11. Sombrer

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Les rayons du soleil vinrent me caresser le visage, me tirant ainsi de mon frêle sommeil. On ne pouvait pas dire que j'avais passé la meilleure nuit de ma vie, je me souvins m'être réveillée à plusieurs reprises.

Je regardai l'heure affichée sur mon portable et il y était indiqué 11h15.

Est-il toujours là ?

Je me levai du lit avec appréhension, jusqu'à ouvrir la porte de ma chambre qui grinça sous l'effet de l'usure. Lentement, j'aperçus que le canapé était vide. Je balayai les environs du regard pour être sûre qu'il n'était pas là, mais il était bel et bien parti.

C'était enfin fini, il n'appartenait plus qu'à une histoire lointaine que j'enterrerai parmis mes souvenirs indésirables.

Je me changeai rapidement, fermai la porte de l'appartement et descendis les escaliers.

Arrivée en bas de l'immeuble, je croisai deux hommes, qui je le devinais êtres les hommes d'Isaac, postés devant la porte d'entrée. Je les saluai par politesse mais ils n'en firent pas de même alors je me dit qu'ils étaient tout aussi aigri que leur patron et que cela ne m'étonnai donc guère.

Dehors l'hiver dominait toujours la ville, le ciel n'était qu'un soupirail et le soleil se faisait pauvre.

Je passai devant les mêmes sans-abri qui ornaient la rue chaque jour de l'année et vis qu'ils avaient réussit à couvrir leurs corps mourants de couvertures qui n'étaient certainement pas de tailles face à l'aigre brise.

Dans leurs gobelets, plus de neige que de pièces. Leur dure réalité me frappa d'autant plus lorsque je réalisai que je ne tarderais pas à les rejoindre si ma quête de travail se faisait encore veine aujourd'hui.

Après quelques minutes de marche, je parvins à la bouche de métro assez vide où je ne suis entourée que de quelques retardataires.

L'homme à mes côtés, au costard gris trop serré et à la mallette débordée de paperasse, ne décrochait même pas les yeux de sa montre, tandis que son pied se mouvait sous le poids des son irresponsabilité.

Une ambiance pesante, mais quotidienne, dans cette ville grisâtre qui ne faisait qu'assombrir mon âme de jour en jour. Je me mis à penser aux beaux couchers de soleil, au ciel azur dégagé et à l'odeur salée de la mer de ma ville natale, et le contraste ne faisait pas photo.

Rendant cet instant plus déprimant que qu'il ne l'était déjà, je cessai d'y penser et me contentai de monter dans le métro qui venait d'ouvrir ses portes devant moi.

Je quittais Brooklyn pour aller du côté de Manhattan comme d'habitude. Une fois passée sous l'East River, je descendis au premier arrêt et me dirigeai vers les enseignes les plus proches du coin.

Tout en longeant les rues, je jetai quelques coups d'oeil aux vitrines dans lesquelles j'apercevais de belles robes.

La soirée tant attendue aura lieu d'ici quelques semaines et j'avais déjà annoncé à Anne que j'acceptais la proposition, aussi pesante la responsabilité soit-elle.

Cela s'était fait naturellement, elle m'avait reposée la question la fois dernière et le mot « oui » avait quitté ma bouche dans un automatisme déconcertant. J'avais ensuite tentée de lui expliquer que ma réponse était sortie sans y avoir promptement réfléchie, or elle ne m'écoutait déjà plus qu'elle était déjà au téléphone avec Emily.

Je n'avais pas plus insisté que cela, car je savais néanmoins qu'au fond de moi une sorte d'excitation commençait à voir le jour. C'était une sensation agréable, que je voulais prolonger. Je crois que je voulais aussi regoûter au fruit défendu le temps d'une soirée, juste pour voir.

RENAISSANCEDonde viven las historias. Descúbrelo ahora