Chapitre 23

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Aya : Je peux dormir chez vous, ce soir ? 

Le texto qui chamboule tous nos projets de soirée. Ben et moi devions entamer un travail de groupe en traduction ce vendredi soir de manière à ce que mon samedi soit libre pour mon deuxième rencard avec Tristan. 

Ben : Bien sûr. Lou vit déjà chez nous. Une personne de plus ou de moins...

Je distingue sa réponse par-dessus son épaule et la tape en me défendant :

— Je ne vis pas chez vous ! 

Ben me jette un regard sceptique.

— Combien de nuits as-tu dormi ici ? Ça m'arrange, de toute façon ! Tu profites de ton mec et moi, je profite de mon meilleur ami. Tout le monde y gagne. D'ailleurs ! s'exclame-t-il en un hoquet de révélation. Pourquoi est-ce que tu ne viendrais pas habiter ici, pour de bon ? Comme ça, vos soucis financiers seraient réglés. Enfin, disons que tes parents n'auraient pas à payer un appartement où tu ne passes même pas un quart de ton temps. 

Mes joues répliquent par leur rosissement timide. 

— Ça fait quoi ? Deux, presque trois semaines que nous sortons ensemble. 

— Et alors ? bougonne Ben. Trois semaines, c'est largement suffisant pour vous vous dévoriez la bouche toute la journée ! En quoi ça perturberait votre relation que tu vives ici ? En plus, si ça te gêne à ce point, nous avons une chambre d'ami. Tu pourrais l'utiliser jusqu'à ce que...avec Tristan, vous vous mettiez au flamenco.

Au flamenco ? Je hausse un sourcil, perplexe. Et je saisis son sous-entendu. C'est à l'instant où  j'étouffe Ben avec son oreiller que Tristan décide d'entrer dans la chambre de son cousin sans toquer. Il me voit au-dessus du blond, appuyant l'arme du crime contre son visage, pendant qu'il se débat, et il ne réagit absolument pas. Sur un ton tout à fait indifférent, il s'enquiert : 

— Je vais faire les courses au supermarché. Avez-vous des envies particulières ? De plats ou de...?

— Du chocolat praliné noisette !

Ben me renverse pour répondre à son cousin, je finis par terre, l'oreiller sur mes genoux.

— Non, du chocolat blanc... Oh, ou du chocolat blanc à la noix de coco !

— En bref, tu veux du chocolat, tranche Tristan. Et toi, Lou ?

— Des fraises, s'il te plaît.

— Des fraises enrobées de chocolat ! 

— Non, Ben, juste des fraises. Tu n'étais pas censé faire un régime ?

Le blond m'adresse un regard foudroyant. Quoi ? Qu'est-ce que j'ai dit ? C'est lui qui annonçait avant-hier débuter un régime pour perdre un peu de gras et « plaire à Sébastien ».  

— Selon toi, je n'ai pas besoin d'un régime, marmonne-t-il.

— Je confirme ! Un régime serait tout bonnement inutile pour séduire Sébastien, puisqu'il est déjà fou amoureux de toi et que vous attendez un déluge pour vous déclarer vos sentiments. 

Tristan s'apprête à prendre congé, fuyant notre conversation de meilleurs amis, mais la sonnerie de l'entrée retentit dans la maison. Ben bredouille quelque chose à propos d'Aya et nous fonçons au rez-de-chaussée, abandonnant le châtain, confus. En tirant le battant, nous découvrons une jeune femme au bord des larmes, et surtout au bord de la crise de nerf. Elle porte un sac à bout de bras et n'attend pas d'être invitée pour entrer, débutant automatiquement les cent pas dans le couloir. 

— Ils veulent que je fasse le Ramadan, cette année ! Ils ont insisté pour que je reste à la maison, que je prie cinq fois par jour, que je passe du temps avec la famille. Je n'en peux plus ! Quand j'ai refusé, ils m'ont suivi jusqu'à mon logement. Vous vous rendez compte ? J'ai fait bouger mon père de son canapé ! 

Sunshine ProtectorWo Geschichten leben. Entdecke jetzt