*chapitre 3*

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Douta pressait le pas. Aujourd'hui il avait rendez vous avec sa copine, Fatou. Il savait qu'elle n'aimait pas les retards mais Douta avait cette manie, ce qui exaspérait sa copine.

Douta et Fatou, c'est l'amour fou depuis le lycée. Il à suffi d'un petit regard pour déclencher le coup de foudre. Douta était un gars calme en classe, il parlait peu et suivait les profs durant les trois quarts du cours. Mais depuis ce coup de foudre, il était de moins en moins concentré. La beauté de Fatou l'avait frappé: les yeux éclatants, le nez pointu, une mignonne petite bouche et une belle chevelure. Elle était quelqu'un d'ouverte, souriante et un peu timide. Le professeur de mathématiques avait un jour interrogé Douta qui s'était levé précipitamment et avait répondu :
- je t'aime Fatou.
Ce qui s'en suivit était anormal dans une classe. Les garçons tombèrent à terre, pris par un fou rire. Les filles balançaient leurs têtes en arrière en mettant leur main sur leurs bouches. Le prof avait baissé la tête pour retenir un rire. Fatou avait caché son visage avec sa main, gênée.
- voyons voyons mon petit tourteau, on est en classe ! Je t'ai posé une question pour donner la définition du cosinus, et toi tu me réponds par un " je t'aime Fatou" ?
Douta baissa la tête, mort de honte.
- ça fait un moment que je remarque que ton esprit est ailleurs, je comprends que tu es amoureux de Fatou ( il désigna la concernée, la classe partit dans un autre fou rire). Mais... Mais... On est en classe, tu pourras la draguer apres....
Le prof de maths finit sa phrase en riant. Les garçons ne pouvaient plus s'arrêter. Douta s'assit et se couvra le visage, ne sachant quoi faire. Le prof de maths ordonna le silence et continua le cours, mais personne ne pouvait plus continuer le cours comme si de rien n'était. On entendait souvent des éclats de rire.
Après la descente Douta rentra seul à la maison. Mais il entendait souvent derrière lui des "monsieur Fatou". Ce surnom le rendait plus colérique qu'autre chose. Arrivé à la maison il jetta son sac et se coucha sur le lit, les larmes aux yeux. Peu de temps après, Lamine, son meilleur ami vint le consoler.
- c'est pas grave Douta, dit-il, au moins Fatou sait que tu l'aimes, c'est un bon point.
- de quoi tu parles Lamine ? Je suis humilié.
- il n'y à pas de honte à aimer, ni déclarer ta flamme.
-...
- ce qu'il te reste à faire, c'est parler avec elle, lui déclarer ton amour. J'en suis sûr que tu lui plaît.
Douta accepta et s'arrangea à lui donner un rendez-vous non loin de l'école. En attendant l'arrivée de Fatou, Douta était stressé. Il suait à grosses gouttes. Quand il aperçut Fatou, il prit sa serviette et s'esssuya le visage. Fatou arriva avec son sourire de déesse et lui salua:
- bonsoir Douta
- euh... Ça va ?
Douta n'arrivait pas à se tenir calmement.
- tu vas bien ? Demanda Fatou en lui touchant la tête.
Ce contact fit tressaillir le jeune homme qui recula et faillit tomber. Cette action fit rire Fatou.
- détends toi Douta, dis ce que tu as dire.
Douta trouva de mots difficiles, mais arriva à lui avouer ses sentiments. Quand il eût fini, Fatou dit tout simplement :
- j'accepte.
La surprise était grandiose pour Douta qui ouvrit grands les yeux. Il demanda à Fatou qu'il répéta ce qu'elle venait dire.
- au revoir, dit-elle en lui faisant la bise.
Aussitôt quelle partit, Douta détala chez son pote Lamine.
- j'ai réussi !
- comme je te l'avait dit.
- merci mon frère, tu es le meilleur...
- pas de quoi, tu es le sang...

Tous ces souvenirs étaient loin d'eux maintenant. Lamine était en Allemagne où il travaillait dans une entreprise agricole. Chaque mois il envoyait de l'argent à Douta pour l'aider, car il savait vraiment sa situation. Il lui avait fait la promesse à son meilleur ami qu'il sera toujours là pour lui. Douta le considérait vraiment comme une partie de lui. Lamine était ce genre de potes que tout le monde aimerait avoir.

Il arriva là où l'attendait Fatou. Elle fit mine de bouder mais quand Douta lui fit un câlin, elle sourit
- tu vois que je peux te faire sourire à n'importe quelle moment, dit Douta.
- mais tu dis n'importe quoi, tu as le chance que je sois de bonne humeur.
- hum, bref quoi de nouveau ?
- rien du tout, je suis toujours là a attendre...
Douta avait compris de quoi Fatou parlait, le mariage qu'il lui avait promis avant son départ vers la France.
- Fatou, j'aurai tellement voulu ce mariage, mais les choses ne se passent toujours pas comme prévu, soyons patients...
- d'accord, d'accord...
- moi Douta je te promets que bientôt on se mariera.
- tu dis toujours la même chose, moi je veux des preuves, des actions... C'est comme ça qu'un homme doit réagir...
- arrête, tu verras, sois patiente.
Il eût un petit silence.
- on va au resto? proposa Douta
- ouiiiii, repondit Fatou avec enthousiasme.
Ils marchèrent ensemble en se tenant la main. A un moment, Fatou sauta sur le dos de Douta.
-  porte moi, je suis fatiguée.
- mais on à même pas encore fait la moitié du chemin.
- allez, s'il te plait...
- descends, en plus tu me tapes la honte, regarde autour de toi. comment les gens nous regardent.
- on s'en fiche, c'est pas leurs oignons.
- allez chérie descends, sinon on y va plus au resto.
- pff
Elle descendit et voulût aller précipite ment mais Douta lui retint en lui faisant des chatouillements. Elle rigola jusqu'à qu'elle perdit l'équilibre. Douta la prit et enlança son bras autour du cou. Arrivés au restaurant, ils commandérent ce qu'ils voulaient manger.
En mangeant tranquillement, ils virent une femme passé à côté d'eux qui les regardait d'un œil méprisant. Douta avait gardé son calme comme d'habitude mais Fatou n'arrivait pas à supporter.
- non mais tu as vu comment cette garce nous regardait ?
- ne t'inquiètes pas, c'est son problème.
- regarde, dit Fatou en désignant le sol, là c'est mouillé et elle est partie aux toilettes, quand elle reviendra, elle va passer par là et elle va glisser.
- on ferait mieux d'appeler la serveuse...
- quoi ? Je te le pardonnerai jamais ! Je n'aime pas qu'on me manque de respect.
Fatou sortit son téléphone pour enregistrer la scène. Quelques instants plus tard la femme sortît des toilettes. Elle faisait la coquette. Elle traversa la partie mouillé et glissa en tombant lourdement, sa perruque s'était envolé, laissant voire des cheveux crépus et désorganisés.
- ouloulou ! S'écria Fatou, comme je l'avais prévu, direct en storie sur les réseaux.
- arrête ça, c'est pas bien.
- tu la défends maintenant ?
- non, elle a eu ce qu'elle méritait, pas la peine d'augmenter son humiliation.
Fatou ne l'écoutait plus, elle avait déjà commencé à partager la vidéo. Douta souffla, exaspéré.

Après leur repas, ils se dirent au revoir. Mais avant de partir Fatou avait dit quelque chose qui avait marqué l'esprit de Douta. "Au revoir, mon chocolat". Mon chocolat était le surnom que lui donnait son ex-femme, Bernadette, une française qui va bientôt être cinquantenaire. A part Lamine, personne n'avait su que Douta avait eu une relation avec une blanche.
Comme certains africains qui arrivent en Europe, Douta décida d'avoir une relation avec une française pour avoir les papiers. Cette technique était la plus efficace selon lui pour pouvoir rester en Europe. Il avait rencontré Bernadette dans un café. Elle était assisse seule et observé la rue, l'air ennuyée. Douta saisit sa chance et alla lui parler.
- bonjour est ce que je peut me joindre à vous ?
- bien sûr, un peu de compagnie me fera du bien.
- eh bien, vous êtes tombé sur la bonne personne, dit Douta  dans un sourire
- je pense bien, répondit Bernadette, l'air amusé.
- vous avez de beaux cheveux blonds
- merci beaucoup, c'est gentil
- je m'appelle Douta et vous ?
- Bernadette, Douta vous avez un prénom assez original.
- c'est gentil Bernadette.
Bernadette lui observa un instant.
- hmm, j'aime les blacks musclés comme toi.
Douta était à ce moment-là sûr d'avoir Bernadette dans sa poche.
- donc je suppose que tu adores le chocolat, dit Douta en faisant un clin d'œil.
- bien sûr, j'en raffole, répondit la femme blonde en lui rendant le clin d'œil.
Le reste se fit tout seul. Mais au fil des temps, Douta se sentait coupable et avait honte. Il mentait à Bernadette et trompait Fatou qui était au pays. D'ailleurs Douta avait honte de s'afficher avec Bernadette, la différence d'âge et les moqueries de certains de ses compatriotes africains y étaient pour quelque chose. " alors où est grand-mère ?" "donc tu vas donner tout ton énergie à cette vieille femme ? que fera ton épouse ?" " on dirait mère et fils quand on vous voit" " que diront tes parents en te voyant avec elle ?". Douta ne pouvait plus supporter ces moqueries, il diminua ses sorties avec Bernadette. Cette dernière avait accepté sans broncher, sans comprendre les raisons de Douta. Il avait vraiment fait subir à Bernadette la solitude et la détresse qui la poussèrent petit à petit dans l'alcoolisme. Pour la sauver, Douta demanda le divorce. L'annonce fut mal prise par son ex-épouse qui jura de ne jamais  pardonner de qu'il lui à fait subir. Le sort de Bernadette se jeta sur Douta qui fut rapatrié quelques années après. Si seulement il était resté avec Bernadette... Peut-être qu'ils n'allaient pas le ramener au pays. Peut-être qu'il à juste eu ce qu'il méritait....

Le chemin de l'EldoradoWhere stories live. Discover now