Chapitre 7

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"Regardez Mon prince, je veux dire, Anthony, un village !"

La lune éclaire doucement le chemin vers un petit village dont les lumières sont visibles à l'horizon. Plusieurs jours sont passés depuis que le prince a demandé à Denis de l'appeler par son nom, pourtant le paysan semble toujours avoir du mal. Anthony s'extirpe de la forêt buissonnante et laisse échapper un soupir de soulagement.

"Tu penses qu'ils ont fermé les remparts pour la nuit ?"

"Nous ne sommes plus assez près de la capitale pour qu'il y ait encore des villages suffisamment riches pour installer des remparts contre les brigands. J'espère. Je ne veux plus dormir sur un tapis de feuilles à l'entrée d'un village... En plus je rêve littéralement d'un plat chaud, la nuit dernière j'étais sur le point de manger une soupe vraiment appétissante quand vous m'avez réveillé !"

Anthony ne laisse rien paraître de son amusement et s'avance sur le chemin, le paysan à sa suite.

"Tu avais pourtant accepté que je te réveille pour t'entraîner."

Denis soupire et donne un coup dans une pierre qui s'envole un peu plus loin.

"J'ai hâte de me reposer les pieds."

"Penses-tu que nous pourrions nous laver ? Je me sens terriblement boueux."

"Vous êtes bien trop coquet, Mon- Anthony, faites attention, c'est l'un des présupposés des personnes homosexuelles."

Anthony lève les yeux au ciel.

"Tu devrais en prendre un aussi, tes beaux cheveux blonds sont devenus bruns"

"C'est un déguisement pour ne pas que l'on me reconnaisse par rapport aux avis de recherches."

"Bien-sûr."

Denis tente de convaincre le prince du bien-fondé de son entreprise tout du long du chemin alors qu'Anthony se moque à demi-mot. Ils arrivent au bout d'une longue heure aux portes du village qui ne semblent pas gardées. Les deux compagnons entrent silencieusement, méfiants, mas personne ne les accueille sinon un ivrogne particulièrement bruyant jeté hors d'une taverne. La place est complètement vide s'ils font exception de l'homme qui chante à tue-tête un air entraînant. Le sol poussiéreux semble avoir été témoin de combats, la lune éclaire de multiples taches brunes et se reflète sur les éclats de ferrailles restés au sol. Les deux acolytes échangent un regard et se décident finalement à entrer en tirant profondément leurs capuches sur leurs visages. Lorsqu'ils ouvrent la porte de la taverne, une musique entraînante, la même que celle que l'ivrogne chantait à l'extérieur, et de nombreux rires les assaillent. Le tavernier s'approche d'eux en s'essuyant les mains, tout sourire.

"Oh, vous êtes des voyageurs ? Qu'est-ce que je vous sers ?"

"Une table de deux pour un repas chaud et deux lits pour une nuit."

"Installez-vous où vous pouvez et excusez-les, ils fêtent leur victoire face à une attaque de brigands hier."

"Il y a beaucoup d'attaques dans la région ?"

"Pas mal oui. Vous ne vous êtes pas fait attaqués sur le chemin ?"

"Si, mais ils n'étaient pas très nombreux, pas assez pour attaquer un village en tout cas."

Un homme titube jusqu'à eux en riant de sa grosse voix.

"Ça c'est parce qu'on les a presque tous tués !"

Il explose d'un rire gras interrompu par un hoquet, puis il vide d'un trait sa chope d'alcool et hurle.

"Un autre patron !"

PrinceWhere stories live. Discover now