Montaine - 19

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« Aimer, ce n'est pas se regarder l'un l'autre, c'est regarder ensemble dans la même direction. »

Antoine De Saint-Exupéry

C'est étrange, depuis que sa tante a appelé Zack, il n'est plus le même. D'habitude si enjoué et si sûr de lui, il est dorénavant fermé. Aucunes émotions ne semblent pouvoir l'atteindre.

Pour rentrer à l'appartement, nous avons marché dans un silence de plomb. Un silence qui m'a paru durer une éternité. J'ai mal pour lui, pour les difficultés qu'il semble traverser avec sa tante. Je les apprécie beaucoup tous les deux et aujourd'hui, je me sens tellement proche d'eux, que même si je ne sais pas de quoi en résulte cet appel, je me sens moi aussi triste.

Quand nous nous engouffrons dans notre demeure temporaire, le calme règne en maître. Je n'ai pas le temps d'adresser un mot à Zack que celui-ci file dans sa chambre et s'enferme dans la salle de bain attenante. J'ai l'impression qu'il est touché par les nouvelles de Chantal, mais qu'il ne veut rien montrer et paraître plus fort qu'il peut l'être en réalité. Cependant, son visage le trahit au fil des minutes qui s'égrainent.

De mon côté, je fouille dans les placards à la recherche d'un sachet de thé. J'en ai grandement besoin afin de me remettre d'aplomb. Je dois rester une bonne heure seule devant la télé avant que mon acolyte du moment ne débarque dans le salon et s'assied à quelques centimètres de moi, la mine fermée.

Au début, l'ambiance est pesante, mais ce dernier met vite un terme à ma torture :

- Je suis désolé.

- De quoi donc ?

- De ce que je viens de faire, voyons ! ricane-t-il, comme pour se moquer de lui-même.

- Il n'y a pas de mal. J'ai cru comprendre que ce n'était pas une discussion très enchantée.

- Tu as raison et j'ai réfléchi sur la question.

- Laquelle ?

- Tu le sais très bien, Montaine, me coupe Zack d'un ton presque dédaigneux, on le sait tous les deux.

Oui, il a raison, je sais à quoi il fait allusion, mais je me brouille la vue volontairement. Je ne sais pas si je veux me lancer dans une nouvelle relation au risque de subir les frasques d'un chanteur en plein essor. Ce monde-ci me fait peur, c'est le point principal au fait que je ne me projette en aucun cas avec lui, même si au plus profond de moi, je le souhaite ardemment.

- C'est vrai, soupiré-je en baissant les yeux, mais je ne peux pas.

- Tu ne peux pas ou tu ne veux pas ?

Face à mon mutisme, Zack ajoute :

- J'ai compris. Ce sont les deux n'est-ce pas ?

- Je dois t'avouer que tu m'as grandement surprise aujourd'hui. Tu n'as en aucun cas été le même garçon que j'ai rencontré sur Nantes. Celui prêt à tout pour mettre une fille dans son lit, n'existe pas ici. C'est lui que je veux et non l'autre.

Ma dernière phrase est ambiguë, c'est vrai, mais le message que je veux lui faire passer est important. Je fais face à deux Zack Tova, alors je ne sais plus à quel saint me vouer. Mais surtout, qui me dit qu'une fois rentré sur Nantes, il ne redeviendra pas l'ancien Zack, le coureur de jupons ?

- Cependant, j'ai bien peur que si... si admettons, toi et moi, nous nous engageons dans une relation sérieuse, et je dis bien sérieuse, Zack, je ne veux pas que tu joues avec moi. Ce sera la seule promesse que je demanderai de ta part.

Ces mots-ci sortent tout seule de ma bouche, je ne les contrôles pas et d'un côté tant mieux. Je suis habituellement pudique sur ce que je ressens au fond de moi. En parler à un garçon est un grand pas pour moi.

- Je n'en attendais pas moins venant de toi, dit ce dernier en esquissant petit à petit un sourire ravageur dont nul ne pourrait résister.

- Sérieusement, Zack, qui es-tu réellement ?

- Ah ! Donc ça y est ? On passe aux choses sérieuses ? Parce que ça fait beaucoup de « sérieux » en peu de temps.

- Eh bien, si tu me veux, il va falloir t'y habituer.

- J'y compte bien, Montaine. J'y compte bien.

You give Love a bad nameWhere stories live. Discover now