2 - I see the hidden side of you

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CHAPITRE DEUX
-
RUBY

Présent.

J'enfonce ma tête dans mon oreiller la sonnerie du réveil à peine entamée. Je redoutais cette journée. Je redoutais toutes mes journées, mais celle-ci était encore plus terrifiante.

C'est la première fois que je vais mettre les pieds au lycée depuis la mort de maman.

Je m'accorde encore quelques secondes les yeux fermés avant de me lever. Premier jour de ma seconde dernière année. J'espère que ce sera vraiment la dernière cette fois. Que papa ne va pas mourir ce printemps non plus.

Quel humour Ruby.

Je me dirige vers la salle de bain pour rendre ma tête un peu moins déterrée, mais c'était peine perdue. J'ai dormi une heure cette nuit. J'ai peur de foutre les pieds dans ce foutu lycée.

Il est évident qu'après l'incident, j'ai changé d'établissement, et j'ai redoublé puisque je ne suis plus allée en cours jusqu'à la fin de l'année scolaire. Ce n'était pas plus mal, je n'avais pas d'amis là bas.

J'ai été transférée dans un lycée en plein centre de Brooklyn, à une heure de chez moi, ce qui voulait dire que j'allais vivre dans un logement plus proche. Mon père a opté pour un studio non loin du campus. L'établissement était luxueux, et pour la haute bourgeoisie, mais ça m'arrange un petit peu. Personne ne me connaît là bas, personne ne sait. Alors qu'ici, je ne pouvais pas mettre un pied dehors sans devoir subir les regards désolés d'absolument tout le monde.

Je n'ai pas besoin de pitié.

Une fois mes cheveux brossés et l'uniforme du lycée enfilé, qui est constitué d'une chemise blanche à manches courtes, ainsi que d'une jupe à carreaux bleue et des bas blancs, je me dirige vers la cuisine, qui se situe en face de ma chambre. Une légère montée de stress envahissait mon corps à l'idée de faire une heure de route en voiture en tête à tête avec papa.

Il ne m'adresse plus la parole depuis l'incident, pour la simple et bonne raison que je n'avais pas versé une seule larme en sa présence ou en la présence de n'importe qui d'autre durant l'enterrement, la lecture du testament ou encore la visite à la morgue. «Ma fille est une pierre » M'avait-il dit.

Il est vrai que je porte plutôt bien mon prénom.

Cela ne m'empêchait pas d'avoir d'énormes crises de nerfs une fois seule.

Beaucoup de choses ont changé en six mois. J'ai complètement arrêté de fumer, je ne sais pas pourquoi. Je n'en ressentais tout simplement plus l'envie, ça ne me démangeait plus. Je me suis convaincue qu'il s'agissait du choc que sa mort avait provoqué, mais je sais au fond de moi que ce n'était pas le cas.

Ce n'était pas un choc, c'était un soulagement.

Était-ce mal d'être soulagée grâce à ce genre d'évènements ? Je suis presque sûre que non.

Deuxième changement important, mon père a déménagé à la maison et a stoppé ses déplacements pour s'occuper de la maison et de moi. Enfin, quand il ne m'ignore pas.

J'arrive à la cuisine en traînant des pieds, je repousse le plus possible le moment où je vais devoir enfiler les chaussures horriblement douloureuses qui font parties de l'uniforme obligatoire. Des bottines grises.

DAHLIAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant