Etan

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ID : Etan Dumsmüd

Géolocalisation : Gröngrav – Ohlde

Date & Heure : 09-E4- A897 4h55

Pouls : Régulier.

État : Stable. Endorphines en hausse.

C'était quand même drôle de trouver la porte du four arrachée, posée sur l'évier recouvert de compost. Le plafond aussi avait pris cher. Et le frigo ? Disons que sa grand-mère avait fait appel à une société de nettoyage privée... Deux heures pour nettoyer l'écran tactile et rétablir les connexions ! Un bout d'hélice avait trouvé le moyen de se loger sur l'interface... Etan ne put s'empêcher de rigoler. Sa grand-mère et son père, eux, ne rirent pas. En fait, ils ne dirent rien. Quelques jeux de regards et le rire d'Etan disparut, coincé dans son diaphragme.

Des heures passèrent. Puis une journée. Et sa mère demeurait introuvable. Pas de B.A.I, pas de traces dans les relevés bancaires, rien. Mais Etan devait quand même reprendre le chemin du lycée, qu'elle soit là pour le réveiller ou non. Il grimpa les marches trois à trois jusqu'à sa chambre et s'affala sur son lit, encore malmené par l'air marin qu'il venait de quitter quelques heures plus tôt.

Etan avait repris les cours depuis cinq jours. Sa mère n'était toujours pas là.

Il s'y accommodait plutôt bien, en vrai, mais il lui aurait bien demandé si elle avait encore ses vieux livres de cours, ceux qui coûtaient un bras. Les programmes avaient changé depuis le temps, mais il prenait plaisir à feuilleter tout ce qui était d'une autre époque. Et puis, parfois, il trouvait dans les documents plus anciens des notions qu'on ne lui enseignait pas. L'ancien se voyait valorisé de bien des manières.

Depuis vingt minutes, Etan s'autorisait une pause qui n'en était clairement plus une.

Posé sur son lit, il survolait un livre d'Histoire – sans grande conviction – qui avait appartenu à son père. En temps normal, il aurait trouvé cette lecture passionnante, mais il se surprenait à relire plusieurs fois la même phrase sans qu'elle n'ait de sens pour autant, sans qu'elle n'ait de sens pour autant, sans qu'elle n'ait de sens pour autant. Malgré la rareté de ce livre en format papier, Etan... n'y arrivait juste pas.

Un coup d'œil à l'écran de son B.A.I Standard. Toujours rien. Jasper devait encore répéter. Il pouvait attendre demain, certes, mais...

Sous une impulsion mêlant lassitude et envie d'en finir, Etan migra de son lit à son bureau. Il avait une rédaction à terminer. À peine son B.A.I était-il passé dans le champ du capteur, que l'écran de sa tablette se ralluma. Sans trop y réfléchir, il tapa une conclusion bateau grâce au mouvement rapide et entraîné de ses yeux.

Plus jamais il n'y aura de conflits tant la Planète a failli être détruite. La Nature et la Science doivent cohabiter, se rendre meilleures l'une et l'autre. La Science ne doit plus rien détruire, mais embellir et renforcer le Monde, comme elle le fait depuis bientôt neuf-cents ans.

Il avait clairement le sentiment de réinventer l'eau chaude. La reprise après les quatre jours fériés du début de mois lui plombait toujours le cerveau. C'était la faute de l'air de la mer lui, il en était convaincu maintenant. Peut-être aussi pour ça qu'il détestait aller au chalet sans sa mère ; la dernière fois remontait à ses dix ans. Elle avait le mérite de le secouer, même s'il râlait. Surtout s'il râlait. Lève les yeux du bouquin un peu et viens courir'vec moi ! L'écho rauque de cette voix le fit sourire.

Elle avait raison, Etan était incapable de décrocher d'un texte une fois que ses yeux se posaient dessus. Pire, il devait se faire violence pour ne pas continuer à lire. Il se leva, laissa sa chaise rouler jusqu'au lit. Etan décida qu'il méritait une glace à la cannelle. À supposer que le congélo fonctionne encore après... l'incident.

PILLs ╰Niveau blanc⁠╯Where stories live. Discover now