Chapitre 1

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Cela faisait maintenant 500 ans que j'étais enfermé ici, à attendre mon jugement dernier. Mes chaînes tintaient à chacun de mes mouvements. La cellule empestait le renfermé et l'humidité. Il y avait, au fond de ma cellule, une petite fenêtre, ou plutôt, un trou net dans le mur, dans lequel il y avait des barreaux pour éviter toutes évasions. Parfois, je regardais au travers, contemplant ce qu'ils appelaient « les flammes de l'Enfer ». J'y voyais des hommes et des femmes y brûler indéfiniment, appelant désespérément à l'aide. Je pensais à chaque fois, que j'allais bientôt les rejoindre. Après tout, je ne pouvais pas y échapper. J'avais mérité d'être ici, après tous les crimes que j'ai commis de mon vivant.

Des hommes...

Des femmes...

Des enfants.

Je n'ai fait aucune différence.

A cette époque, on me connaissait sous le nom du Vengeur Rouge. Je ne me rappelle même plus de mon vrai nom, ni du visage de mes parents. En revanche, je me rappelle des lamentations de ma mère, qui criait vengeance pour la mort de son bien-aimé.

Ah... Le souvenir des roses blanches maculées de vermeil. Elles étaient devenues ma marque de fabrique.

La porte de ma cellule s'ouvrit soudain, me sortant de mes pensées. Je jetais un coup d'œil vers le gardien de cellule : Un démon.

Oui, ici, nous sommes en Enfer, ou du moins dans une partie de l'Enfer. On m'a toujours gonflé avec ces histoires de Paradis et d'Enfer quand j'étais en vie, et je n'y avais jamais cru. Mais j'étais loin de me douter que c'était, à quelques détails près, vrai. Pendant les 500 années passées à moisir ici, j'en ai appris des choses. Et voir un démon ne me disait rien de bon. Cela voulait dire que c'était mon heure. Ah, les démons. Il en existe de toutes les sortes, de toutes les formes. Ils vouent un culte pour la culture humaine, ce que je ne comprend d'ailleurs toujours pas. La première fois que je suis arrivé ici, j'étais choqué de voir des boules de poil, bondissant dans les couloirs, des mi-hommes, mi-animaux. Les plus puissants d'entre eux, qui se font appeler « les Seigneurs », ont une forme humaine. Et celui-ci, n'en était pas très loin. Seuls ses yeux jaunes vifs trahissaient son apparence.


- C'est ton heure.; me dit-il sèchement.


La voix d'un démon est toujours... unique. Elle est grave, et comme dédoublée.

Je souriais, ironiquement. Tous mes « compagnons » de cellule, ne sont jamais revenu après qu'un démon les ai invité. On dit que pendant notre jugement, nous rencontrons Satan. Je frissonnais, excité à l'idée de rencontrer le Père des démons. Les vivants le considèrent comme le visage même du Mal. Le démon me souleva brusquement et me poussa hors de la cellule, où deux autres gardes m'attendaient.


- Je déteste les humains qui se font attendre.; grognât-il.


Je le regardais en souriant. « Je suis une petite nature, il ne faut pas me presser... », Lui dis-je avec un sourire provocateur. Je vis sa peau tourner au rouge écarlate, les démons ont le sang chaud. Et je me serais pris un magnifique poing dans ma frimousse si ce n'était pas l'heure de mon jugement.


- Ça suffit ! En avant ; cria un autre garde en me poussant.


Les prisons de l'Enfer sont assez lugubres, il faut l'avouer. Mais quand on arrive dans le palais, c'est tout autre chose. Le plafond, magnifiquement décoré de fresques, était soutenu par d'élégantes colonnes grecques nacrées. Face à la hauteur de ces piliers, on ne pouvait que se sentir minuscule. Le sol était composé de pierres blanches, parfaitement taillées, et poncées. Il y avait disposé, un peu partout, de magnifiques sculptures en marbre. Cette salle donnait vu sur l'extérieur, on pouvait y voir un jardin luxuriant, baigné de lumière, dans lequel se trouvait un lac à l'eau limpide. Des nymphes s'y baignaient tout en riant aux éclats. Ces rires enfantins me hantaient. C'était donc eux que j'entendais depuis ma cellule. Nous avancions encore jusqu'à un autre couloir. Les murs étaient décorés de tableaux cette fois, les peintures étaient classées selon leur temps. Le dernier, au bout du couloir était d'ailleurs, un cadre numérique. Cela faisait peut-être 500 ans que j'étais ici, mais le temps avançait aussi. Nous avions la télévision dans nos cellules, pour voir ce que nous rations dans le monde humain. Un escalier se dressait maintenant devant nous. Les marches étaient drapées d'un tapis rouge. Qu'est-ce que c'était cliché...

GardienWhere stories live. Discover now