Chapitre 14

52 7 68
                                    

Chapitre 14 :

En rentrant pour une troisième fois de la soirée dans la maison à moitié délabrée, je constate que Julian n'a pas bougé, toujours assis sur le lit, comme si mon départ l'avait figé.

Il lève ses yeux gris vers moi et j'y vois de la surprise. Lentement, je retire les bottes et m'assois sur le lit à côté de lui, mes mains tremblent – peut être parce que mon cœur n'a jamais été aussi précipité. Le vent souffle fort et les murs sont fins ici.

- Désolé, dis – je.

Il hoche la tête et esquisse un léger sourire.

- Est-ce que tu vas m'embrasser ? Demande t-il en haussant un sourcil.

- ... Oui.

J'approche un peu ma tête, mais ces gestes ( comme passer mon bras autour de sa nuque ) paraissent bien plus étranges à faire que tout à l'heure.

- Oui... ? Dit – il en faisant mine de s'impatienter, ses lèvres à seulement quelques centimètres des miennes.

Je sens son souffle sur mon visage et ça ne me dérange pas. Je finis par l'embrasser, timidement au début, comme si c'était la première fois. J'ai peur qu'une fois sortit d'ici, cette facilité que nous avons à être proches ne dure pas.

Mais nous ne sortons pas. On s'allonge sur le lit et j'oublie complètement qu'il est sale, pleins de trous. Je tente tant bien que mal de trouver une position confortable ou je peux toujours l'embrasser ; on a du mal à trouver une posture correcte pour nous deux et il tombe du lit à un moment donné, ce qui nous fait rire même si je me dépêche de lui demander si il ne s'est pas fait mal. Il revient et cette fois personne ne tombe.

Ses lèvres passent derrière mon oreille, le long de mon cou et il appuie sa langue sur mon épaule en tirant sur ma chemise. Je dois me concentrer pour ne pas m'évanouir.

Je sens que si je ne fais rien, ne dis rien, nous le ferons. Et bizarrement, ça, je n'en ait pas envie. J'ai peur, je l'avoue, et je ne veux surtout pas que ça devienne bizarre entre nous parce que...

- Attends, je murmure en le repoussant un peu.

Il s'écarte aussitôt et s'allonge sur le dos prés de moi.

- Tu veux qu'on parle ?

Je suis étonné qu'il comprenne si vite et ne fasse pas d'objections.

- Ouais, dis – je, la voix un peu enrouée – et pas par le froid.

- De quoi tu veux parler ?

- De... toi.

- Moi ? C'est si peu intéressant. Allez, je suis sur que tu peux trouver mieux.

- Mais non. C'est de toi que je veux parler. Je veux dire... Je ne sais rien, rien de toi.

- Et tu veux savoir quoi de moi ? dit – il d'un ton moqueur en soufflant pour qu'une de ses mèches brune vole hors de devant ses yeux.

- Ta famille ?

- Passe.

- Ça ne peut pas être pire que la mienne.

- Retire ça...

En voyant qu'il est sérieux, je ne discute pas.

- Bien, ok. Je retire ça...

- Quoi d'autre ?

- Musique préférée ?

- Facile. Words, F.R. David.

J'irais en EnferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant