Chapitre 5

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   Il était aux alentours de vingt-deux heures lorsque je reçus un message :

« Salut (T/n), c'est Yaku. Tu as deux minutes à m'accorder ? Je suis en bas de chez toi. »

Je descendis lui ouvrir après avoir attrapé un pull. Malgré le faible éclairage que procurait le lampadaire de ma rue, je remarquai son teint plus blême que d'habitude. Il me semblait fatigué.

« Désolé de venir à l'improviste. J'espère ne pas avoir réveillé tes parents.

- Il n'y a personne chez moi, ne t'en fais pas pour ça. » Lui répondis-je.

Je me rendis compte qu'il n'avait pas pris d'écharpe alors je lui en apportai une et la mise autour de son cou. Yaku me proposa de marcher un peu, nous empruntâmes donc un chemin au hasard. La nuit était tombée rapidement et le froid s'installait de plus en plus. Nous ne dîmes pas un mot tout le long de notre marche, je crus percevoir un murmure venant de Yaku :

« Merci... »
Mais peut-être était-ce mon imagination.

Nous trouvâmes finalement un banc sur lequel nous pouvions nous asseoir. Autour de nous, les arbres dansaient au gré du vent, on n'entendait que le bruissement des feuilles et le souffle du vent. Je sentis alors une tête venir s'apposer sur mon épaule, Yaku soupira comme s'il évacuait un poids en lui. Il me dit :

« Parfois j'aimerais m'enfuir sans me soucier de la destination.

- Quelque chose te tracasse ?

- Oui. Rentrer chez moi. Je ne cesse de me demander ce que je fiche là-bas avec des parents qui alourdissent la solitude que je ressens en rentrant. Et surtout, des parents pour qui je ne suis qu'un passant. »

Par moment sa voix craquait ou bien devenait aiguë. Certaines de mes questions recevaient enfin des réponses.

Cette attention qu'il ne recevait pas, Yaku la donnait aux autres.

Je ne trouvais pas les mots justes à lui dire, je pris sa main.

« Tu ne seras plus jamais seul, Morisuke. Tu donnes beaucoup aux autres mais tu mérites tout autant d'affection. Les choses iront mieux, je suis peut-être là pour toi maintenant, mais toute l'équipe aussi est derrière toi.

- J'aimerais rester avec les gens pour qui je compte plutôt qu'un couple distant et apathique. » Dit-il en serrant ma main tandis qu'un sourire amer complétait son visage.

Mon pouce vint caresser sa main, je réconfortais aussi inconsciemment une partie de moi qui essayait de guérir depuis des années. Je n'ai eu qu'un seul parent froid, un père qui se contentait de payer une pension sans se soucier du reste. Cela avait donc dû être difficile pour Yaku de vivre avec deux parents de ce genre. Nous restâmes sur le banc un bout de temps. Lorsque Yaku se sentit un peu mieux, nous décidâmes de reprendre le chemin par lequel nous étions arrivés.

« D'habitude je vais voir Kuroo quand ce type de moment arrive, mais cette fois c'était toi que j'avais envie de voir. Rien qu'en rentrant du lycée tu as réussi à me remonter le moral après un nouveau message glacial de ma mère.

- Tu devrais rester pour la nuit, ça te permettrait de faire une pause pendant quelques heures. » Yaku acquiesça et quand nous arrivâmes chez moi, je partis chercher des coussins et autres affaires pour qu'il puisse dormir sur le canapé.

« Ce n'est pas le grand luxe mais ça aurait été étrange de te faire dormir dans le lit de ma mère, tu comprends. Viens avec moi, je vais te prêter des affaires. » Lui dis-je avec un petit rire nerveux avant de l'emmener dans ma chambre.

Yaku scruta la pièce, il s'arrêta devant un cadre photo dont le verre était cassé. Il me demanda :

« C'est ton ancienne équipe et toi ? Vous aviez l'air si heureuses et si proches.

- Ah. Oui... on était amies. » Lui répondis-je d'un ton qui s'abaissait au fil de ma parole.

Cela me travaillait encore mais la soirée avait déjà été riche en émotions, il était temps pour Yaku comme pour moi de se reposer un peu.
Je lui tendis un t-shirt assez large de Nirvana et un jogging simple. Je ne possédais pas beaucoup de vêtements aux coupes fines, généralement j'avais l'allure d'un tote-bag.

« Je n'aurais jamais imaginé que tu aimes Nirvana.

- On a tous nos secrets. » Répliquai-je d'un petit sourire complice.

Yaku partit se changer, je mis le cadre photo face contre meuble avant de retirer mon pull. Quand le libero revint, je lui souris en levant les deux pouces pour lui indiquer qu'il avait un style d'enfer. Il pouffa de rire. Nous retournâmes dans le salon, je le fis s'asseoir et lui demandai de me tendre ses bras. J'examinai le piètre état dans lequel étaient ses avant-bras, il avait des bleus bien prononcés. Je partis chercher de la pommade à base d'arnica [Nda : j'aurais dû me faire sponsoriser], et la lui appliquai sur ses hématomes. Yaku ne dit pas un mot pendant que j'étalais la pommade. Soucieuse, je lui dis :

« Tu devrais penser à prendre soin de toi.

- Je sais, mais ce n'est pas plus mal que ce soit toi qui le fasses. » Sa remarque me fit sourire, je soupirai en même temps.

Yaku paraissait très mature et responsable sauf quand il s'agissait de son cas, il était plutôt dur envers lui-même. Je lui indiquai qu'il valait mieux nous reposer avant de ne trop ressentir la fatigue le lendemain. Je rejoignis ma chambre après avoir souhaité une bonne nuit à mon ami.

Or, une fois couchée, je ne trouvai pas le sommeil. Yaku occupait mon esprit, je me demandais ce qu'il représentait pour moi, et inversement, ce que je représentais pour lui. Je pouvais sentir mon cœur battre dans ma cage thoracique, le rythme des battements accéléra. Je me redressai pour finir assise sur mon lit. À peine m'étais-je redressée que j'entendis quelqu'un toquer à la porte, Yaku entrouvrit celle-ci et fut surpris de découvrir que je ne dormais pas encore.

« Toi non plus, n'est-ce pas ? » Lui demandai-je alors plutôt rassurée qu'il soit venu, il hocha la tête de haut en bas.

Je relevai légèrement ma couverture pour qu'il puisse venir. En dépit de l'obscurité de la pièce, j'arrivais à discerner sa silhouette. Heureusement que ma chambre était un minimum rangée pour une fois autrement Yaku se serait immédiatement cassé la gueule.
Lorsque nous fûmes tous les deux dans le lit, je sentis la chaleur que dégageait son corps.

Il était là, dans mon lit, avec moi.

J'ignorais pourquoi je me mettais dans tous mes états mais malgré cela, le sommeil me vint plus facilement.
Je ne fis pas attention au fait de l'avoir appelé par son prénom au lieu de son nom quand le sommeil me gagna finalement :

« Bonne nuit, Morisuke. »

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welcome and goodbye de Dream, Ivory était un bon carburant pour taffer sur ce chapitre. Un chapitre riche en émotions, ça m'a permit de développer le personnage de Yaku donc ce n'est pas plus mal.

Même si (T/p) dit à Yaku de prendre soin de lui, ça vaut aussi pour vous, faites attention à vous et votre santé.

Merci d'avoir lu ce chapitre :)

Merci d'avoir lu ce chapitre :)

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La Lettre (Yaku x Reader)Where stories live. Discover now