Chapitre 20

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Il y a une semaine, je déprimais à l'idée de tirer un trait sur mon crush et là, j'ai dormi toute la nuit contre lui, je me réveille avec son bras autour de mon dos, m'attirant à lui. J'ouvre les yeux en premier, baignant dans nos respirations calmes. Dans un réflexe idiot, je maintiens mes lèvres closes pour lui épargner mon haleine du matin. Ainsi exposé, je ne me gêne pas pour l'observer ; ses joues rougies par la couette, ses cheveux châtains en pagaille sur l'oreiller, j'en dégage quelques mèches de son visage. 

— Tu as bien dormi ?

Sa voix éraillée me prend au dépourvu, j'en tressaille et il resserre sa prise sur moi, nous rapprochant davantage. Je baisse la tête, le front contre son torse. Nous dégageons une chaleur étouffante, mais agréable. Je m'en rendormirais si Tristan ne se réveillait pas. Il gigote un peu, se replace et soupire d'aise. Nous demeurons l'un contre l'autre un moment jusqu'à ce que je me souvienne de sa question. 

— Tu fais un très bon coussin. Comment aurais-je pu mal dormir ?

Il glousse. J'aime le voir sourire dès le réveil. Son aveu lors de notre appel vidéo me revient tout à coup. Ma bonne humeur et se réveiller dans le même appartement que moi lui manquaient ; je me mets à sourire bêtement. Tristan s'en aperçoit et sa bouche s'étire à son tour. Sa main remonte le long de mes côtes, nos yeux s'accrochent et cette fois, je retiens mon souffle malgré moi, hypnotisé par cette vue angélique. Ses doigts caressent mon épaule, ma nuque et retracent la ligne de ma mâchoire. J'ai l'impression que l'espace diminue de plus en plus entre nous. 

Pause ! Est-ce qu'il va m'embrasser ? Là ? Au réveil ? Avec nos haleines actuelles ?! Oh my God ! Une boule d'appréhension se forme dans mon estomac, rapidement transformée en douce sensation. Du désir ? Je ne saurais le dire. Mes paupières papillonnent et se ferment, laissant libre cours à ce qu'il s'apprête à se produire... C'était sans compter mon réveil, programmé tous les jours à neuf heures. La sonnerie retentit d'un coup. Je bondis hors de ses bras, me jette sur la table de chevet et le désactive, tout en lâchant mon rire nerveux le plus forcé.

Il n'a pas bougé d'un pouce, m'observant tranquillement. Je fuis ou je reste ? Pour une fois, je choisis de me rallonger sous la couette – encouragé, en partie, par le froid ambiant. Il en profite pour basculer au-dessus de moi ; mes poings se crispent sur les draps et mon cœur effectue deux ou trois loopings. Je déglutis avec peine, quoi que fébrile à la pensée de nos lèvres ne faisant plus qu'un. Tristan ne s'avance pas, néanmoins. Il guette ma réaction et finit par admettre dans un chuchotement qui coule lascivement à mes oreilles :

— Je me demandais si tu repousserais un contact plus...intime. Ne t'inquiète pas, comme je te l'ai déjà dit, je ne franchirai aucune limite sans ton approbation.

— Et si j'ai envie de te donner mon approbation, mais que j'ai quand même peur ?

— On y va à notre rythme, répète-t-il. En plus...

Une lueur espiègle s'allume dans ses yeux.

— ...je préfère attendre que tu sois prêt et que tu le réclames de toi-même.

Un félin à la patience de fer, se préparant à dévorer la pauvre souris à la première occasion. Des baisers, des caresses ne me dérangeraient pas tant que ça, je pourrais m'y habituer et ne plus en avoir peur, mais je n'ose pas lui dire. Je n'en ai pas besoin. Il lit tout dans mes incertitudes. 

Tristan se penche légèrement. Il embrasse avec une délicatesse inouïe ma pommette, descend sur ma mâchoire, longe la courbure de mon nez, tout en me frôlant, peau contre peau. Qu'importent les doutes en moi et mes barrières internes, je suis sur le point de céder et de lui offrir ce qu'il désire, réclamer ses lèvres sur les miennes, mais...une nouvelle intervention casse complètement notre jeu dangereux.    

Sunshine ProtectorWhere stories live. Discover now