5 - Broke down

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CHAPITRE CINQ
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ACE

alunissons - nekfeu


Parfois je me demande si j'existe vraiment, et je ne me suis jamais autant posé la question que depuis ces derniers jours.

J'avais l'impression de ne plus exister, que l'on avait fait des choix à ma place toute ma vie, que je n'étais qu'une âme mise au hasard dans un corps et un univers qui ne lui appartenait pas.

Ce n'était pas qu'une impression.

J'ai ignoré les appels de toute ma famille durant ces trois derniers jours, et pourtant j'ai continué d'enseigner comme si j'étais toujours de leur côté.

Je le suis, en fait. Je n'ai pas le choix.

Je dois reprendre le flambeau de mon père. Si je ne le fait pas il compte tout détruire, toute la stabilité sur laquelle ma famille s'est construite, car il dit que je suis le seul en qui il a assez confiance pour remettre cette tâche.

Tu parles d'une tâche, c'est plutôt une énorme flaque là.

Une phrase, une seule, quelques mots avaient suffi à faire s'effondrer le seul rêve qui me restait.

Celui de vivre un futur paisible où j'étais quelqu'un de bien.

J'étais devenu un mafieux à la seconde où j'avais accepté. Enfin, accepter était un grand mot. J'ai plutôt cédé, car il n'y avait rien de plus important que la famille chez les Di Rosa.

Je me grattais de plus en plus fort sous la douche, comme si la propreté allait alléger le poids des péchés que je m'apprêtais à commettre jour après jours à cause de cette nouvelle carrière. J'étais triste.

- Monsieur ? Je crois que vous vous êtes trompés sur la date.

Je relève la tête et regarde l'écran situé à gauche derrière mon dos, avant de me rendre compte que le même contenu figure sur mon ordinateur puisqu'il est relié au projecteur du plafond.

J'étais déstabilisé depuis trois jours.

- En effet, merci de m'avoir prévenu, je dis en corrigeant.

Intello de merde.

Le silence reprend dans la salle car tout le monde copie actuellement mon cours, et ce n'est pas plus mal. Ça me laisse le temps de voir sous tous les aspects en quoi ma future vie va être un désastre.

Je vais devoir tuer des gens.

Je vais devoir vendre des choses illégales.

Je sens ma blessure me tirailler un peu donc je pose ma main dessus. Une bagarre avait explosé juste après l'annonce de mon père à la villa, mon grand oncle Matteo ne comprenait pas la décision de mon géniteur, personne ne l'a compris en fait. Le ton est monté et des partis se sont formés, j'ai essayé de partir en douce mais Matteo m'a bousculé et j'ai foncé droit sur la table en verre, dont le bout s'est enfoncé dans mon torse.

Il s'est excusé et on m'a soigné.

Mon nouveau métier faisait déjà des dégâts.

Je regrettais amèrement mon passage chez Ruby, je n'étais pas moi-même. Je m'en veux qu'elle m'ai vu aussi vulnérable, je m'en veux de m'être laissé absorber par mes émotions. J'étais allé chez elle car ça semblait plus simple, j'avais l'impression que c'était notre truc, de tomber sur l'autre dans la pire des situations.

D'ailleurs elle dort encore, et je vois bien aux regards de ses camarades que ses siestes répétitives deviennent dérangeantes. Peut-être ne supportent-ils pas qu'une fille puisse dormir au lieu de travailler.

DAHLIAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant