Chapitre 2

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     Je m'observais dans la grande glace de la salle de bain. Ma longue robe noire dégringolait le long de mes jambes en un fin voile délicat. Une mince fente remontait jusqu'en haut de ma cuisse, dévoilant bien trop de peau à mon goût. Mes cheveux étaient remplis de petites tresses qui dégringolaient en vagues dans mon dos. Je sortis et me dirigea vers l'immense placards dans le coin de la chambre. J'ouvris ses deux portes vitrées en grand et réfléchissais. Il était rempli de couronnes en tout genre, maintenant qu'Alistor m'avait fait reine, je devais porter l'une de ces choses couvertes de joyaux. J'attrapai celle qui me semblait la plus confortable, toute couverte d'or et incrustée de saphirs et d'opales. Je la saisit délicatement et la posais sur mon crâne, ses nombreuses petites articulations me permirent de l'ajuster à la perfection. Après un dernier coup d'œil dans le miroir de la coiffeuse, je sortis.

Le grand hall du palais était vide quand je l'atteignais enfin. Je me dirigeai vers les jardins du palais, là où l'on m'attendait. L'immense baie vitrée donnant sur le jardin me laissa apercevoir une longue table déjà dressée, ou les membres les plus importants de la cour se précipitaient. A une extrémité de la table se dressait un imposant trône, un seul. Ce qui sous entendait que je serai ou assise parmi les nobles pour me rappeler mon infériorité ou pire, sur les genoux du roi. Ce dernier n'était d'ailleurs visiblement toujours pas arrivé.

Un toussotement dans mon dos me fit sursauter. Je me retournais pour apercevoir un jeune d'à peu près mon âge. Il me regardait un sourire aux lèvres.

"Qu'est ce qu'une jolie jeune femme comme vous fait ici, seule, à épier la cour, demanda-t-il."

Je ne répondis pas et l'observais. Je ne l'avais jamais vu ici, il était grand mais pas autant que l'homme d'hier. Ses yeux dorés me détaillaient de la tête au pied, alors que je me redressai.

"Je suis Nivna Staroa, reine de ces terres, vous savez ce que cela signifie, demandai-je assurée."

Il secoua la tête en croisant les bras accoudé à un pilier.

"Cela signifie que j'ai tous les droits, dont celui de me trouver ici à observer mes sujets."

J'eu envie de me gifler pour avoir tenu des propos si hautains mais je devais prouver à cet homme, quel qu'il soit, qu'il ne mettait pas supérieur. Une lueur de surprise passa dans ses yeux. Il ouvrit la bouche pour répondre mais fut interrompu dans son geste.

"Je vois que vous avez déjà fait connaissance, fit une voix grave dans mon dos."

Alistor.

"Avez-vous déjà fait les présentations, demanda-t-il en enserrant ma taille de ses bras.

-Non mon frère, nous n'en avons pas eu le temps."

Sa majesté sourit.

"Alors je le ferai pour vous. Nivna ma chère, je te présente Estephan Solevia, mon plus fidèle allié et mon ami le plus cher."

Je fis une légère révérence.

"Estephan je te présente Nivna Creschar, ma femme."

Le dénommé Estephan s'inclina légèrement.

"Maintenant que les salutations sont faites, si nous allions déjeuner, dit-il joyeusement en relâchant ma taille."

Nous le suivîmes tous deux sans un mot. Au moment de passer la porte, Estephan me chuchota:

"Je vous conseille d'arrêter de vous présenter avec votre nom de jeune fille avant qu'il ne l'apprenne."

Je me retournais terrifiée qu'il ait un moyen de pression sur moi. Mais son expression n'avait rien de menaçant, au contraire, elle portait l'envie de me venir en aide. Je lui souris légèrement en le remerciant. Alistor m'appela pour m'indiquer où m'asseoir. Je me situai à sa gauche en face d'Estephan et à côté d'un certain duc Chabrèle. Ce dernier passa l'entièreté du repas à me raconter ses exploits sur le champ de bataille en se rapprochant bien trop près de moi par moment.

Le repas finit, je m'aventurais dans les jardins du palais. Un buisson de fleurs sauvages attira mon attention. Il était composé de colchiques, d'ancolies et de la plus belle des fleurs, l'arnica. Cette fleur originaire des terres du sud, chez moi. Voir ces petits boutons couleur soleil ravivait un peu d'espoir en moi, peut-être avais-je une chance de rentrer chez moi. De revoir ces fleurs s'ouvrir dans mes montagnes natales de mes propres yeux. Une petite larme glisse le long de ma joue. Même si j'arrivai à rentrer, à quoi cela me servirai? Ma famille avait été massacrée quand Alistor avait envahi mon village, je n'avais plus personne là bas. Et soudain, au fond de moi, je ressentis de nouveau l'envie de tout abandonner. Mon cœur se serra dans ma poitrine au point de m'en faire. A quoi bon vivre?

Une branche craqua dans mon dos. Je me redressai et essuyais mes joues noyées de larmes. Je ne m'étais même pas aperçu que je pleurais.

"Vous allez bien, demanda une voix familière dans mon dos."

L'homme blond d'hier soir se tenait là, devant moi. Il fit un pas pour s'approcher et j'en fis deux pour reculer.

"Que faites-vous ici, soufflai-je d'une voix tremblante.

-Je vous cherchais. Le palais est attaqué par les rebels, vous devez vous mettre en sécurité."

En disant cela, il avait tendu la main pour saisir mon poignet. Je reculais d'avantage, son expression affiche une douleur sans égale.

"Je vous en prie, vous devez me suivre."

Une part de moi voulait faire confiance à ce bel inconnu, mais l'autre me disait de courir aussi vite et loin que je le pouvais. Je reculais encore.

"On a plu le temps, dit une voix dans mon dos."

Je retournais avant d'être frappé à la tête. En m'éffondrant sur le sol, j'apperçu deux autres hommes. Je les connaissais. Au fond de moi je les connaissais mais à ce moment le sang chaud qui me coulait sur le visage était la seule chose me paraissait vrai. Et soudain, tout devint noir. 

Au Prix De La LibertéWo Geschichten leben. Entdecke jetzt