5 | Les cauchemars recommencent

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G I U L I A

— Je vous en supplie, ne me -

De sang froid, sans ressentir aucune émotion, je viens de tirer. Comme à chaque fois, je ne ressens rien avant, mais après c'est tout autre chose. Malgré ses supplications, je viens de lui ôter la vie. Je me réconforte en me disant qu'il en avait enlevé plusieurs, avant de perdre la sienne. Je n'ai rien fait de mal, j'ai rendu justice. Je n'ai rien fait de mal.

Après avoir appelé Julio pour qu'il vienne nettoyer l'appartement de fond en combles, je rentre chez moi. Portant des lunettes de soleil sur le nez en pleine nuit, j'essaie de me faire petite dans la rue pleine de touristes. Ma démarche est bancale, mes pensées sont sombres. Je n'ai rien fait de mal. Les trois autres hommes ce mois-ci l'avaient également mérité. Seulement, une larme s'échappe de mon oeil gauche. Je n'ai rien fait de mal.

À peine arrivée à mon appartement, je claque la porte et m'adosse contre celle-ci. Me laissant tomber jusqu'au sol, je réalise peu à peu mon geste. Il avait une famille. Mais il en a aussi brisée plusieurs... Il avait des enfants. J'éclate en sanglot en peu de temps.

— Je suis désolée, j'en men veux...

En sursautant, je m'assieds dans mon lit. Après quelques secondes, je réalise qu'une larme coule le long de ma joue. Je l'essuie et me recroqueville sur moi-même. C'est ce dont je redoutais : les cauchemars. Cette sensation d'avoir fait quelque chose de mal. Je ne dois pas la ressentir, je ne dois pas regretter. Ils méritent ce qu'il leur arrive. Je n'arrive pas à croire que ces cauchemars arrivent une semaine, après avoir buté l'un des leur. Je n'ai rien fait de mal.

Alors que les rideaux de ma chambre sont fermés, je me demande quelle heure il est. Le sommeil ne me vient plus. J'attrape mon téléphone, posé sur la table de nuit, lorsque j'observe qu'il est dix-huit heure. Combien de temps je viens de dormir, au juste ? Cela ne m'était pas arrivé depuis au moins une année.

N'ayant rien d'autre à faire après avoir mangé un bol de nouilles, je décide de me préparer. Je ne peux pas me recoucher, et je n'ai pas de travail à faire aujourd'hui. Il faut que je sorte, au moins prendre l'air. Après avoir demandé à Elio s'il était disponible, je reçois une réponse négative de sa part. Je vais donc sortir seule.

Au cas où je croiserai le fameux Arès au bar, je décide de prendre un objet important avec moi.

Prenant la précaution de refermer la porte de mon appartement, je me faufile ensuite dans la rue à la recherche d'une occupation. Rien ne me fait envie. Rien, sauf une chose. Ce bar qui m'occupe tant depuis mon arrivée à Naples. Plantée devant pendant au moins trois bonnes minutes, j'hésite à entrer. Puis je me dis que je n'ai rien à perdre en y allant.

— Bonjour mademoiselle, m'accueille le propriétaire.

Je lui souris et le salue à mon tour. Les yeux rivés sur les tables avec mes lunettes de soleil, j'en trouve une dans un recoin. Celle-ci est proche des fenêtres. J'observe au loin, la grande table du fond. Des personnes l'occupaient, mais ceux-ci ne ressemblaient en rien à Arès. Il n'est pas là aujourd'hui. Étrangement, je ne sais pas si je suis déçue ou alors contente.

La jolie rousse s'approche de moi avec un carnet.

— Bonjour, qu'est-ce que je peux te servir ?

— Un whisky s'il te plaît, je demande poliment. Je m'appelle Giulia.

Sofia me sourit, apparemment heureuse de voir que je m'ouvre un peu à elle. Il est vrai que les dernières fois, j'ai pu paraître froide. Cependant aujourd'hui, j'ai besoin d'informations. Je suis sûre qu'elle pourrait m'aider à en savoir un peu plus sur cette histoire. Alors qu'elle se retourne, je l'interpelle. Ses cheveux longs roux font volte-face.

The Rage To Take RevengeWhere stories live. Discover now