9. Empreinte indélébile

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- On te redonnera le fric, maintenant rentre chez toi si tu ne veux pas te faire agresser à nouveau ou crever de froid.

- Vous n'avez pas à payer le prix de mes erreurs. Je me débrouillerais, dis-je fermement. Et puis ça ne te regarde pas.

Il me restait encore un peu de dignité et de fierté en moi pour m'empêcher de mendier de l'argent à ces gens-là. 

- Pourquoi est-ce que t'es têtue à ce point ? souffla-t-il.

Je ne répondis rien face à mes larmes qui menaçaient de couler et continuai de ramasser ces pauvres billets pour m'occuper l'esprit et m'éviter une chute émotionnelle devant lui. La lutte pour retenir mes sanglots était de plus en plus difficile. Je ne voulais pas me disputer de nouveau avec lui. Ce n'était ni le lieu, ni le moment.

À mesure que je cherchai en vain, mes gestes se faisaient désordonnés, chaotiques. Mes cheveux s'étaient échappés de leur attache, s'emmêlant dans ma frénésie.

Les flocons de neige se transformaient en une bouillie glacée sous mes doigts tremblants. Mes mains engourdies s'agitaient comme si chaque seconde comptait et que ma vie entière dépendait de cette récupération. La froideur de la glace mordait ma peau, mais j'ignorais la douleur, concentrée uniquement sur ma quête.

Des larmes s'immisçaient dans mes yeux, se mélangeant aux flocons qui fondaient sur ma peau. La frustration grandissait en moi, mêlée à un sentiment d'injustice.

Les billets semblaient se jouer de moi, disparaissant sous les cristaux givrés, se confondant avec le paysage hivernal. La neige s'infiltrait sous mes ongles, la glace me brûlait, mais rien ne pouvait atténuer ma quête obsessionnelle.

Les secondes se transformèrent en minutes, les minutes en une éternité torturante. Des mots incohérents s'échappaient de mes lèvres, un mélange de prières, de jurons et de suppliques désespérées.

Je creusais, fouillais, lançais des poignées de neige dans tous les sens, espérant que les billets se révèlent soudainement, comme par magie.

- Arrête-toi, merde, me dit-il en me saisissant soudainement le bras.

- LAISSE-MOI TRANQUILLE ! m'écriai-je en lui faisant volte-face dans un élan de colère, repoussant violemment son bras par la même occasion.

Son visage se figea dans une expression d'étonnement et de confusion face à ma colère tourbillonnante, avant de me relâcher.

Et ma colère impulsive fut vite rattrapée par la peine que je refoulais depuis tout à l'heure. Une première larme quitta mon oeil. Puis une deuxième. Et une troisième. Avant de se transformer en une avalanche inévitable.

Je baissai alors la tête vers le sol afin de cacher mon visage, brisant ce contact visuel qui m'était plus douloureux qu'autre chose. Le peu de dignité qui me restait s'envola à son tour.

- Pars, lui ordonnai-je dans un faible murmure, de ma voix fissurée.

Mais il ne bougea pas.

- PARS ! m'écriai-je alors dans un cri plus chagriné cette fois.

Il ne daignait partir alors j'ouvris la bouche pour me répéter lorsqu'il pesta avant de tourner les talons pour enfin s'en aller.

Le silence retomba autour de moi, lourd et oppressant. Voilà c'est ça. Je veux être seule.

Mes bras entourèrent mes jambes repliées contre ma poitrine, formant une forteresse fragile dans laquelle je me réfugiai, comme pour chercher une protection contre le monde extérieur quoi m'avait tout pris.

RENAISSANCEWhere stories live. Discover now