L'enfance : III

20 3 0
                                    

Alors ils vinrent s'asseoir. Les adultes se mirent à parler, cela ne m'intéressait pas vraiment, je ne me mis à écouter que lorsque mon prénom fut prononcé.

― Ne vous en faites pas, je suis sûre que Violet à encore de l'énergie à revendre, quant à moi, je suis parfaitement en forme, dit maman.

Je profitai de la faille pour m'introduire dans la conversation et marquer mon importance.

― Ô comme j'ai hâte de parcourir cette île ! m'exclamai-je. Je suis déjà émerveillée.

― Je suis ravie que vous soyez tant enjouée Miss Violet, dit Lady Hartfield. Vous pourrez déjà découvrir Broughton dès demain, c'est dans cette ville que nous nous rendrons pour la messe.

― Oui, je me suis renseignée, c'est la ville la plus proche d'ici.

― Quelle intelligence pour votre âge.

Il y avait quelque chose dans cette femme qui m'inspirait le respect, à commencer par l'étrange fait qu'elle portait un pantalon, je me mis à rêver du confort de ce vêtement.

― Je vous remercie Lady Hartfield.

― Je préfère Anna, me corrigea-t-elle.

Je perdis à nouveau le fil de la conversation lorsqu'un vieux chien entra dans la pièce pour se diriger vers la maîtresse de maison. Je me levai pour aller à la rencontre de l'animal.

― Violet, rassieds-toi s'il te plaît, tu auras tout le temps de jouer avec le chien plus tard, me dit maman.

― Soyez moins sévère ma chère, je suis sûr que cela ne dérange pas le moins du monde nos hôtes, répondit mon père.

― Ne vous en faites pas, je suis sûr que le vieil Amiral sera ravi d'avoir telle compagnie, confirma-t-il.

Maman les remercia de leur indulgence.

― Ce n'est rien, ce n'est qu'une enfant après tout, répondit Anna.

Je daignai enfin lever la tête pour les regarder.

― Pourriez-vous arrêter de parler de moi de cette manière en ma présence ? C'est désagréable.

― Excuse nous ma chérie, tu as raison, dit mon père.

― Merci papa.

Le soir, nous nous étions rassemblés dans le salon pour écouter maman nous faire lecture, une tradition s'était instituée, et tous les jours qui suivirent nous fîmes de même. Colin et moi étions blottis contre maman, tandis-que que papa s'était assis à côté de Lord Hartfield, il avait posé sa tête sur son épaule. Leur proximité troublante ne m'avait pas frappée. Je n'avais jamais eu d'autre model en matière de couple que papa et maman, comment, à cet âge, aurais-je dû savoir qu'eux seuls auraient dû pouvoir être proches à ce point ? Personne ne disait rien, cela devait être normal. En voyant papa si tranquille, je compris seulement qu'il s'agissait de la réponse à son bonheur entier, le mystère était résolu. Je souris et me laissai à nouveau emportée par l'histoire qui naissait entre les lèvres de maman.

***

Le soir suivant était celui du Solstice d'hiver, exceptionnellement, Colin et moi avions le droit de nous coucher tard. Il y eut une distribution de cadeau, c'était la première fois que je voyais cela. Je fus submergée par la joie lorsque je déballai trois romans de cape et d'épée, cela ne fit que m'encourager dans mes efforts pour m'améliorer dans la lecture.

Lord Hartfield joua du piano, papa nous avait dit avec admiration qu'un jour il serait un grand compositeur, et c'est vrai que l'on ne pouvait nier son talent. Je dansais avec papa, il souriait à s'en faire mal et moi cela me faisait rire aux éclats, je ne pouvais pas m'en empêcher.

― Qu'est-ce qui te fait rire comme ça ?

― Vous semblez heureux, vraiment heureux. Cela me rend heureuse, moi-aussi.

Alors, je me remis à rire, il n'y avait que cela qui pouvait exprimer un bonheur aussi grand. Papa me souleva et je vins agripper mes bras d'enfants autour de son cou.

― Je remercie les dieux de m'avoir donné des enfants tels que vous.

Colin nous rejoignit, je riais si fort que des larmes perlaient aux coins de mes yeux. Puis nous allâmes embrasser maman de la même manière. Lorsque je me détachai d'elle, je remarquai Lord Simon qui avait rejoint papa, alors je vins à lui et le plus sérieusement possible, je le remerciai pour papa. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi je disais merci, mais je sentais que j'avais besoin de le dire. Plus tard, ce fut lui qui vint me voit moi et qui se mit à ma hauteur.

― C'est à moi de vous dire merci, Violet.

Je compris ce qu'il voulait dire, même si je ne pouvais pas vraiment mettre des mots dessus. Je pouvais simplement ressentir toute la joie et ton l'amour qui nous entouraient.


Violet SkyWhere stories live. Discover now