait et lui vrillait le cerveau, il y avait autre chose, comme une présence étrangère, non agressive, mais bien réelle. Elune se débattit. La présence disparut. La douleur reflua. Sa vision se rétablit à peu près et le monde reparut.

Deux hommes se tenaient à présent devant elle. Un autre plus âgé avait rejoint le premier arrivé. Le second tendit un bras au-dessus d'un livre ouvert qui flottait devant lui. Une lumière bleue l'entoura. La pluie cessa. Les éclairs ne déchirèrent plus le ciel. Le tonnerre se tut. Les nuages se dispersèrent. Le vent tomba. La lueur disparut et l'homme récupéra son livre. Il foudroya du regard le premier avant de redescendre à pied les marches qui menaient à la terrasse. Ce dernier déploya ses ailes et décolla.