Chapitre 11

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Je suis en plein milieu d'un rêve. Ça ne me dérangerait pas qu'il dure des heures, toute ma nuit si possible. Il n'est pas compliqué, en toute simplicité. Allongé sur un lit, couvert par la chaleur de la couette, Tristan est assis sur le rebord, à moitié penché sur moi. Il me chuchote des mots doux, je ne les comprends pas, mais je sais à l'expression sereine de son visage qu'ils me plaisent. Une main dans mes cheveux, il les caresse lentement, dégageant mes yeux papillonnant, endormis. 

D'un côté, je me maudis pour l'autoriser à me pourchasser même dans mon sommeil ; d'un autre, c'est si agréable que je ne me réveillerais pour rien au monde. Ses mots deviennent de plus en plus clairs au fil des secondes, ses traits aussi. Il s'est récemment douché. Ses cheveux humides collent à ses tempes. Une goutte s'en échappe, atterrit sur ma joue, la sensation est tellement réaliste. Le parfum mielleux de son shampoing m'englobe dans un cocon à la fragrance gourmande.  

— Je ne veux pas me lever, marmonné-je. Je ne veux pas sortir de là.

Tristan, ne me force pas à te quitter. Il n'y a que dans mes rêves que je peux profiter de ta présence chaleureuse, de cette manière. Sans embarras, ni regret. Sa voix, rendue rauque par son murmure, coule en une mélodie séduisante à mes oreilles : 

— J'imagine, Lou, mais le déjeuner est prêt et ton ventre gargouille.

Quoi ? Je rouvre un œil, puis deux, renifle et discerne une odeur de pomme de terre. Ce rêve paraît définitivement trop réel. Oh... Oh ! Sous le coup de la surprise, je me décale en un bond, me cognant la tête contre les escaliers au-dessus du canapé-lit.

— Ce n'était pas un...

Je me retiens de justesse. La main de Tristan demeure un instant en suspens, comme si mon éloignement soudain l'avait brûlé et je me demande si je ne l'aurais pas vexé. Mon ventre me tire de cette situation en grondant méchamment.

— Ben termine sa douche, tu es le prochain, conclut Tristan en partant vers la cuisine.

Pause ! Tristan me caressait les cheveux. C'était trop mignon de sa part, et surtout trop inhabituel. Une autre réalité me frappe ensuite. Je suis torse-nu, en caleçon, et mon bond en arrière m'a arraché la couette. Je me dépêche de me recouvrir sous le gloussement d'Aya. Peu à peu, je quitte la brume qui m'aveuglait. Nos deux aînés préparent notre déjeuner et la jeune femme me fixe, divertie par mes réactions. J'ai besoin d'une explication. Elle le devine sans mal et me rejoint sur le canapé-lit.

— Ben, Malik et toi avez dormi toute la matinée. Je suis restée là, au cas où le réveil serait difficile. Tristan et Sébastien ont fait les courses pendant ce temps.

Puis, elle se rapproche, se colle quasiment à moi et murmure si bas que je peine à intercepter ses mots :

— Je crois que Tristan a un truc avec toi. Il est super attentionné depuis quelques semaines.  

Je la bouscule pour toute réponse et fuis dans la salle de bain, ravi que Ben en sorte à cet instant. Il me parle, je l'écoute à peine et saute dans la douche. L'eau bouillante me fait le plus grand bien et me remet les idées en place.

Une fois habillé, Sébastien appelle tout le monde dans la véranda où Malik termine de poser les couverts sur la table. L'ambiance semble déséquilibrée. Les conversations fusent, mais certains sourires sonnent faux. Je me rappelle ainsi de la soirée, de la boîte de nuit et de l'état déplorable de Ben. Il faudra en discuter, d'ailleurs. Je déverrouille mon portable par réflexe et découvre deux messages de Nathan. Je l'aurais presque oublié ! Sans alcool et avec les pensées éclaircies, je me souviens de ses taches de rousseur, de son rictus franc, de sa délicatesse et de ses compliments. Autant de raisons qui me font glousser bêtement.

Sunshine ProtectorTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon