Chapitre 5

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La secrétaire du ministre fronça les sourcils et le dévisagea longuement d'un air sévère avant de hocher la tête sèchement et de lui désigner un siège derrière lui, sans dire un mot.

Elle saisit sa baguette et fit un geste bref, enchantant un morceau de parchemin qui se plia en avion et décolla silencieusement en direction de la pièce entrouverte un peu plus loin, probablement le bureau du ministre Shakelbolt.

Drago s'installa en silence, sans se vexer de l'absence de politesse de la femme. Autrefois, il se serait peut-être agacé et aurait eu une réflexion désagréable. Ou il aurait exigé d'être reçu immédiatement, refusant d'attendre. Cependant, il était fermement décidé à ne pas se faire remarquer, quoi qu'il puisse se passer.

Après de longues minutes d'attente, la secrétaire se gratta la gorge et le fixa, les sourcils froncés.

— Vous pouvez y aller. Le ministre vous attend.

Drago se leva et prit une grande inspiration pour ne pas faire de réflexion sur l'accueil qui lui était réservé. Il frotta rapidement les mains sur son jean, nerveux, et se crispa pour cacher sa nervosité. Aussi prêt que possible, il hocha lentement la tête, sans un mot et se dirigea dans la direction indiquée, résistant à l'envie idiote de fuir toutes jambes, au plus loin de ce monde qu'il avait quitté.

Il passa une main nerveuse dans ses cheveux avant de frapper à la porte devant lui. Une voix bourrue lui donna l'autorisation d'entrer et il s'exécuta, le cœur battant la chamade.

Il entra dans le bureau du ministre en gardant un air neutre, observant l'homme qui lui faisait face, assis derrière un imposant bureau de bois sombre. C'était un grand noir chauve, habillé d'une robe sorcière bleu vif, contrastant singulièrement avec le solennel de sa fonction.

Il avait un anneau d'or à l'une de ses oreilles, et Drago fixa le bijou brillant alors que Shaklebolt le dévisageait tranquillement, les sourcils froncés, le jaugeant sans même s'en cacher.

Le jeune homme attendit devant le bureau, comme un écolier pris en faute qui aurait été convoqué dans le bureau du directeur. Il avait parfaitement conscience que le nouveau ministre le dévisageait ostensiblement pour l'humilier un peu — ou provoquer une réaction — mais il resta silencieux et ne montra pas le moindre agacement. Son père avait été un maître en matière d'intimidation après tout, et l'une des premières leçons qu'il avait dû apprendre était de rester parfaitement stoïque en toutes circonstances.

Finalement, Shaklebolt eut un léger sourire et tendit la main pour lui désigner la chaise face au bureau. Il parla lentement, d'une voix grave. Il brillait dans ses yeux une lueur d'amusement qui ne plut pas à Drago.

— Je vous en prie. Prenez place... Monsieur Malefoy.

Drago murmura un vague remerciement et il se crispa en entendant le patronyme qu'il n'utilisait plus. Il prit place en silence, posant les mains à plat sur ses cuisses, évitant de croiser le regard du grand sorcier imposant.

Le ministre soupira et prit une plume sur son bureau qu'il commença à faire tourner entre ses doigts, les sourcils froncés. Finalement, il se gratta la gorge, un peu hésitant comme s'il cherchait ses mots.

— Vous êtes un jeune homme difficile à trouver, monsieur Malefoy.

Drago grimaça légèrement et haussa les épaules, toujours aussi calme en apparence. Intérieurement, il était terrifié.

— C'était le but. J'avais besoin de... prendre un nouveau départ.

Le silence retomba, inconfortable pour Drago. Shaklebolt hocha lentement la tête, comme s'il venait de prendre une décision, puis il assena la nouvelle, brutalement, sans cesser d'observer Drago, épiant chacune de ses réactions.

— Votre père, Lucius Malefoy, est décédé.

Drago cligna des yeux, sous le choc.

Il resta sans réaction visible, glacé, incapable de savoir comment il devait réagir à cette annonce.

C'était son père, il l'avait admiré et aimé. Puis, il lui en avait voulu et il l'avait même détesté à une époque.

Depuis le jour où il avait quitté le monde magique, il n'avait pas pensé à ses parents, enfermant soigneusement leur souvenir au fond de sa mémoire. C'était trop douloureux de penser à eux et de se demander s'ils allaient bien ou s'ils avaient été jetés à Azkaban. Il avait accepté qu'il ne les reverrait jamais et il en avait fait le deuil.

Ce retour à la réalité brutal le laissa assommé et un peu hagard. Il déglutit et hocha prudemment la tête, cherchant désespérément quelque chose à dire. Finalement, il soupira, et baissa la tête pour se concentrer sur ses doigts, crispés sur ses cuisses. Après avoir passé la langue sur ses lèvres sèches, il murmura, indécis.

— C'est pour ça que vous m'avez fait venir ?

Le ministre soupira et remua des papiers sur son bureau, se donnant une contenance. Finalement, il répondit doucement, sans regarder Drago.

— Je suis désolé, monsieur Malefoy.

Drago sursauta, piqué au vif et il répondit aussitôt, presque machinalement, trop perdu dans ses pensées pour contrôler ses paroles.

— Black. Je ne m'appelle plus Malefoy, monsieur. J'ai pris le nom de jeune fille de ma mère.

Le ministre croisa les doigts sur son bureau, et le fixa un bref instant avant d'afficher une légère grimace, presque imperceptible.

Cependant, Drago se tendit immédiatement, pressentant que le décès de son père n'avait été qu'un prétexte pour l'attirer dans le monde magique et qu'il n'allait pas tarder à découvrir le véritable motif de sa présence au sein du ministère de la Magie.

Shakelbolt se gratta la gorge, puis hocha la tête, évitant de regard gris fixé sur lui. Il posa ses parchemins devant lui et les lissa soigneusement, puis il annonça avec un petit sourire.

— À ce sujet... je suppose que vous n'êtes pas sans savoir qu'en changeant de nom de cette façon, vous vous placez sous l'autorité du chef de la famille Black, selon les lois du monde magique.

Drago s'autorisa à se détendre légèrement. Il répondit calmement, s'obligeant à garder un ton neutre.

— Sauf qu'il n'y a plus de chef de famille depuis des années. Ma grand-tante est décédée sans laisser d'héritier en mesure d'assumer ce rôle.

Il y eut un lourd silence et Drago s'agita sur sa chaise, soudain mal à l'aise, avec l'impression d'être tombé dans un piège grossier. Il fouilla sa mémoire, essayant de se remémorer tout ce que sa mère lui avait dit sur sa famille. Il en savait trop peu pour pouvoir être sûr de lui, malheureusement. La formulation que le ministre avait employée laissait entendre qu'il avait omis un détail dans la généalogie de la famille Black et qu'il s'était piégé tout seul.

Il eut envie de quitter ce bureau, de refuser d'en entendre plus pour retourner se fondre dans le monde moldu. Et de ne plus jamais répondre à aucun courrier venant du monde magique.

Sous TutelleDonde viven las historias. Descúbrelo ahora