Chapitre 18

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PDV Amel :

     Je me débats avec mon mal, tentant stupidement de courir. Je ne fais que trainé mon genou et ma douleur sur le goudron cramoisi. Je n'arrive toujours pas à courir mais au moins la douleur physique atténue celle des sentiments. Pourtant les larmes coulent.

     Pourquoi ce stupide espoir ? Je sais qu'elle ne viendra pas alors pourquoi l'attendre encore et encore ? Je me déteste et je déteste cet espoir vain. Juste oublié, je veux juste oublier. Non, je ne peux pas l'oublier, je ne veux pas oublier Joy. Je veux juste recommencer ! Tout, je veux tout recommencer, laissez-moi l'aimer ! Je veux faire de mal à personne. Je l'aime, même si c'est une fille, j'ai le droit non ?

     Mon genou me lâche une nouvelle fois et mon corps heurte le bitume. J'ai mal, encore et encore.

- Amel !

Je me redresse sur les coudes et cherche la voix qui m'a appelé. On aurait dit...

- Amel ! Ça va ?

Mes yeux s'arrondissent quand je vois Joy accourir vers moi. Elle laisse son sac tomber par terre, et s'accroupit face à moi.

- Ça va ? répète-t-elle en m'aidant à m'assoir.

J'ai du mal à comprendre, à faire le tri dans ce que je ressens.

- Je crois que ça va, je réponds simplement.

Joy s'écarte un peu et je voie que ses mains tremblent. Je relève mon regard sur elle, elle m'observe inquiète.

- Que fais-tu là ? je demande perdu.

Joy tire sur sa chemise, c'est ce qu'elle fait quand elle est stressée ou gênée.

- Je voulais te parler.

J'attends une suite, et sens cet espoir qui revient et me tort l'estomac.

- Je ne voulais pas te faire pleurer, a-t-elle continué en baissant la tête. Je n'aurais jamais dû te repousser, je n'aurais pas dû t'éviter. Je suis désolée...

Je ne sais pas quoi faire, ni vraiment quoi dire.

- C'est moi qui suis désolée je n'aurais pas dû t'embrassé comme ça, je réponds sincère.

Joy relève la tête, posant son regard dans le mien, il bien plus grave et coupable qu'à l'habitude, je crois qu'elle va pleurer.

- Joy ? Ça va ? je lui demande inquiète

Elle enfouie son visage dans sa manche.

- Je suis désolée, hoquète-t-elle. J'ai réagi par réflexe, je ne voulais pas te faire de mal. J'ai eu trop peur de mes actions et de leurs conséquences, j'ai eu peur de t'avoir trop blessé et que tu ne veuille plus me parler, j'étais terrifié à l'idée que tu me rejetterais quand je reviendrais alors j'ai fui, j'avais peur d'avoir tout détruit.

Je veux m'approcher pour la réconforter mais je n'ose pas, je lui ai déjà fait assez de mal comme cela.

- Je suis vraiment désolée !

Je l'observe immobile, impuissante.

- Joy, tout va bien, ne pleure pas...

Elle secoue la tête et se recroqueville sur elle-même étouffant ses sanglots.

- Je... Je t'ai blessé. Quand je suis arrivé... Tu pleuré. Je ne veux plus te voir comme ça, je ne veux plus que tu ais mal. Je ne veux plus te faire de mal.

Moi non plus je ne veux plus te voir pleurer, je ne veux plus que tu aies mal.

- On a qu'à tout reprendre à zéro, on reste ami, juste ami, je lui réponds la gorge serrée.

Je tends ma main hésitante et caresse doucement sa joue. Je l'aimerais de loin si elle accepte de rester, ce n'est pas grave on doit finir par si habituer. J'éloigne ma main de peur que mon geste soit déplacé.

- Tout ce que je veux pour l'instant s'est retrouver la jeune fille pleine de joie de vivre et d'énergie que j'ai perdu avant tout cela, peut m'importe que ça fasse mal, peut m'importe ses actions et les miennes. Je veux la revoir sourire, courir, rire, et me parler.

Joy relève alors la tête et je peux voir la culpabilité dans ses yeux. Elle hésite hoquetante le visage à moitié caché dans son t-shirt, alors j'écarte les bras pour l'inviter à venir. Elle m'observe un peu, puis avec un petit sourire triste elle vient se blottir contre moi. Je referme mes bras autour d'elle et sens son corps trembler sous les pleurs. Elle enfouit son visage contre ma poitrine et je pose mon menton sur ses cheveux, regardant le ciel rosir doucement.

- Tu ne devrais pas accepter mes excuses, a murmuré Joy épuisée par ses émotions, Je t'ai fait trop de mal.

- On s'est fait du mal toute les deux, autant l'une que l'autre.

Je la sens faire non de la tête.

- Moi plus, fit-elle presque imperceptiblement. Et j'en suis désolée

Je n'ai rien ajouté, laissant le silence prendre sa place. Nous restons longtemps ainsi.

Ne t'arrête jamais de courir (gxg)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant