Le soir, l'oncle Arfang appela Douta pour aller à l'arbre à palabres. Il trouva son oncle couché. Il semblait très fatigué. La tante Satou lui avait déjà dit que son mari avait le diabète.
- oncle as-tu mal aux articulations ? Demanda Douta
- oui, j'ai surtout mal aux poignets. Parfois je me sens lourd. Répondit l'oncle. Mais ce n'est rien de grave, c'est juste les travaux.
- Non ! Je sais que tu es vraiment malade mais tu tiens bon pour ne pas inquiéter les autres. Tu devrais venir à Dakar pour te soigner.
- tu sais Douta, on a pas les moyens de se soigner a Dakar. Le poste de santé le plus proche est dans une petite ville qui est un peu loin d'ici. On se déplace en charette ou en moto. Certains gravement malades peuvent mourir en chemin, les femmes sont obligés d'accoucher ici, les médecins et infirmiers réchignent à se déplacer pour venir nous voir. Pour guérir on a recours a la médecine traditionnelle.  Dis-moi Douta, pourquoi c'est si compliqué ? Certains disent que nos problèmes sont causés par le détournement de fonds qui étaient destinés dans le domaine de la santé par des personnes malhonnêtes. Pourquoi font-ils cela ? Ils ne craignent pas Dieu ? Comment peuvent-ils voler de l'argent alors que certains n'ont pas de quoi se soigner ? C'est vraiment scandaleux que quelqu'un puisse voler de l'argent qui était destiné à la santé, pour une meilleure condition de vie...
- c'est vraiment triste, oncle, dit Douta. Les vrais bandits sont a la tête de l'Etat. Voilà pourquoi notre continent est si en retard...
Puis le silence remplaça la discussion. Chacun suivait sa pensée. Douta ressentais une profonde tristesse en
réfléchissant sur le retard de son cher pays.
Puis les deux hommes se dirigérent vers l'arbre à palabres. En chemin, les jeunes et les femmes s'arrêtaient pour saluer l'oncle Arfang. Il saluait ceux qu'ils trouvaient assis devant leurs concessions ou boutiques, et ceux-ci répondaient vivement à ses salutations. En voyant tout ça, Douta compris que son oncle est très respecté au village. "Le respect n'est pas une question d'âge, mais de mérite" se dit-il. Arrivé devant la place, l'oncle Arfang salua ses compagnons et Douta partit a l'encontre de chacun pour leur serrer la main.
- ah Arfang, ton neveu a grandi ! Lança quelqu'un
- A voir ses habits, il est devenu un patron, dit quelqu'un d'autre
- alors jeune homme, tu nous apportes quoi de la capitale ? Demanda un vieillard assis près de Douta.
Il ne sût quoi répondre et se contenta de sourire. Tous les yeux étaient rivés vers lui. Un autre vieux, posa ses mains tremblantes sur Douta.
- dis-moi mon petit, as-tu des nouvelles de mon fils a la capitale ?
Puis beaucoup demandérent comment vont leurs enfants a Dakar. A cet instant, Douta confirma ses doutes. Beaucoup de jeunes ont quitté le village. Il y'avait des femmes, des vieux, des enfants mais peu de jeunes. L'exode rural se fait beaucoup ressentir ici. Mais il ne savait pas quoi répondre aux anciens. Il connaissait la situation de la plupart de ces jeunes. Certains mendiaient, d'autres étaient dans la délinquance et quelques uns travaillaient avec des salaires misérables. Aux questions qu'on lui posaient, Douta disait simplement qu'il ne savait pas ou qu'ils allaient bien. Un autre vieillard s'adresse à lui :
- quand tu repartiras, tu diras a mon fils que je suis ici et que je souffre. Je ne lui demande pas grand chose, juste de quoi m'acheter des médicaments, je suis très malade depuis des mois. Il n'appelle plus, et je sais plus où il est, ni dans quelle situation il se trouve.
Douta ne sut quoi dire mais lui promis de lui transmettre son message. Puis la discussion tourna vers d'autres sujets : les travaux champêtres, le bétail, le climat...
Puis un autre vieux arriva, il marchait lentement et portait une canne. Il salua l'assemblée et s'assit. Puis il se mit à parler des jeunes du village et de leur comportement.
- Ces jeunes sont devenus très rebelles. Ils ne nous écoutent plus. Ils veulent faire ce qu'ils veulent alors que nous sommes là pour les guider vers le bon chemin. Quand nous avions leur âge, nous écoutons toujours les aînés et suivaient leurs pas. Aujourd'hui ils veulent prendre leur propre voie.
- les temps ont changé, répondit l'oncle Arfang. C'est l'appel des temps nouveaux, la vue vers de nouveaux horizons. Avec le mode de vie des occidentaux qui les influence, ils changent et se dressent en hommes nouveaux. Nous devions les comprendre et les surveiller pour qu'ils ne tournent pas à la dérive. On assiste a un mélange hybride entre influence occidentale, moderne et influence africaine, traditionnelle. On y peut pas grand chose si ce n'est que leur enseigner la valeur du respect des traditions et le rappeler constamment. Ces jeunes sont intelligents, avec une bonne communication ils nous écouteront. Mais ne leurs pas imposons pas notre volonté et nos idées, car on commencera alors un conflit de génération qui nous éloignera davantage. Ceci pourrait marquer une rupture définitive entre nous, et eux. Optons plutôt pour un rapprochement par la compréhension et la communication. Ce sont nos fils après tout, et chaque jour qu'ils vivent est une journée d'enseignement et d'expériences. Ils sont en pleine croissance et je remarque beaucoup de maturité chez certains.
Douta écoutait avec admiration son oncle. Il était brave et sage. Pour lui, il était un modèle à suivre. Voilà pourquoi il est très respecté ici. Chacun commença a parler de quelques problèmes dans leurs foyers avec les jeunes. Certains de leurs enfants refusaient de se marier avec le ou la partenaire qu'ils leur proposent, d'autres ne veulent pas faire le métier que leurs pères leurs recommandent, certains trouvent que leurs enfants sont irrespecteux car ils contestent toujours les ordres... mais chacun conseillait l'autre de trouver des solutions par la discussion au lieu d'aller au bras de fer avec eux.
Puis Douta sentit que quelque chose était tombé sur son épaule et sur sa tête. Il jeta un regard sur son épaule et vit que c'était l'éxcrement d'un oiseau. Il était un peu dégouté. L'ancien qui était a côté lui dit que c'était bon signe. Douta était content d'entendre ceci. Si c'est un signe de bonheur, grand bien lui fasse.

Le chemin de l'EldoradoWhere stories live. Discover now