𝔻𝔸𝕐𝕃𝕀𝔾ℍ𝕋 | Acte II : 𝓕𝓮𝓪𝓻𝓵𝓮𝓼𝓼

Chapitre 12 : Examen

L'infirmière appuya faiblement sur son épaule, de manière à tester ses réflexes et son articulation. Mais Petra, pour sa plus grande joie, ne souffrait d'aucun des contacts avec la main professionnelle.

-Vous ressentez une douleur ?

-Non aucune. Répondit la rousse avec assurance.

Quelques peu surprise, la jeune femme tourna son bras lentement et avec précaution, mais la réaction de Petra n'en fut que moindre.

Elle restait persuadée qu'elle ne serait jamais restée une semaine complète dans cette foutue chambre d'hôpital, mais avoir l'approbation des professionnels semblait être une autre histoire. Elle ne savait pas ce qui avait atténué la douleur au point de convaincre son interlocutrice, mais le plus important était qu'elle pourrait probablement sortir plus tôt que prévu.

-Vous en êtes sûre ? Demanda une fois de plus l'infirmière, soucieuse de son examination.

Petra hocha la tête avec assurance, retenant son sourire enfantin d'apparaître tandis que la jeune femme déposait à présent son petit déjeuner sur une petite table en bois.

Les pieds du meuble miniature dessinaient les formes des cuisses de la rousse encore sous les draps, et elle pouvait déjà sentir l'odeur fumante de la soupe et du pain patientant dans un bol.

Elle la salua, et s'en alla aussitôt en lui souhaitant une agréable matinée. Cette femme était sensée repasser dans sa chambre durant la journée, certainement après avoir discuté de sa situation avec un supérieur hiérarchique. Mais Petra savait déjà qu'elle allait devoir l'attendre la journée entière étant donné la quantité de personnes présentes dans l'hôpital.

Soudain, elle se surprit à repasser dans son esprit les images de la veille. Comment avait-elle réussit à en arriver là ? Elle avait couché avec le caporal-chef Livaï, mais s'en rendait compte avec quelques heures de retard.

Comme une horloge déréglée elle se mit à passer par plusieurs émotions successives en se posant toutes les questions possibles.

« Oh merde, et si je terminais enceinte ?! »

La surprise, la peur, et le regret traversèrent soudain son corps tout entier, car en effet, elle ne pouvait accueillir un enfant, et les deux jeunes gens dans la précipitation, n'avait pris aucune précaution.

Elle se dit qu'elle n'en parlerait pas avant d'avoir le moindre signe, mais elle se jura de trouver une solution pour les prochaines fois.

« Les prochaines fois... » Songea-t-elle alors.

Il était vrai qu'elle possédait une vision bien différente de leur relation après avoir partager autant avec lui. Il y avait plus qu'un lien à présent, comme une véritable officialisation qui pourrait apporter des prochains moments ensemble.

Toutefois, après avoir bu la totalité de sa soupe, elle posa la table de bois sur le sol grinçant, et tomba dans le sommeil le plus profond. Les quelques heures ayant suivies leurs grandes déclarations n'avaient pas été de tout repos, et le sommeil manquait définitivement à la rousse.

Ses yeux se fermèrent, ses cheveux s'étalèrent sur l'oreiller et ses bras vinrent se glisser contre son ventre, lui rappelant le contact électrique et doux de Livaï lorsqu'il l'avait serré contre lui.

Il lui manquait presque dans ce lit, tant la beauté du moment l'avait rendue précieux et spécial, mais le temps n'était plus à la réflexion. Elle dormit quelques heures, prenant une courte sieste avant de recevoir le repas du midi.

Toutefois, la personne lui apportant sa nourriture se trouva être accompagnée d'un docteur. C'était un homme un peu âgé, probablement dans sa cinquantaine, portant fièrement sa chevelure blanche argenté et sa moustache de la même couleur.

Il était supposé l'examiner en détail, mais après une courte discussion, il prit la décision de libérer sa patiente le lendemain après-midi, après une bonne nuit de repos.

Petra le vit partir, et supposa alors qu'il avait certainement vu ses bottes et qu'il avait comprit qu'elle s'était évadé en douce la veille. Elle ignorait ce qui avait convaincu cet homme de donner son accord pour sa sortie, mais elle s'en trouvait néanmoins fortement réjouie de l'apprendre.

Elle allait enfin pouvoir se rendre utile et arrêter d'attendre des jours durant, dans ce lit inconfortable à regarder les feuilles tomber des arbres. Sa patience avait atteint ses limites, et la nouvelle était tombée juste à temps pour faire passer une agréable nuit à la rousse.

Elle pourrait même sortir librement pour aller le voir, lui. Elle aurait aimé repasser sa main dans ses cheveux encore et encore, puis l'embrasser sous les rayons de la lune sans se soucier des conséquences arrivant à l'aube, le laisser goûter sa peau autant qu'il le souhaitait, et le suppliait de continuer.

Etrange était ce sentiment qu'ils partageaient, chacun, éloignés dans cette ville, pensant l'un à l'autre, elle dans ces draps pour une dernière nuit, et lui attablé à son bureau dans la lueur d'une lampe de chevet.