Prince

Chapitre 14

La musique entraînante résonne dans les oreilles du nouveau roi qui fait tourner sa cavalière sur la piste. La comtesse Julie revient et se colle de nouveau sur lui, appuyant son insolente poitrine sur le torse d'Anthony. Bientôt une semaine que les bals et les banquets s'enchaînent afin de séduire les nobles et de fêter le couronnement. Une longue semaine sans autre changement dans la vie du roi que le choix de sa cavalière. Anthony ne rêve que de quitter cette salle étouffante, ce que Daisy remarque sans mal. Elle pousse discrètement Thierry vers la piste alors que la musique s'arrête,le jeune homme accourt demander une danse à la comtesse avant que celle-ci n'en redemande une au roi. Louis fait un signe à son frère qui se rapproche de lui. Le prince chuchote.

"Nous devrions faire le discours avant de diriger les festivités vers les jardins."

Une fête à l'extérieur, encore une nouveauté, une idée d'Eudoxie qui tout comme son plus grand frère étouffait dans l'oppressante chaleur de la salle de bal. Anthony hoche la tête et se dirige vers sa chaise,légèrement surélevée, suivi par son frère qui tient un verre dans sa main. Le jeune prince fait tinter le cristal et la musique se tait, les nobles se tournent vers eux et leur adressent un regard interrogatif. Louis prend la parole d'une voix forte.

"Au nom du roi Anthony, moi, le prince Louis, premier conseiller de sa Majesté,vais vous expliquer ce qu'il s'est déroulé il y a de ça une semaine, lors du couronnement de notre bien aimé souverain. Veuillez prendre un instant pour m'écouter, car mes mots sont ceux du roi."

Les nobles posent leurs verres et se tournent complètement vers les deux frères, attentifs. La curiosité les avait tiraillés toute la semaine.

"Voilà bientôt une année que nous sommes informés des complots du marquis Félicien, qui fomente depuis bien plus longtemps que cela. Le roi Anthony, à l'époque encore prince, décida d'obtenir plus d'informations afin d'agir au plus justement ainsi qu'au meilleur instant afin d'assurer qu'aucune récidive ne serait possible. La marquise Emily elle-même apporta à la famille royale ces informations de la plus secrète des manières, pour cette raison,lorsque l'heure devint dangereuse, mon frère dans son noble intérêt décida de la faire venir au palais afin d'assurer sa protection ainsi que celle de son enfant. Le roi, alors encore prince, considéra la santé de notre père le feu roi et me confia la résolution de cette affaire. J'imitais donc la sympathie à l'approche du marquis afin de mieux pouvoir l'arrêter, ce qui mena aux récents événements. Le roi Anthony souhaite à présent faire entendre sa sentence à l'encontre de ce traître."

Anthony fait un pas.

"Le traître se verra administrer la peine de mort pour ses crimes,ainsi, de la même façon que les pires criminels, il se verra refuser le droit à une sépulture. Si une personne souhaite objecter, qu'elle parle dès maintenant."

Aucun son ne se fit entendre. Anthony reprit.

"Enfin, le traître verra son titre d'homme lui être retiré, ainsi son rang de même que ses liens créés par le mariage ou la filiation deviennent caduques. Ils reviennent de droit à celui qui les lui avait offert,le pays, en la personne du roi, moi-même. Ne pouvant ni de droit ni de morale les garder, je désigne la baronne Emily comme successeur du marquisat, comme remerciement pour sa précieuse aide."

Il y eut quelques murmures.

"A la demande de la nouvelle marquise ainsi que des princesses Daisy et Lucie, Dame Emily, qui est à présent enceinte de cinq mois et risque de rencontrer quelques problèmes dû à sa grossesse, la princesse Daisy sera provisoirement démise de ses responsabilités royales et accompagnera la marquise, telle son égale, afin de l'assister dans ses tâches jusqu'à la naissance de l'enfant."

Les murmures s'accentuèrent. Louis repris la parole.

"Ainsi parla le roi. A présent, les festivités reprendront et nous célébrerons entre autres les sanctions du traître. Pour ce faire,nous vous invitons à vous rendre dans les jardins royaux afin de profiter de l'air nocturne."