Chapitre 8

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Bien que j'étais exténuée, je n'ai pas pu dormir sur mes deux oreilles. L'image effrayante d'Amos avec des crocs et des yeux mauves hante mon esprit. Je ne peux m'empêcher de me questionner sur les causes de ce changement soudain. Mais une telle métamorphose physique n'est tout simplement pas possible.

En réfléchissant, je réussis à trouver une explication rationnelle. Je ne suis pas une habituée de la montagne et encore moins à une telle altitude. Sans doute la raréfaction de l'air me cause des hallucinations. Cela peut être plausible.

N'est-ce pas ?

Si ça se trouve, toute cette journée n'était qu'un rêve, et mon corps est toujours allongé dans la neige, là où je me suis évanouie. Peut-être ne me suis-je jamais réveillée. Et tout cela n'est donc pas réel.

Réalité ou pas, je dois me méfier d'Amos. Je ne peux pas être certaine qu'il ne pétera pas un câble à nouveau. Je ne dois pas oublier que c'est un inconnu. Qui sait quels autres mystères planent autour de cet homme.

Je suis réveillée quelques heures plus tard par un bruissement d'étoffe. Lorsque je me retourne, la grotte est vide. Je me redresse vivement.

Est-ce qu'Amos m'a abandonnée ? Est-il parti à la recherche de Théo sans moi ?

Du calme, Lilo. Il est sans doute parti pisser.

Tout de même très curieuse, j'attrape mon sac à dos et ma doudoune avant de sortir de la grotte.

Dehors, le jour s'est levé. Le vent ne souffle presque plus, mais la neige continue de tomber à gros flocons. Je commence à croire que cette tempête n'est pas normale.

Je regarde tout autour de moi, mais n'aperçois Amos nulle part. Je ne vois que des sapins, des arbres morts et des tas de rochers enneigés. Mais je constate les empreintes de ses bottes sur la neige fraiche.

Hum, je peux peut-être le suivre de cette façon.

Je jette un coup d'œil à la petite grotte derrière-moi. Je pourrai rester tranquillement ici et attendre qu'Amos revienne. Mais il pourrait ne jamais revenir. Sinon, je peux suivre ses traces et le retrouver. Avec un peu de chance, il ne marche pas trop vite et je pourrai le rattraper.

Mais dans ce cas, j'ai intérêt à vite me décider, parce que la neige commence à recouvrir les traces.

Je prends ma décision et marche sur les pas d'Amos. Je remonte la piste durant de longues minutes. Mais alors que je m'approche d'un immense rocher, il n'y a plus aucunes traces.

-Mince, où est-ce qu'il a pu passer ?

Je lève les yeux en l'air. Il est impossible qu'il ait escaladé la roche sans équipement. Je baisse la tête vers les dernières traces. Elles s'arrêtent pourtant juste en face du bloc de pierre.

J'analyse la roche à la recherche d'une possible faille. Et en m'accroupissant, je constate un étroit passage creusé au pied du grand rocher. Si je retire mon sac, je devrais pouvoir passer. C'est alors ce que j'ai fait. Puis je m'allonge sur le tapis blanc gelé et me glisse dans l'ouverture.

Mon corps passe tout juste, et je croise les doigts pour que je ne me retrouve pas coincée en chemin. Ce serait bête de mourir ainsi. J'attrape mon sac par la lanière et tente de le ramener vers moi, mais impossible. Le sac est trop gros et ne passe pas.

Je soupire. Tant pis, il va falloir que je le laisse là. En espérant que je puisse revenir le chercher plus tard.

Je m'aventure plus profond sous la roche, en rampant comme un apprenti soldat. Plus je progresse, et plus la paroi descends. J'essaie de calmer ma respiration, mais c'est difficile. J'ai bien peur d'être un peu claustrophobe. En plus, je commence à ne plus rien y voir.

Maudit Smilodon !Where stories live. Discover now