Chapitre 18

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Nous quittâmes la pièce puis la maison et partions à la recherche d'un moyen de transport. Nous contournions les enclos du ranch qui contenaient tous de bêtes plus étranges les unes que les autres. Des chevaux crachant du feu, des scorpions gros comme des maisons, des vaches rouges et dans l'un des enclos, un groupe de chevaux affamés et enfoncés jusqu'au genou dans le crottin qui se jetaient sur... Non je ne préférais pas le savoir.
Erin lança :
"-Immonde."
J'étais bien d'accord avec elle, ce n'étais vraiment pas ragoûtant.
Nous continuâmes et nous rencontrions toujours plus de bêtes étranges. Enfin, nous tombâmes sur des pégases. Au Camp, nous avions des licornes mais pas de chevaux ailés.
Je demandai :
"-Alors, vous savez, vous, comment on monte sur ces trucs ?"
"-Ça doit pas être beaucoup plus difficile que de monter sur des licornes" dit Jason.

Peut-être qu'il a raison, mais les licornes ne volent pas à plusieurs centaines de mètres de haut du sol.
J'en enfourchai un, celui qui me paraissait le plus tranquille, et regardai les autres se débrouiller.
Erin ne disait rien depuis tout à l'heure et elle semblait nerveuse, elle tapotait l'une des ses mains contre sa cuisse tandis que l'autre ne cessait de glisser une mèche de cheveux derrière son oreille. Elle marmonna :
"-Jmmdj...epéucm..eetjnail....modppeknhx.."
"-De quoi ?!" Lui lança Austin.
"-Je crois que je vais rester ici" articula-t-elle lentement.
"-Pourquoi ça ?!" Nous demandâmes, Jason et moi.
"-Ben......euh...... Géryon pourrait fondre, et..."

Nous nous regardâmes en silence, tous les trois puis Austin éclata de rire :
"-Noooooonnnnnn ! Toi ?! Toi, tu as peur des chevaux ?!"
"-Non pas du tout ! Tu dis n'importe quoi et puis je ne fais pas partie de votre quête de toute manière !" Lui cria-t-elle à son tour.
"-Si tu nous a rencontré c'est que cela devait arriver !" Lui expliqua Jason.
Je me retenais de rire, Erin, cette fille qui avait failli m'impressionner (attention, j'ai bien dit failli) avait peur des chevaux. Cela me paraissait presque absurde. Mais je me retenais. Moi aussi je n'avais pas peur de rien.
Une fois tous en selle sur nos pégases, nous quittâmes l'île.

Nous survolâmes ensuite la mer, en quête d'un lieu d'atterrissage.
Je repensais à la manière dont le pouvoir de Erin avait été redoutable face à mon épée. Ce don pourrait nous être utile durant notre quête.

Soudain, nous vîmes une terre à l'horizon et y mettions le cap.
Une bourrasque nous emporta alors et nous fit dévier de notre trajectoire, je hurlai à l'intention de Jason :
"-Tu ne peux pas les contrôler ces vents là ?!"
Il cria à son tour :
"-J'essaye mais je n'y arrive pas, c'est une force supérieure à la mienne. Je dirai qu'il s'agit d'une force divine !"

Nous nous trouvions désormais en plein brouillard et le vent ne cessait de souffler, nous faisant dériver dans l'air.
Je levai les yeux et j'aperçu une paroi rocheuse à environ trente mètres vers ma gauche. Le vent allait nous y projeter.
Je me mis à hurler, le plus fort possible :
"-Il faut qu'on saute ! Nous allons nous écraser sinon !"
"-Non ! On ne peut pas, se serait du suicide !" Cria Erin, pour couvrir le vent. Elle paraissait toujours aussi mal à l'aise sur le pégase mais elle ne paraissait tout de même pas sur le point de l'abandonner. En effet, il pouvait y avoir autant cinq mètres que cinquante sous les sabots des pégases qui luttaient pour nous maintenir droits et ne pas nous écraser.
"-Et on ne peut pas abandonner les chevaux ! Ils s'écraseront aussi sinon !" Brailla Jason.
Il avait raison, lui aussi.
"-Taylor a raison, on a pas le choix !"Gueula Austin. "Il faut qu'on saute !"

Jason lança un dernier regard désespéré en direction des chevaux et nous sautâmes tous ensemble dans le vide.
Nous tombions et je savais que mon plan était peut-être le plus idiot de tous.
J'allai m'écraser sur le sol comme un crêpe et nous raconterions encore dans plusieurs décennies l'histoire de Taylor Walker, l'adolescente de 14 ans qui s'est écrasé on ne sait où, le 8 août 2010.
Mais rien de tout cela ne se passa.
Je heurtai de plein fouet une épaisse couche de neige et je fermai les yeux, pensant que c'était pour toujours.

Nouvelle Héroïne au Camp JupiterWhere stories live. Discover now