Chapitre 8

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Chapitre 8 :

Le vent frais siffle à mes oreilles, mes chaussures s'enfoncent dans la neige à mesure que je marche le long du chemin qui mène à notre point de rendez vous. Aujourd'hui, c'est le puit en ruine qui se trouve à l'opposé de l'étang, au nord du parc. Je regrette l'été et le soleil, maintenant que les pulls sont revêtus et qu'il neige tous les deux jours.

Je n'aime pas le froid. Certains diront que je n'aime pas grande chose, mais la morsure du vent ou les flocons glacés, toute l'ambiance de l'hiver, ce n'est pas quelque chose qui fait mon bonheur, loin de là. Et puis je ne vois pas quel est le problème à ne pas aimer grand-chose. C'est justement que j'ai des goûts que je soigne et que je ne me laisse pas séduire facilement par quelque chose.

L'hiver est violent. Les arbres ont perdus toutes leurs feuilles et se retrouvent nus et maigres, le ciel est nuageux, grisatre ; et la beauté que certains trouveront à la neige n'est que secondaire quand celle-ci fond sur la terre pour devenir une bouillasse puante.

Et je ne dis pas ça parce que je viens de tomber dans une flaque de boue aussi large qu'une rivière, non, quand même pas...

... Mais j'avoue que c'est assez agaçant d'avoir le pantalon trempé et sale.

J'arrive prés du puit, l'air massaude. Adriana m'y attends déjà, frottant ses mains l'une contre l'autre pour se réchauffer. Heureusement, l'uniforme qui est imposé aux pensionnat des filles change l'hiver et elles ne sont plus contraintes de porter des mini jupes ridicules. Elle porte également un pull bleu foncé, large, lui arrivant mi – cuisses. En me voyant, un sourire nait apparait sur son visage et elle me fait un signe de la main. Je me rapproche en répondant à son sourire en essayant d'oublier la neige et le froid.

- Salut. Quel temps, hein ?

- Hmmm...

- Tu n'aimes pas la neige ? Me demande t-elle, curieuse, en commençant à marcher le long du chemin.

Je soupire, exaspéré que le sujet vienne sur le tapis.

- Non. Je n'aime pas le froid.

- Oh. Moi c'est justement le chaud que je ne supporte pas. L'hiver est ma dose de fraicheur annuelle.

J'hausse les épaules. Si elle aime être trempée jusqu'aux os, tant mieux pour elle.

- J'ai l'impression que ça ne va pas, Alex...

- Si. Ça va, je rétorque en essayant d'être plus améne.

J'ai compris qu'être ami signifiait devoir être de bonne humeur même si tu ne veux pas. Il faut savoir faire des compromis...

Elle ne semble pas convaincue mais ne dit rien et on marche côte à côte pendant quelques minutes ou je garde les yeux rivés au sol.

- Qu'est ce que tu feras quand tu quitteras le pensionnat ? Je questionne soudainement, étonné moi-même de demander ça.

Elle ne réfléchit pas pour répondre. Adriana a sûrement passé du temps à imaginer ce qu'elle ferait, une fois libre, majeure.

- Peut être que j'irais retrouver ma sœur, mais je ne suis pas sure que ce soit une bonne idée. Ce qui est sur, c'est que la première chose que je ferais sera d'acheter un appartement en centre ville. Tu imagines, un appartement rien que pour moi ? Avec les sous que m'ont laissés mes parents, je crois qu'il me restera même assez pour me payer un ticket de bus. J'irais au cimetière de la ville ou ils ont été enterrés et je mettrais des fleurs sur leur tombe. Ensuite, j'entamerais des études pour devenir institutrice, si la vie me le permet.

J'irais en EnferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant