Chapitre 30 - Le lutinae

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Rapidement, Tyra réalisa qu'elle avait sous-estimé la distance entre le passage qu'ils avaient emprunté et le camp de Gahan.

Ils marchèrent longtemps. Tyra était aux aguets, surveillant le moindre signe d'une présence autour d'eux. Que ce soit un veilleur ou un Sylène, elle n'avait aucune envie de croiser quiconque arpentait ces terres.

Mais ils avaient beaucoup de chance. Ils étaient seuls ici. Tyra n'en était qu'à moitié étonnée.

Les veilleurs ne sortaient qu'extrêmement rarement de leur territoire, lors d'expéditions par exemple, et les Sylènes qui s'aventuraient aussi proche de la frontière étaient aussi rares que les sourires de David.

Tyra pouffa de rire, intriguant Öta.

« Qu'est-ce qu'il se passe ? Tu as vu quelque chose ?
- Non, j'ai juste pensé à une phrase que je trouve chouette. Faudra pas que je l'oublie. »

Lorsqu'elle lui répéta, Öta roula des yeux en souriant.

Plusieurs minutes plus tard, ils s'arrêtèrent. Épuisé par la descente, Öta avait besoin d'une pause et décida de s'asseoir quelques instants par terre.

« On est plus très loin. » fit Tyra pour le motiver. « On à fait le plus gros.
- Oui, laisse-moi juste quelques secondes. »

Öta se frotta les yeux en bâillant. Il sentait la fatigue lui tomber dessus et mourrait d'envie de s'allonger dans l'herbe pour s'endormir paisiblement.

Tyra capta immédiatement le regard qu'il portait au sol et ronchonna.

« C'est pas l'heure de la sieste.
- Oui oui, deux minutes. Assieds-toi, toi aussi. Ça va te faire du bien.
- Hum. » marmonna-t-elle. « Pourquoi pas. »

Alors qu'elle prenait place sur un rocher, Öta se redressa en s'exclamant :

« Hé ! Attention !
- Quoi ? Quoi quoi quoi ? » paniqua-t-elle en se relevant. « Qu'est-ce qu'il y a ?
- Ne t'assieds pas dessus ! Tu n'as pas vu les gravures ? C'est peut-être dangereux.
- Alors maintenant je peux même plus me poser sur une pierre ? .
- Mais... » marmonna Öta en rougissant. « C'est juste qu'elle est gravée. C'est forcément l'œuvre de quelqu'un. Tu n'as pas peur ?
- Y'a plus de rocher gravé et peint dans s'foutu trou que d'rochers normaux. » répliqua Tyra. « Mes p'tites fesses les connaissent bien et n'sont jamais mortes après s'être posées dessus.
- Mais tu ne t'es jamais demandé ce qu'ils faisaient là ? Et qui les a gravés ? Il y en a beaucoup quand même.
- Non. Mais je peux te dire une chose cependant.
- Quoi ? » demanda Öta.

Il se pencha en avant, les yeux brillant de curiosité. Qu'allait-elle lui apprendre ?

« Ils sont foutrement confortables.
- Pfft c'est même plus drôle à force. » marmonna-t-il.

Tyra tira la langue en réponse.

Plus tard, lorsqu'ils reprirent la route, elle ne put s'empêcher de regarder chaque rocher avec attention.

Elle ne s'était jamais posé de question à leur sujet. Ils faisaient partie du paysage. Elle ne s'était même jamais imaginé que quelqu'un ait pu les graver un jour. Elle ne parvenait pas à se l'imaginer.

Ils étaient comme ça, et c'était ainsi depuis toujours. C'était comme la lumière des souterrains et les plantes sur les arbres. Les seuls questionnements qu'elle avait à leur sujet lui venaient d'autrui.

Combien de choses avait-elle simplement ignorées par habitude ?

Ces souterrains où elle était née et qu'elle considérait comme sa maison depuis toujours lui paraissaient soudain très étrangers.

Combien de choses avait-elle simplement ignorées par habitude ?Ces souterrains où elle était née et qu'elle considérait comme sa maison depuis toujours lui paraissaient soudain très étrangers

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