Chapitre 28

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Chapitre 28 :

Il est tellement petit. Sa peau est rose et semble si fine que je suis sur de pouvoir voir son cœur battre à travers si je m'approche plus.

Ma mère a les yeux rivés sur lui. Dans le noir de ses yeux s'inscrit un amour que je ne connais pas encore, mais que je sens si puissant que je préfère ne rien dire. Paul pleure à chaudes larmes prés du lit et un voile de larmes recouvre son visage. Julian lui tends une boite de mouchoir que mon beau père accepte avec reconnaissance. Je sais que ce sont des pleurs de joie, et pourtant ça me donne envie de pleurer à mon tour.

Je retiens mes larmes et fais quelques pas en direction du lit. Ma mère n'hésite pas à me tendre le bébé et je le prends avec milles précautions, prenant garde à rester au dessus du matelas.

Nos regards bleus se croisent. On a exactement la même nuance de couleur dans la pupille, et même si je sais que les nouveaux nés ne voient pas grand-chose les premiers jours de leur naissance, je me demande ce qu'il pense de moi, cette personne qui l'as tiré des bras de sa mère et qui le fixe à présent sans savoir quoi dire, quoi songer.

Ses yeux sont si profonds que j'ai l'impression d'y voir une intelligence nouvelle, une que je n'avais jamais croisé dans le regard de quiconque avant. Et c'est assez absurde sachant que ce petit être humain ne vit que depuis, quoi, un quart d'heure ?

Soudain, il commence à pleurer, comme si il se rapellait à son tour qu'il n'était qu'un bébé, et une infirmière rentre dans la pièce avec un attirail de vêtements. Une bassine est posée dans un coin de la pièce sur une table et elle a pris une couleur rouge sang – c'est sûrement là qu'on a plongé mon frère avant de le donner à ma mère.

J'ai une grimace de dégoût et soudain j'ai envie de sortir, de prendre un peu de temps. Je le rends à ma mère et sors de la pièce, Julian sur mes talons.

- C'est un garçon, dis – je tout bas, une fois hors de la pièce. Et il est magnifique.

Ce dernier me prends dans ses bras et j'aurai du mal à décrire les émotions que je ressens à ce moment là ; toutes en même temps.

- Je suis convaincu que tu seras un frère génial. Tu l'es déjà.

Je ne dis rien, ne sachant si ce qu'il affirme a raison d'être dit. Je me contente de le serrer encore plus fort dans mes bras et d'enfouir mon visage dans ses cheveux bruns. Je regrette un peu de les avoir raccourcis, non pas parce que ça ne lui va pas, au contraire ça lui va bien, tout lui va bien, mais parce que j'ai moins de place à présent pour me fondre dans ses boucles.

- En tout cas, tu seras un meilleur frère que moi, c'est sur.

Je me relève, surpris qu'il l'évoque.

- Pourquoi ?

- Je n'ai pas le droit de revoir mon frère et ma sœur. Je pense qu'ils m'ont oubliés, depuis le temps.

- Comment ça, pas le droit ?

Il hausse les épaules comme si il ne voulait pas m'expliquer, pas s'étendre sur le sujet, et pour couper court à mes interrogations m'embrasse.

Une infirmière qui passe dans le couloir nous jette un regard ou je lis tout le degoût qu'une personne peut ressentir. Ses pas se font plus précipités, comme si elle avait hâte d'être loin de nous. Je ne peux pas m'empêcher de ressentir une vague de colère, et sers Julian encore plus fort dans mes bras, l'embrassant de plus belle.

Je ne vis pas pour plaire aux autres.

Julian prend l'initiative de récupérer les clés de la voiture pour aller chercher les sandwichs et je fais un tour dans les toilettes en l'attendant.

J'irais en EnferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant