Chapitre 10

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Denis est réveillé par le chant du coq. La première chose qu'il voit est le visage du prince face à lui, son nez fin, ses pommettes hautes,ses lèvres rosées, ses cils courts. Le paysan sourit et effleure la peau duveteuse de la joue d'Anthony avant de retirer rapidement sa main quand celui-ci fait mine de bouger. Doucement, le brun ouvre les yeux et se plonge presque instantanément dans les iris vertes de l'homme en face de lui, il sourit. Denis se redresse brusquement et regarde autour de lui, l'air légèrement perdu. Il soupire

"Je n'aurais jamais pensé que tu dormirais un jour dans mon lit."

"Je ne l'aurais jamais pensé non plus."

Anthony se lève, il tient encore la poupée de bois entre ses doigts. Il la regarde en souriant avant de la glisser dans la poche de son pantalon. Denis lui propose de la mettre dans le sac de toile, mais le prince refuse, prétextant que sa petitesse lui permet de la porter lui-même. Le paysan rit et sort de la chambre, suivi par son acolyte. La maison est complètement vide car les deux parents de Denis se trouvent déjà dans les champs autour du village. Le blond entre dans le poulailler pour récupérer quelques œufs pendant que le prince ouvre l'enclot des chèvres qui sortent à la recherche d'herbe à manger, puis ils nourrissent les cochons et partent enquête de bois pour réparer le toit abîmé. Enfin, les deux voyageurs déposent quelques pièces sur la table et retrouvent les vieillards qui cessent leur travail en les apercevant. Marie, la vieille femme, s'approche de son fil et lui caresse le visage en retenant ses larmes.

"Tu seras toujours le bienvenu à la maison, fils."

Denis sourit, les yeux flous alors que son père détourne le regard.

"Allez, dépêchez-vous de partir. C'est dangereux de rester ici. Les gardes viendront forcément vérifier un jour ou l'autre."

Marie pouffe doucement et donne à chacun des jeunes hommes une tranche de viande fumée.

"Nous ne pouvons pas vous donner grand-chose de plus, mais nous pouvons vous souhaitez bon courage. J'espère que vous trouverez la raison de votre voyage."

Anthony sourit et embrasse la joue flasque de la vieille dame.

"C'est plus que suffisant, merci mère."

Il lève la tête et salue ensuite le vieil homme.

"Je vous rends votre femme, je crains de n'avoir rien à lui offrir de mieux qu'un porc."

Le vieillard renifle grossièrement.

"Repassez nous voir à l'occasion, Altesse. Je vous apprendrai à travailler, parce que ce que vous avez fait hier c'est vraiment de la bouse."

Denis regarde son père, outré, et le prince rit.

"J'ai hâte."

Les deux voyageurs saluent d'un geste de la main les doyens et retournent au village. Denis entre dans l'auberge et relève son capuchon. Il s'approche de l'aubergiste et le salue.

"Je suis venu dire au revoir."

L'homme sourit.

"Tu sais gamin, il y a une raison pour laquelle je ne me suis jamais marié, de nos jours, les mariages sont bien trop étriqués."

Le paysan hoche la tête, pas aussi surprit qu'il aurait pu le penser. L'aubergiste disparaît une seconde et sort trois bouteilles d'alcool qu'il tend aux voyageurs.

"Vous êtes jeunes, profitez de la vie. Aucun campagnard ne vous pointera du doigt à cause de votre amour de nos jours, seulement des nobles. D'ailleurs, je ne serais pas étonné que nobles n'en ai eux-mêmes pas grand-chose à faire, c'est avant tout une interdiction de l'Église après tout. Prenez, en excuse pour les souffrances que vous avez pu vivre."

PrinceWhere stories live. Discover now