" C'est nous les tâches invisibles" Médine

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                                                                    TW : violence et meurtre


5 minutes plus tôt, au Manoir de la Meute :

Evan était à son bureau, paisiblement installé, lisant le compte rendu de ce voyage d'affaires. Il avait envoyé un sms à Aéna pour savoir si elle voulait dîner avec lui. Elle ne lui répondit pas. Din l'avait informé par message et via des photos des tags insultants faits sur la porte de la chambre de sa Luna. Ils avaient trouvé les coupables et les avaient sanctionnés. Il s'agissait de quelques Maids, éprises de l'Alpha, en voulant à Aéna d'être Luna...Elles en voulaient au Destin, à la plume invisible qui bouscule les sens et les événements, et cela, Aéna n'en pouvait rien.  Elle pouvait juste avancer, et se protéger des bris qui voulaient la malmener...

Il souligna d'un trait rouge une phrase dans le compte rendu qu'il lisait sur les accords de transfert d'armes lorsqu'une vive douleur le prit à la gorge. Il se sentit suffoquer, comme si deux mains invisibles lui enserraient le cou et pressaient, encore et encore...Dans sa tête, une détonation de pure détresse le prit, lui coupant le souffle. Le supplice de la douleur, physique, psychique, transcendant sa corporalité, lui faisait peur... L'horrifiait... Car il savait...

Il se leva , titubant, tremblant, entre panique et rage, renversant son bureau dans sa quête de sens, sa quête d'air, d'un échappatoire à la douleur... Isaac entra en courant, alerté par le bruit soudain et les bris fracassants.

- Alpha ! hurla-t-il en se précipitant vers lui, tentant de comprendre ce qu'il lui arrivait, ce qui l'avait rendu ainsi. Il voyait ses prunelles changées, d'un écarlate flamboyant montrant que le lycan était à la verge de sa conscience.

- Luna... Il faut qu'on trouve Aéna... gronda-t-il, tremblant de rage et d'horreur à la fois. Que lui arrivait-il pour que leur lien, ténu, lui transmette un calvaire digne d'une damnation...

- Din est avec elle...

- Allons-y... Quelque chose ne va pas...

Lorsqu'ils arrivèrent là où était Aéna, la douleur se fit plus intense, comme si la conscience de la jeune fille menaçait de se retirer. Il entra dans le club sans même poser un regard sur le videur qui tenta de les interpeller. Isaac s'en chargea, sifflant :

- Ratayon a des choses à régler.

Le videur blêmit, sortit son smartphone pour contacter ses responsables.

Lorsque Evan entra, il sentit immédiatement une odeur qui prenait le pas sur toutes les autres. Se superposant aux divers parfums mêlés d'une odeur de tabac et d'alcool, surfant sur les subtils touches de sueur, il y avait cette odeur. Celle se son sang.

Et, semblant atteindre ses sens, ébranler son ouïe avec un millième de seconde de retard après l'odeur, un hoquet de douleur... Il glapit d'horreur, fébrile, levant les yeux vers l'étage de la salle et le vit. Un homme, assis sur son âme sœur, la rouant de coups, ses phalanges imbibées de son sang, sa voix lui vociférant des mots qu'il n'entendait pas. Il entendait juste sa douleur qui semblait faire écho en son corps. Comme si là une seule vie se trouvait brisée par cette violence, une centaine se brisait.

L'écho de sa douleur qui le tétanisa juste un battement de cil sembla se répercuter sur toute la meute dont l'inconscience collective subissait le second hoquet de douleur de leur Luna. Din intervint, fébrile, brisé, aussi fiévreux de cette effervescence de violence que tous les membres de la meute.

Evan se retrouva à l'étage sans vraiment savoir quand son corps avait bougé. Cela n'augurait rien de bon, car cela signifiait que son lycan prenait le pas sur sa conscience... Mais il ne pouvait pas le laisser front, il ne pouvait pas le laisser prendre le dessus. Aéna ne le connaissait pas encore, elle pouvait prendre peur...

- EVAN ! le cri de son âme sœur le ramena à lui, loin de son conflit interne avec son lycan. Elle était la seule priorité, et cela, le lycan le lui reconnaissait bien : il n'avait pas lutté pour garder la conscience.

Il fut devant l'incarnation de la violence en une inspiration, se diffamant pour ne pas avoir pu contrôler son lycan, pour avoir perdu une seconde... Seconde qui suffit à cet être affamé et abject pour arracher le pull de Aéna qui, il le sentit au fond de son coeur meurtri, se brisa un peu plus...

Meurs, gronda-t-il en le tuant d'un geste simple et efficace, lui arrachant la carotide.

Aéna gisait là, inerte, son pull en lambeaux, son bustier étant le seul barrage entre le monde et sa nudité... Evan la couvrit d'un geste, tremblant en la prenant dans ses bras. Elle pleurait et ses larmes, ses sanglots le brisaient, l'accablaient de chagrin et d'horreur.

- Désolé t'avoir tardé, Aéna, je suis tellement désolé... laissa-t-il échapper à son oreille en la gardant dans une étreinte soutenante et protectrice, comme s'il voulait la garder loin du monde, loin de la violence, loin de tout...

- Il... Il... hoquetait-elle, incapable de formuler sa crainte, son horreur, ses hoquets et ses sanglots rendant même sa respiration erratique.

Il la berçait, sous le regard accablé de Isaac et Din qui, les mains couvertes de sang frais goutant dans un bruit sourd, n'osaient bouger. Comment en étaient-ils arrivés là? Qu'est ce que Aéna faisait dans un club tenu par les vampires de la ville ? Elle laissait le confort, l'épuisement, la douleur, l'emporter : elle était avec lui, la seule personne qu'elle avait envie de croire en ce monde qui n'avait eut de cesse de la briser.

- Alpha Ratayon, je pense qu'une discussion s'impose, lança une voix de glace dans leur dos.

Evan se redressa, sa Luna endormie dans son étreinte, calée contre son buste. Il posa un regard frigide sur le Seigneur Vampire dont l'approvisionnement en sang frais passait par une des firmes de la Meute. Ils organisaient des meetings de donation mensuelle pour que les mortels leur donnent volontairement leur sang. Les vampires n'avaient pas le droit de chasser dans la Région de Bruxelles Capitale qui était sous la juridiction et donc la protection des Ratayon. La survie de la communauté vampirique à Bruxelles dépendant de cet approvisionnement, ils n'avaient pas intérêt à se mettre la Meute à dos.

- Je vous attends au Manoir dans l'heure, l'informa Evan d'une voix terne et sévère. Je ne tolérerai aucun manquement à vos engagements.

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Au Nom de ma Liberté...Where stories live. Discover now