Chapitre 27

33 7 40
                                    

Chapitre 27 :

On finit par quitter Delphine et ses amis, il est 11h et quelques minutes. Bien que cela fasse juste une soirée que l'on se connait, Delphine insiste pour me prendre dans ses bras, ce que je trouve d'abord déconcertant.

Mais elle a raison ; on ne sait pas quand sera la prochaine fois qu'on se recroisera.

Je m'approche d'elle et la serre dans mes bras en la remerciant. D'habitude, les calins c'est pas ma tasse de thé. Mais ce matin, celui-ci me paraît déjà fait 100 fois et faisable encore des centaines d'autres.

Elle insiste aussi pour que je l'appelle ce soir et lui donne des nouvelles – savoir si l'on est bien rentré, et si Julian se sent mieux.

Celui-ci nous attends prés du portail, nous regardant de loin. Ce matin il n'a même pas voulu manger et n'a échangé que quelques mots avec Delphine. Je crois qu'il ne se rappelle même pas d'être venu hier soir et il avait l'air perdu en se réveillant.

Par contre, il a descendu trois litres d'eau à lui tout seul.

Nous sommes les derniers à partir. Gabriel et tout les autres sont rentrés chez eux juste après le petit déjeuner. La villa est dans le même état qu'hier soir après que la fête se soit peu à peu terminée et des canettes de bières jonchent le sol de la maison et du jardin par milliers. Ils restent encore toutes les décorations à enlever, et les objets lancés au fond de la piscine à repêcher.

Mais lorsque je lui demande si elle veut qu'on reste encore pour l'aider à ranger, elle m'assure qu'elle va s'en sortir.

- Tes parents vont être furieux, tu ne crois pas ?

- Ils ne vont sans doute pas rentrer avant les prochains vacances. Mes pères sont énormément investis dans leurs recherches...

Je sens que quelque chose dans la phrase ne tourne pas rond, mais je ne sais quoi seulement lorsque je jette un coup d'œil par-dessus mon épaule pour vérifier que Julian est encore là.

Bien sur, il est là.

Et je me demande pourquoi Delphine a évoqué deux pères.

- Tu as deux pères ?

- Oui. Ça t'étonne ?

Oui, ça m'étonne. Mais ce qu'elle demande plutôt, c'est si ça me choque. Et ça ne me choque pas.

- Non.

- Normalement les gens trouvent ça étrange.

Je n'en doute pas. Les gens aiment bien trouver toutes sortes de choses étranges.

- Ou est ta mère ?

- Pas là. Je ne sais même pas si elle existe vraiment, cette mère. C'est mon père biologique qui m'élève avec son compagnon depuis ma naissance. Ce sont eux mes parents.

J'hoche la tête, comprenant parfaitement. Je regarde la maison de haut en bas, en me répétant que cette maison appartient à deux hommes en couple – la vie est parfois ironique – et pose à nouveau mon regard sur mon amie.

- Bon, alors... au revoir Delphine. Encore merci pour tout.

- Au revoir Alex, me répond elle, puis elle me regarde partir.

Je passe devant Julian qui me suit, silencieux, et on retourne jusqu'au lieu ou nous avons mis nos vélos. Ils sont toujours attachés au poto ou on a mis la chaine et je les décroche, puis on les enfourche et on part.

La route est aussi belle qu'a l'allée. Cette fois, je laisse Julian passer devant et laisse ma tête se remplir de questions.

Alors, c'est possible. Delphine a deux pères. C'est la première fois que j'entends une chose pareille ; une chose qui semble me donner un cœur un peu plus heureux de vivre sur cette planète.

J'irais en EnferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant