Chapitre 5: Un élan de liberté

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Que faire ? Tourner en rond ? Parcourir chaque pièce de la maison comme-ci elles allaient chacune me donner une solution pour me sortir de ce cauchemar ? Réfléchir à ce que j'étais entrain de devenir ? La seule solution que j'avais à l'heure actuelle était de fixer le plafond, et attendre. Attendre une idée, attendre une occupation, attendre quelque chose pour ne pas être inactive. Je tirais le téléphone que Ryan m'avait laissé de ma poche, nonchalante. Il n'était même pas midi. Il avait pris soin de bloquer tous les numéros de ma famille. Impossible de les faire débloquer, impossible de les joindre. Il avait été malin, il m'avait coupé du monde. Si seulement je pouvais m'enfuir d'ici, le plus loin possible. Prendre la voiture, ou prendre l'avion.

Prendre la voiture, et rouler. Loin d'ici, de cet enfermement presque quotidien depuis maintenant neuf jours. L'idée avait déjà envie mon esprit avant d'être coupé par cet ogre. OK, Ryan m'avait sorti en m'amenant sur la plage de Santa Monica. Mais je passais mon quotidien à faire des allées et venues pour Babeth, pour qu'elle puisse faire ses "courses". J'étais devenu un chauffeur personnel, et cela m'énervait. S'il m'avait pucé pour que je passe ma vie à conduire cette voiture, il aurait pu éviter et employer quelqu'un.

Au final, elle était là la solution, prendre cette BMW, et partir sans laisser de traces. Après tout, personne ne s'en rendrait compte. Il était au boulot, et Babeth était avec sa fille. Je m'emparai d'un sac dans l'armoire, et y glissa une multitude de vêtements divers. J'attrapai mon téléphone, me glissa dans mes baskets, et sortit de la chambre, en trombe, courant comme un enfant fuyant l'endroit de sa bêtise.

Elle était là, posée sur ces quatre roues, prête à rouler, à bruler le bitume. Je m'en approchai silencieusement, et fus agréablement surprise lorsque la poignée conductrice n'émit aucune résistance. J'oubliais qu'il aimait laisser les voitures ouvertes. Je m'engouffrai dans le véhicule, et le ferma à double tour. Je cherchai partout une trace des clés, et fus heureuse de les voir enclenchés dans le contact. Babeth avait été négligente de ne pas les reprendre avec elle. Je démarrai la voiture et partis sans plus attendre.


La traversée de la ville semblait éternelle. Les gens regardaient la voiture, me dévisageaient. Avoir une vingtaine d'années, et rouler dans une voiture, allemande, haut de gamme, et flambant neuve, pouvait attirer les jalousies, même dans une ville comme Beverly Hills. Je subissais les regards dans les embouteillages, mes yeux rivés sur l'horloge. Je devais quitter cette ville avant le retour de Ryan, prendre l'autoroute, fuir le plus vite possible. Il n'allait pas tarder à quitter son travail, et il allait se rendre compte que j'avais déserté la maison. Je décidais de gagner le sud du pays. Avec un peu de chance, j'arriverais à franchir les frontières du Mexique. Là-bas, je me ferais dépucer, même si cela devait être en toute clandestinité. Et ensuite, je retournerais voir ma famille qui me manquait.

Je roulais depuis une heure maintenant. J'avais pris un itinéraire parsemé de détours pour qu'il perde ma trace, et parcourait les routes suivant mes envies. J'étais plutôt calme, moi qui étais d'origine impulsive. Je lançai l'itinéraire, là où personne ne me trouverait, et valida. Une fois là-bas, je pourrais contacter mes parents, pour pouvoir envisager une solution.

Douze heures de route s'offraient à moi, il fallait que je tienne jusque-là. L'Allemande était très confortable. L'intérieur en cuir noir et rouge offrait du réconfort, c'était une voiture pour tailler la route. Je branchai mon téléphone sur la voiture, et mis de la musique qui me réconforta un peu. Suns of Thyme m'accompagna ainsi pendant une bonne heure. Il n'y avait rien d'intéressant sur l'Interstate 10. Des camions à doubler qui vous klaxonnent parce qu'ils voient un bolide, des jeunes qui essaient de jouer avec vous, et surtout, le désert, qui s'étend à perte de vue, sans horizon, parsemé d'auréoles au loin qui vous font croire à de l'eau.

DépendanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant