2. Vrai visage

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Le coeur battant, je me tenais devant la fenêtre, mes yeux scrutant l'obscurité de la nuit hivernale. La fenêtre était embuée par le froid et les reflets de la lumière extérieure se dessinaient faiblement sur la vitre. Ma respiration se mêlait à la condensation, créant un léger brouillard dans lequel j'observais avec attention.

Finalement, il semblerait que plus personne ne rôdait dans les parages. Un léger soupir de soulagement s'échappa de mes lèvres, et je sentis un poids s'alléger de mes épaules lorsque je compris qu'il n'y aurait pas de représailles ce soir. Dans quoi est-ce que tu t'es embarquée putain ?

J'allais devoir dormir sur le canapé, d'autres choix ne s'offraient pas à moi. Mon studio n'était pas très grand, et certainement pas en capacité d'héberger deux personnes, mais il allait falloir faire avec.

Je me mis à nettoyer et à jeter les tissus et compresses tachés de sang qui étaient dispersés sur la table basse et sur le sol. Je frottai le chiffon encore et encore sur les quelques traces de souillures ci et là, et pourtant l'odeur métallique du sang régnait toujours dans l'air à m'en donner des hauts-le-coeur.

Finalement, je laissai tomber et retournai me laver les mains en cuisine. L'impression d'avoir touché un interdit me collait à la peau.

J'avais maintenant sous ma responsabilité la vie d'un homme, d'un être à part entière, ce qui n'était pas des moindres.

Je retournai dans ma chambre, et m'approchai lentement du lit sur lequel il reposait. 

Il avait à présent le visage détendu contrairement à tout à l'heure, et semblait dormir profondément sous l'effet de la piqûre que le médecin lui avait injecté.

Une fine couche de poussière et de sueur recouvrait sa peau, donnant à sa peau une teinte terreuse. Des traces de boue et de crasse s'accrochaient à ses joues et à son front, et je pouvais dire adieu à mes draps propres.

Je me demandai ce qu'il s'était passé, et qui étaient ces hommes qui s'en étaient prit à lui.
Qui était en tord dans cette histoire ?

Je laissai échapper un soupire de résignation, sachant que je n'aurais jamais de réponse à mes questions. Ma frustration sera enfouie en moi à jamais. Pourvue que toute cette histoire se termine au plus vite.

La lueur argentée de la lune qui traversait la fenêtre caressait son visage, créant des ombres douces et délicates sur ses traits masculins.

J'observai chaque détails de son visage. De sa mâchoire carré à ses longs cils, puis descendis au niveau de son corps. Son torse nu était recouvert de bandages, mais laissaient partiellement entre-voir son corps parfaitement taillé. Ses abdos étaient saillants, comme je n'en avais jamais vu de tels, et j'avalai ma salive alors que mes yeux se posèrent malgré-moi sur sa ceinture d'Apollon.

Des tatouages le recouvraient et je pus en distinguer quelques-uns qui l'ornaient tel un chef-d'oeuvre. Cet homme semblait avoir été taillé dans la pierre. L'admirer semblait même m'être interdit. 

J'arrêtai de l'observer aussi perversement, et ajustai la couverture de fortune pour venir le recouvrir entièrement. Je récupérai les quelques mangas Nana qui trainaient sur la table de chevet, avant de quitter la pièce.  

°°°

Des bruits de pas me réveillèrent en sursaut. Le coeur battant, j'ouvris les yeux et remarquai que je m'étais assoupie avec mes vêtements. Le manga sur ma poitrine tomba au sol dans un bruit sourd. Je m'étais endormie en lisant. 

Autour de moi, la pièce était à peine illuminée par les rayons du jour. Quelle heure est-il ?

Je frôlai la crise de panique lorsque je vis cet homme sortir de ma chambre en trombe, quand je me souvins rapidement des événements de la veille.

RENAISSANCEOnde histórias criam vida. Descubra agora