Ne t'arrête jamais de courir (gxg)

Chapitre 5

PDV Joy :

      L'équipe se réunit, son cercle est loin d'être parfait mais il est incroyablement uni, bras dessus, bras dessous, la chaine est incassable. Je regarde mes coéquipières, elles sont concentrées ça se voit dans le calme de leurs expressions, moi, même si nous n'avons pas encore couru, j'ai le cœur qui bat à deux cent à l'heure. Amel, en tant que doyenne, prend la parole.

- Ok, vous vous êtes toutes entrainées avec sérieux, commence-t-elle, même Ana'...

Plusieurs sourires fleurissent, détendant un peu l'atmosphère.

- Vous m'avez prouvé que vous le méritez, alors ne perdez pas, Ok ?

Il y a des hochements de têtes et des regards décidés.

- C'est maintenant qu'il faut sortir les tripes, a lancé Anaïs avec un regard appuyé à Amel.

Celle-ci sourit.

- Oui, on fera une cagnotte pour les chaussures qui en pâtiront, lance une autre.

Les terminales rient.

- Allez ont vaut mieux que toutes ces pétasses ! A crié Beth. On va leur montrer ce qu'on a dans le ventre !

- Ouaip, c'est le moment de montrer ce qu'on vaut, rajoute Anaïs. Quand on aura fini cette course, je veux que toutes nos semelles soient lisses, je vérifierais, alors donné vous a deux cents pour cent, d'ac ?

Je souris et hoche la tête.

- Bien, déclare le coach Harrins, montrez-moi que je n'ai pas perdu mon temps à entrainer une bande de d'indes sans cervelles. Je vous donne qu'un seul ordre : prenez du plaisir.

Tout le monde met sa main au milieu. Les regards se croisent et les visages se font rassurants, mais j'ai peur. Et si je finis dernière ? Nous crions toutes un bon coup avant de nous séparer.

       Je tire sur mon maillot, le stress ne cesse de monter en moi tandis que je rejoins la ligne de départ. Je vais avoir de l'avance mais je ne sais pas quoi faire d'autre. Soudain je sursaute quand je sens deux mains qui se posent sur mes épaules.

- Détends-toi mon chou, me conseille Anaïs en me massant les épaules.

Je tente de sourire mais le stress qui me contracte l'estomac m'en empêche.

- Pas facile d'être la star d'une course hein ? observe-t-elle.

C'est vrai que l'espoir que place le lycée sur mes épaules n'arrange pas vraiment mon état.

Amel qui se tient juste à côté de son amie me met une petite bourrade.

- Tu vas assurer, me dit-elle, ferme les yeux et imagine qu'on est à l'entrainement.

Anaïs lâche mes épaules, et j'essaie, je ferme les yeux.

- Il n'y a que toi, moi, et la piste, continue-t-elle.

J'hoche la tête.

- On emmerde les autres, ajoute Anaïs.

Je souris, mon corps se détend un peu. Je rouvre mes yeux, ça va aller, il suffit que je me concentre, rien n'est différent que lors des entrainements.

On appelle les prochaines coureuses à rejoindre la ligne de départ. Le stress remonte un peu.

- Bon c'est à toi de jouer, me lance Anaïs.

Je souffle un bon coup et jette un regard à Amel.

- Cours pour toi, m'ordonne-t-elle.

- Et si ça ne suffit pas ? je lui demande inquiète.

Je ne veux pas perdre.

- Si ça ne suffit pas ? Alors cours pour moi, me dit-elle en posant son regard sur son genou blessé.

Je sens mon cœur se serrer un peu.

Je ne peux pas perdre.

PDV Amel :

      Toutes les coureuses sont sur la ligne de départ, en position, les pieds dans les starters. Je regarde Joy. Elle est concentrée, son regard semble inspecter la piste. Le « Prête ?» retentit. Le coup de départ ne devrait pas tarder... Soudain il résonne dans l'atmosphère tendu du stade. Les filles s'élancent toutes sur la piste. Joy n'a pas pris un trop mauvais départ, mais peu importe son point fort ne réside pas dans les premiers mètres. C'est maintenant qu'elle devient imbattable.

- Allez Joy !!

Elle commence à gagner quelques places. Elle semble ne plus toucher le sol, la légèreté qui imprègne sa course est incroyable.

- C'est ça Joy ! Vole !

Je sens mon rythme cardiaque accélérer comme si c'était moi qui courais. Elle passe deuxième.

- Encore Joy !! Tu peux la battre !

Elle ne m'entend surement pas mais je m'en fous.

- Allez Joy !!

Elle va gagner, c'est sûr. Elle est au coude à coude avec la première, mais celle-ci n'a pas sa chance, Joy est bien plus rapide. Mon cœur bat à mille à l'heure.

- Fonce !!

Joy commence à prendre l'ascendant sur son adversaire. Elle lui passe devant, rien ne l'arrête. Elle est juste... extraordinaire. Elle vole, vraiment.

      Elle semble si libre, et heureuse quand ses yeux se pose sur la ligne d'arrivée qu'elle vient de dépasser. Toute l'équipe court la rejoindre. Elle a gagné. Elle a les larmes aux yeux tandis que les filles l'étreignent et la félicite. Moi aussi j'aurais aimé courir la rejoindre et la féliciter mais mon genou m'en empêche, alors je tente de les rejoindre comme je peux, claudicante. Mais j'ai à peine le temps de rattraper l'équipe que Joy entre deux tapes amicales m'aperçoit. Elle se précipite vers moi et me saute dans les bras.

- Merci Amel !

Je ne m'attendais pas à un tel accueil, mon genou se raidit et je perds l'équilibre. On se retrouve toutes les deux allongées par terre, je la tiens toujours dans mes bras. Elle rougit un peu.

- Désolée je ne t'ai pas fait mal ? me demande-t-elle.

- Non t'inquiète, félicitation tu as fait une super course !

- C'est grâce à toi ! Merci d'avoir pris autant de ton temps libre pour m'entrainer et de m'avoir encouragé, m'a-t-elle lancé avec enjouement en se redressant.

Je souris, elle a l'air tellement soulagée et heureuse d'avoir gagné, pourtant c'était écrit d'avance, elle est imbattable.

- C'est ta victoire, tu en es la seule actrice, je lui réponds fière d'elle.

- Non, toi aussi ! Aujourd'hui c'est comme si on avait couru toute les deux dans le même couloir et qu'on avait gagné toutes les deux, ensembles ! me reprend-t-elle en m'aidant à me relever. Et c'était incroyable !

Je n'arrive pas à démêler tout ce que je ressens à cet instant. Il y a la fierté, la joie, la reconnaissance, l'envie, et tellement d'autre chose. Je crois que ses paroles m'ont perdu. Alors, je regarde mon genou et lui dis la seule chose dont je suis sûre :

- Merci Joy. Moi aussi j'ai passé une course incroyable.